La présidence de la République a informé, hier, l’opinion publique nationale à travers un communiqué diffusé par l’agence officielle APS que le visa d’entrée en Algérie, jusque-là en vigueur pour les citoyens marocains, est levé.
Cette décision intervient plus de huit mois après que le souverain chérifien (le 30 juillet 2004), Mohammed VI, eut annoncé la suppression du visa pour les Algériens désirant se rendre au Maroc.
À l’époque, les autorités algériennes se sont abstenues de se plier au principe de réciprocité. Un haut responsable du ministère des Affaires étrangères déclarait au lendemain de la fameuse annonce à Liberté que “la décision du palais royal n’engage nullement l’Algérie à une quelconque réciprocité”. Il avançait comme argument irréfutable que l’Algérie n’a pas été consultée quand le Maroc a décidé d’imposer le visa aux ressortissants du pays voisin après l’attentat de Marrakech en 1994, dont la responsabilité fut imputée immédiatement aux Algériens. Le contraire a été prouvé par la suite. “Il s’agissait d’une décision unilatérale. Elle est levée de la même manière.” Évidemment, derrière l’inflexibilité des autorités algériennes sur cette question, pointait le différend récurrent entre les deux pays : la résolution du conflit du Sahara. Le Maroc faisait le forcing pour annexer définitivement le Sahara, tandis que l’Algérie restait intransigeante sur sa position en faveur du principe d’autodétermination du peuple sahraoui. Vraisemblablement, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis l’été dernier. “La mesure prise, aujourd’hui, par l’Algérie s’inscrit comme un acte de souveraineté nationale et de bonne volonté, en réponse à la mesure similaire, annoncée par Sa Majesté le roi Mohammed VI le 30 juillet 2004”, lit-on dans le communiqué de la présidence de la République.
Dans le même document, il est précisé que le chef de l’État a eu, dans la journée d’hier, un entretien téléphonique avec le roi du Maroc pour “lui annoncer l’initiative algérienne et lui redire combien la contribution personnelle de Sa Majesté a été effective au succès du 17e Sommet des États de la Ligue arabe et combien le peuple algérien s’est réjoui de son séjour à Alger”, conclut la même source. Il s’avère évident que c’est durant le tête-à-tête, tenu en marge des travaux du Sommet arabe, qu’il a été convenu, par les deux dirigeants, de s’acheminer vers un réchauffement effectif des relations diplomatiques entre les deux nations. “Une telle mesure participe des efforts déployés par les deux pays en vue d’assainir le climat dans lequel devront se développer les relations bilatérales fondées sur la confiance réciproque et sur la compréhension entre les peuples algérien et marocain unis par un traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération”, note ainsi le communiqué.
Il reste à savoir si l’Algérie franchira un autre pas de conciliation en procédant à l’ouverture de sa frontière terrestre avec le royaume du Maroc. Il n’y a pas si longtemps, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, excluait totalement cette éventualité. Il reste toutefois envisageable que l’Algérie revoie sa position si les relations bilatérales entre les deux pays évoluent positivement vers la normalisation. Quelques instants après l’annonce de la décision, le Maroc s’est “vivement félicité” de la position de l’Algérie. “Le royaume du Maroc se félicite vivement de cette décision qui intervient quelques jours après la rencontre au sommet, à Alger, entre le roi Mohammed VI et le président Abdelaziz Bouteflika en marge du dernier Sommet arabe”, écrit l’agence marocaine.
Souhila Hammadi, liberte-algerie.com
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