Compétitivité : Le Maroc toujours à la traîne

19 juin 2007 - 00h20 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le Maroc fait de son mieux en matière de compétitivité. Mais il reste en dessous des espérances. Il est classé en 72e rang loin derrière la Tunisie qui, elle, occupe le 29e rang. Les autres pays de la région de l’Afrique du Nord se répartissent comme suit : l’Egypte 65e, la Libye et l’Algérie respectivement 73e et 76e rang.

C’est ce qui ressort du rapport 2007 sur la compétitivité en Afrique publié la semaine dernière par le Forum économique mondial (WEF). Ce document est rédigé avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Il passe en revue 29 pays africains sur un total de 128 pays dans le monde.

Mais qu’est-ce qui a valu ce rang au Maroc ? Sur le volet des infrastructures et des équipements de base, le Royaume est classé 70e, selon les auteurs du rapport. Ces derniers se sont basés sur plusieurs critères, notamment en termes d’institutions (68e), d’infrastructure (61e), de macroéconomie (81e), outre la santé et l’éducation primaire (89e). Le Maroc a été jugé aussi en matière du renforcement de l’efficience : son classement est 77e.

D’autres piliers ont été pris en compte, à savoir l’enseignement supérieur et la formation (87e), le rendement du marché (75e) outre la présence dans les technologies (70e). Du côté innovation, le marché marocain se place en 73e rang. Deux volets sont mis en exergue tels que le développement des affaires (80e) et l’innovation (61e).

Le Maroc est épinglé en matière du business. Selon un sondage effectué par les auteurs du rapport, plusieurs facteurs posent des difficultés. En premier, l’accès au financement (19,6%), suivi des impôts (14%) et la corruption (13%). S’y ajoutent : l’inflation (2,3%), l’instabilité policière (1,8%), l’instabilité gouvernementale (1,5%) et le crime et le vol (1,4%).
Du côté des entreprises : 80% ont rencontré des obstacles sérieux en matière de financement. Près de 60% d’entrepreneurs ont été bloqués pour leurs investissements par la lourdeur des taxes. Plus de 40%, d’entre eux, ont rencontré des difficultés pour l’acquisition des terrains. Tout de même, moins de 20% n’ont pas eu affaire à la corruption. Les auteurs du rapport ont souhaité placer le continent dans « un contexte international plus vaste et mettre en lumière les aspects importants du développement dans la région ». Ainsi, dans le top ten du continent africain, c’est toujours la Tunisie qui arrive en tête des pays africains en termes de compétitivité, puisque son score est de 4,72 points. Elle devance ainsi l’Afrique du Sud (4,42 points), la Mauritanie (4,22), l’Egypte (4,09), le Maroc (4,02), la Libye (4,00), l’Algérie (3,98), le Botswana (3,83), la Namibie (3,76) et le Kenya (3,61).

La Tunisie est aussi en tête de l’Afrique, à pas moins de 17 places devant l’Afrique du Sud (46e), classée deuxième pays du continent. Notre voisin du Maghreb est classé en 28e rang en terme d’innovation.
Le WEF souligne que la Tunisie « a des institutions considérées comme efficaces avec de faibles niveaux de corruption (19e rang), des droits de propriété plutôt bien protégés (36e), un système judiciaire indépendant (34e) et une très bonne sécurité (20e) ». Il met en exergue « une main-d’oeuvre de qualité », un « excellent accès à l’enseignement primaire » et « la participation des femmes dans la population active (5e) », recommandant un effort en matière d’enseignement secondaire et supérieur, ainsi que le développement des nouvelles technologies. D’un autre côté, l’Afrique du Sud n’arrive que 46e dans ce classement du fait du coût économique d’une importante criminalité (116e), du manque de fiabilité de l’approvisionnement en électricité (73e) et de flexibilité du marché du travail (126e), ajoute ce rapport.

Le continent va mieux

Pour les analystes, le continent va mieux, mais se fait distancer par le reste du monde. Il a enregistré une croissance de 5,5%, qui devrait augmenter à 6,2% en 2007, soit le taux le plus fort depuis des décennies.

L’Afrique peut devenir plus compétitive, à condition que les Etats « améliorent l’accès au financement, reconstruisent les infrastructures et renforcent les institutions », ajoute le rapport du WEF. La croissance du continent ces dernières années a été alimentée surtout par des facteurs externes : cours des matières premières, allègement de la dette, environnement économique international favorable. La difficulté d’accéder aux services financiers constitue le principal obstacle à surmonter pour les entreprises africaines, mais les infrastructures déficientes, la corruption et la faiblesse des institutions nuisent également à la compétitivité des biens et services africains sur le marché mondial. Par ailleurs, le rapport souligne le nombre croissant de projets couronnés de succès dans cette région du monde et met en évidence les mesures que les pays peuvent prendre pour favoriser le développement des affaires.

L’Economiste - Fatim-Zahra Tohry

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