La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.
Le Maroc fait face, depuis le début de l’année 2003, à un flux croissant de clandestins subsahariens qui s’exposent à l’arrestation, au refoulement et parfois à une tragique noyade en mer, dans l’espoir de gagner l’Europe de leurs rêves.
Les candidats africains à l’émigration vers l’Europe quittent leurs pays, souvent théâtre de conflits armés, et se dirigent généralement vers l’Algérie d’où ils s’infiltrent au Maroc, même si la frontière algéro-marocaine est officiellement fermée depuis 1994.
Une progression déjà sensible en 2002 s’est confirmée au début de 2003 avec l’arrestation de plus de 1.300 subsahariens dans le pays en 40 jours seulement, selon un décompte de l’AFP fait à partir des communiqués de la gendarmerie royale diffusés depuis le 1er janvier.
Selon des chiffres officiels, la gendarmerie marocaine avait arrêté en 2002 environ 4.400 subsahariens dans les principales régions concernées, l’est près de la frontière algérienne, le nord sur le Détroit de Gibraltar et El Ayoun (sud) en face de l’archipel espagnol des Canaries, dans l’Atlantique.
Ce chiffre, qui était déjà en forte progression par rapport à 2001, n’inclut pas les nombreux candidats Marocains à l’émigration clandestine qui sont interceptés au moment où ils tentent de quitter le pays, souvent à bord d’embarcations de fortune.
Nombreux sont ceux qui parviennent à quitter le pays mais sont interceptés en Espagne. En 2002, ce sont 23.000 Marocains qui ont été rapatriés par les autorités espagnoles sur un total de 74.000 clandestins renvoyés vers leur pays.
Une partie des immigrés africains finissent, faute de trouver un passage vers l’Europe, par s’installer au Maroc où ils pratiquent de petits métiers pour survivre. Certains d’entre eux se trouvent acculés à la mendicité dans les grandes villes, y compris au centre de Rabat.
La gendarmerie marocaine reproche par ailleurs aux autorités algériennes de ne pas se soucier des infiltrations d’immigrés subsahariens au Maroc.
Selon des témoignages cités par l’agence marocaine Map, des immigrés subsahariens auraient été rassemblés en Algérie et placés dans des camions militaires "pour se voir abandonnés à leur sort à la frontière algéro-marocaine".
La mobilisation des autorités marocaines fait l’objet de nombreux communiqués officiels annonçant les arrestations d’immigrés subsahariens. Ces annonces paraissent également destinées aux autorités européennes, et à l’Espagne - qui reproche au royaume de ne pas lutter efficacement contre l’immigration clandestine.
Dans le même sens, la législation marocaine est en voie de durcissement, avec un projet de loi régissant "l’entrée et le séjour des étrangers" ainsi que "l’émigration et l’immigration clandestine", récemment adopté en Conseil des ministres.
L’Union européenne et le Maroc s’étaient mis d’accord, en novembre dernier, sur un programme de lutte contre l’émigration clandestine, assorti d’une enveloppe de 40 millions d’euros afin d’assurer "un meilleur contrôle" par le royaume de ses frontières.
Mais, en dépit des efforts dans la répression de l’émigration clandestine, Rabat a toujours souligné que la meilleure réponse à ce phénomène nécessite surtout, à long terme, une plus grande implication de l’Union européenne dans le développement économique des pays africains "émetteurs" d’immigrés.
AFP
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