Sur les berges d’un oued des vallées du Drâa ou du Dadès, là où fleurissent des milliers de lauriers-roses, de magnifiques kasbah et ksour en ruine, lancent un dernier défi au temps et à l’érosion.
L’architecture berbère n’a jamais été influencée par la conquête arabe et le développement de l’art hispano-mauresque. Les kasbah du sud, fortement inspirées de l’habitat traditionnel yéménite, sont aujourd’hui, la plus belle expression de cet art rural. Ces kasbah (tighermt en berbère) furent pendant des siècles, les demeures fortifiées des seigneurs (sorte de châteaux- forts). Hommes et bêtes y trouvaient refuge en cas d’attaque. Isolées et situées sur une position dominante, elles exprimaient l’autorité des Caïds ou des Pachas.
Elles contrôlaient les oasis et leurs voies d’accès, servaient de points de ravitaillement pour les habitants du désert et défendaient les caravanes contre les pillards nomades.
Mais toutes les kasbah ne sont pas celles d’un seigneur. Les demeures rurales, plus simples, sont regroupées au sein d’un même village. Protégées de remparts avec une seule porte d’entrée, elles forment alors un ksar (pluriel : Ksour).
À l’origine, cet habitat rural en terre fut édifié par des familles de nomades qui, ayant décidé de se sédentariser, recherchèrent une construction plus solide que leur tente de laine pour faire face aux intempéries et aux bandits (qui pillaient les oasis au moment des récoltes). L’architecture défensive de ces villages fortifiés est donc liée à cette tradition guerrière. Et c’est aussi pourquoi, le ksar surplombe en général l’oasis. L’accès ne s’y fait que par une porte et une seule. Il est habité par une dizaine de familles qui appartiennent, de règle, à la même tribu. Ces petites forteresses, en pisé, portent la couleur de leur terre d’origine (qui passe de l’ocre au rouge). Ouarzazate, la vallée du Drâa et la vallée du Dadès, offrent les plus beaux spécimens de cette architecture de terre.
Bouchra Bensaber - La Gazette du Maroc
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