Le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a assuré vendredi de la forte implication de son département dans le plan de reconstruction des sites historiques touchés par le séisme.
Vendredi 20 décembre, en fin de matinée, un homme qui a "soutenu la France au temps de l’adversité" et qui l’a "affrontée au temps de sa puissance" est entré dans le cercle fermé des chefs d’Etat étrangers ayant légué leur nom à la topographie de Paris.
Il a pris place dans le 5e arrondissement, là où le boulevard Saint-Germain et le quai de la Tournelle se croisaient jusqu’alors dans l’anonymat, sur la rive gauche de la Seine. Au pied de l’Institut du monde arabe, en face de l’île Saint-Louis, dans le dos de Notre-Dame.
Pour rien au monde, Jacques Chirac ne se serait privé du plaisir de prononcer l’hommage à lui rendre. Sultan à 18 ans, refusant les lois antisémites de Vichy pour ses sujets juifs, le futur roi Mohammed V devait demander aux Marocains de "faire disparaître le mot indépendance et des cœurs et des bouches", le temps que la France retrouve sa plénitude, son honneur.
Privilège partagé seulement avec Eisenhower et Churchill, il fut élevé, en 1945, à la dignité de compagnon de la Libération. Huit ans plus tard, il n’en était pas moins forcé à l’exil, pour avoir revendiqué l’indépendance. L’alliance du peuple et du trône qui se noua alors, son retour triomphal, puis, en 1956, la souveraineté arrachée à la France, sans bain de sang, firent de lui le père fondateur du pays lié à la France "par le sceau de l’exception".
L’expression est de l’actuel monarque, Mohammed VI. Dans son discours, cette résonance avec l’actualité perce, même si l’Irak n’a pas été nommé : "Tout le Maroc est de cœur avec la France, qui redouble d’efforts pour garantir la paix, sans négliger les moyens d’assurer sa défense au cas où un conflit viendrait troubler sa quiétude. Les Français peuvent avoir l’assurance qu’en toutes circonstances ils trouveront à leurs côtés le peuple marocain." On peine à croire que Mohammed VI citait son illustre aïeul sans arrière-pensées.
Egalement présent, maître des lieux, Bertrand Delanoë a dû en avoir, lui aussi, des arrière-pensées. Le maire de Paris vient de donner son accord à la pose d’une plaque commémorative, plus haut sur le boulevard Saint-Germain, à la brasserie Lipp, là où fut enlevé, le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, le principal opposant à Hassan II. Ben Barka, la "dynamo" du mouvement national, et Mohammed V, le père de l’indépendance marocaine, jalonneront bientôt, à Paris, le même chemin.
Stephen Smith - Le Monde
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