Plusieurs journaux, citant des sources judiciaires, précisent que le procureur général de la cour d’appel de Casablanca a décidé jeudi de maintenir en état d’arrestation neuf personnes appartenant à un groupe extrémiste islamique "Takfir" ("expiation"), accusées de "constitution de bande criminelle", "meurtre avec préméditation" et "vol".
Selon le quotidien "Al Ahdat Al Maghribia", leur premier crime remonte au 10 septembre 2001 lorsque Aziz Assadi, un jeune notaire jugé "impie" par l’émir du groupe, Youssef Fikri, 24 ans, a été égorgé et jeté dans un puits dans la banlieue de Casablanca après avoir été enlevé en plein centre ville. L’enquête sur ce crime n’a abouti que fin juillet.
Les inculpés ont également reconnu avoir assassiné trois autres personnes pour les mêmes motifs. L’émir du groupe aurait ainsi reconnu avoir assassiné son propre oncle pour "apostasie à cause de consommation d’alcool", et un autre membre du groupe a avoué avoir tué sa propre soeur.
Au total, le groupe aurait commis, selon la même source, une trentaine de meurtres à travers le Maroc, notamment à Casablanca, Kenitra et Salé. "Des enquêtes marathon" se poursuivent pour retrouver "le chef spirituel" du groupe et les membres d’un autre groupe d’extrémistes qui lui serait rattaché, dénommé "Assirat Al Moustaqim" ("le droit chemin").
Sous le titre "Casablanca a son 11 septembre", le quotidien régional "Maroc Ouest" estime que "160 disparitions ont été enregistrées au Maroc durant l’année dernière" et publie un communiqué du collectif des amis et des proches du notaire assassiné, Aziz Assadi, qui appelle : "soyons vigilants, veillons chaque jour au respect d’autrui et sauvegardons l’esprit d’un islam tolérant".
Le quotidien gouvernemental "Al Ittihad Al Ichtiraki" évalue, quant à lui, à 600 personnes le nombre des sympathisants de ces groupes islamistes "émir de sang qui égorgent et répandent le sang" selon le titre du journal qui estime que ces islamistes font partie d’un seul groupe : "Assalafia Al Jihadia" ("le salafisme de la guerre sainte"), dont les leaders, Abou Hafs et Abou Aïman, basés à Fès (200km à l’est de Rabat) ont été condamnés dernièrement pour "coups et blessures et utilisation d’armes blanches et trouble sur la voie publique".
En avril dernier, un marginal alcoolique, jugé comme "mauvais musulman" par une milice islamique, avait été lapidé à mort dans le quartier populaire de Sidi Moumen à Casablanca.
La multiplication de ces crimes d’inspiration religieuse et le démantèlement début juin d’une cellule active d’Al Qaïda préparant des attentats au Maroc et dans le détroit de Gibraltar ont conduit les autorités marocaines à multiplier les interpellations dans les milieux fondamentalistes.
Source : AP