Le roi Mohammed VI du Maroc a dénoncé mardi l’intervention militaire espagnole sur l’îlot Leila/Perejil et réaffirmé la souveraineté de son pays sur les enclaves espagnoles dans le nord marocain tout en se déclarant attaché au dialogue et au bon voisinage des deux côtés du détroit de Gibraltar.
Dans son discours du trône prononcé depuis le palais Marshane de Tanger (nord), le souverain marocain a dénoncé l’"agression armée du gouvernement espagnol" contre l’îlot de Toura (ou Leila) et souligné que ce rocher proche de la côte méditerranéenne du Maroc a toujours fait "partie intégrante du territoire national" marocain.
Pour le souverain marocain, ce statut est "attesté par les faits historiques et géographiques" comme par les "instruments juridiques de référence". Mohammed VI a également souligné, avec insistance, "la souveraineté" du Maroc sur Sebta, Melilla et les îles sous contrôle espagnol dans le nord du Maroc, un sujet que Madrid s’est jusqu’ici refusé d’aborder avec Rabat.
Il a évoqué une ancienne idée de son père, Hassan II, qui avait proposé la création d’une "cellule de réflexion" maroco-espagnole pour discuter de la situation des enclaves espagnoles. "Malheureusement, nous n’avons pas trouvé d’oreille attentive chez la partie espagnole", a-t-il déploré.
Le roi a désigné des aspects de la présence espagnole dans le nord marocain qu’il considère comme nocifs. Les "enclaves usurpées" de Sebta et Melilla, a-t-il assuré, sont devenues "des centres qui nuisent à l’économie nationale et des foyers d’émigration clandestine" ainsi que d’"autres pratiques délictueuses".
Mohammed VI a affirmé qu’il attendait de l’Espagne "une définition claire du type de relations qu’elle entend établir avec le Maroc", donnant écho aux nombreuses interrogations qui s’étaient fait jour au Maroc, notamment dans la presse, sur l’avenir des relations entre les deux pays après l’intervention militaire espagnole sur l’îlot Leila/Perejil.
L’armée espagnole était intervenue le 17 juillet pour déloger six gendarmes marocains qui avaient été déployés par Rabat six jours plus tôt sur ce rocher proche de la côte méditerranéenne du Maroc. Un accord parrainé par Washington a été confirmé par les deux parties le 22 juillet à Rabat.
Sur le fond, le souverain marocain a clairement souligné qu’il était "attaché au retour à la situation qui prévalait auparavant" sur l’îlot Leila et qu’il tenait également "à garantir la paix, la stabilité et le bon voisinage dans la région stratégique de Gibraltar".
Outre les enclaves espagnoles dans le nord marocain, plusieurs autres sujets de litiges (pêche, exploration pétrolière au large des Canaries, émigration clandestine et conflit du Sahara) avaient récemment conduit à une nette détérioration des relations entre les deux pays.
Sur tous ces dossiers en suspens, Mohammed VI a exprimé la disposition de Rabat à "en débattre", mais dans le cadre d’"une vision prospective et d’un dialogue franc par les deux pays". Cette vision, a-t-il ajouté, devrait englober la mise en place de "projets de co-développement".
Ces nouvelles relations entre Rabat et Madrid devraient être érigées, a souligné Mohammed VI, "par fidélité au patrimoine culturel commun et dans le respect total du traité d’amitié et de bon voisinage" qui lie les deux pays. Mohammed VI a évoqué, à ce titre, "le poids de l’Histoire, les réalités de la géographie et les valeurs et exigences des temps modernes".
Source : AFP
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