Les officiers marocains de l’état civil sont à présent dans l’obligation d’accepter temporairement les prénoms déclarés, y compris ceux en contradiction avec la loi, contrairement aux pratiques antérieures, selon un décret qui vient d’être publié.
L’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) souffle sa quatrième bougie. La commémoration du discours royal d’Ajdir, où le Souverain a annoncé la création de cette institution, est prévue ce 17 octobre. C’est l’occasion de dresser un bilan. Lors de la conférence de presse organisée jeudi dernier à Rabat, Ahmed Boukous, le recteur de l’Institut, a ainsi scindé les actions de l’IRCAM en deux volets : stratégique et opérationnel.
Sur le premier volet, une nouvelle conception de l’identité et de la culture amazighes a émergé. “La tendance à l’exclusion est révolue. Une identité nationale est née. Elle est pluraliste, démocratique et moderniste”, s’est félicité Boukous. Cette réhabilitation a non seulement “brisé le véritable tabou qu’était le simple fait de se dire amazigh, mais restauré une fierté bafouée depuis plusieurs siècles”, a-t-il clamé.
Le deuxième volet a porté sur les mesures concrètes entreprises par l’IRCAM. Au niveau culturel, plus de 40 ouvrages (histoire, littérature, pédagogie...) ont été édités en un temps record. Une vingtaine de manifestations de promotion de la langue et culture imazighes ont été organisées. L’IRCAM s’est également entouré de plus de 100 chercheurs, dans le cadre de projets de recherche contractuelle. Le coût de cette opération s’est élevé à 20 millions DH.
Sur le plan linguistique, le tifinaghe a obtenu la reconnaissance internationale. Entamé en septembre 2003, l’enseignement de la langue va bon train. Le nombre d’écoles où l’amazighe est enseignée est passé de 354 en 2003-2004 à 914 en 2004-2005. Cette année, ce chiffre est passé à 2.204 écoles. Le manuel Tifaouie 3, pour les classes de troisième année d’enseignement fondamental, a été réalisé cette année. Sur les 16 académies que compte le pays, seules 6 ont cependant exprimé le besoin de former des enseignants. L’IRCAM n’a pas la latitude de s’imposer. “Nous ne sommes ni des utopistes ni des naïfs. Il reste beaucoup à faire et nous ne sommes qu’au début”, a nuancé Boukous. Les chantiers concernent l’unification de la langue, et surtout une représentativité conséquente dans les médias audiovisuels. Les ambitions de l’IRCAM sur ce dernier chapitre sont grandes. A terme, 30% des émissions et programmes dans les deux télévisions nationales devront être diffusés en amazighe. Le cahier des charges récemment signé entre 2M et le ministère de la Communication implique cette mutation. Il prévoit un journal télévisé et des émissions quotidiennes et hebdomadaires dans cette langue. Des projets dans ce sens sont attendus à partir de décembre prochain.
L’IRCAM se veut aussi un outil de développement humain. Près de 5 millions de DH ont été débloqués à cette fin.
Reste un hic non négligeable. Il concerne la gestion interne de l’IRCAM, surtout après le départ de sept de ses membres. Leur réaction a été dictée par les “entraves posées par le ministère de l’Education nationale à l’enseignement de l’amazighe”. “L’absence d’une volonté réelle du ministère de la Communication d’intégrer l’amazighe dans l’espace audiovisuel” y était également pour quelque chose. Selon Boukous, la solution est de faire appel à d’autres compétences et d’apporter des réponses graduelles aux questions posées, dans la mesure des prérogatives de l’IRCAM.
Tarik Qattab - L’Economiste
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