Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...
Menacée de mort pour avoir osé s’exprimer. Telle est aujourd’hui la situation dans laquelle se trouve Karima. Cette Marociane de Verviers de 32 ans a décidé d’écrire une autobiographie dans laquelle elle raconte avoir été battue par son père parce qu’elle voulait avoir le choix de porter le voile ou pas. Elle a intitulé son livre "Insoumise et dévoilée".
Une histoire qui semble fort proche de celle vécue par Ayaan Hirsi Ali, cette ancienne députée néerlandaise d’origine somalienne exilée à Washington et menacée de mort par des groupes radicaux pour ses critiques de l’islam. Karima aussi décrit dans son livre des mauvais traitements subis parce qu’elle n’était pas soumise comme le désirait son père.
L’histoire débute quand sa famille quitte Anvers pour Verviers. Son père aurait commencé à fréquenter une mosquée des environs et son comportement aurait changé. Il serait devenu encore plus sévère qu’auparavant. Karima raconte dans son livre comment son père la battait car elle ne voulait pas porter le voile pour aller à l’école. Elle nous livre que vers 18 ans, elle choisit de montrer ses blessures à un juge. Elle est alors placée dans un foyer qu’elle quittera plus tard pour rentrer dans sa famille. Peu après, lors d’un séjour au Maroc, on la marie à son insu. Aujourd’hui, divorcée et remariée avec un homme compréhensif, elle refait sa vie.
"J’ai vérifié tous les faits"
Karima a appris le 20 février que son livre allait être publié. Les éditions Azimuts acceptaient son texte. "Avant, les membres de ma famille savaient que j’écrivais un livre, mais ils pensaient que l’ouvrage ne sortirait jamais. Quand ils ont vu que c’était bien réel, ils ont tous retourné leur veste et j’ai commencé à recevoir des menaces. Ils me disent que je fais honte à ma famille, à mon père. Mais quand ce dernier me battait, personne n’avait pitié de moi, nous a confié Karima. On me demande pourquoi je publie seulement maintenant, mais je ne cesse d’écrire depuis que j’ai 13 ans. Je ne pouvais pas écrire un livre avant parce que je ne connaissais pas la fin de l’histoire. Maintenant c’est chose faite".
"Si j’ai décidé d’éditer Karima, explique Frédéric Allard, son éditeur, qui gère également la librairie "Au fil d’Ariane" à Verviers, c’est que j’ai été séduit par son histoire. J’ai vérifié tous les faits qu’elle cite. Elle-même, lorsqu’elle a porté plainte à la police, a dû avancer les preuves qu’elle avait. C’est important de faire connaître un livre comme celui-là. Faire prendre conscience qu’il existe encore des choses intolérables".
"Je ne m’attendais pas à tant de réactions, avoue Karima. Je n’ose plus sortir de chez moi, je me méfie de tout le monde, même des gens qui m’encouragent. Je reçois heureusement le soutien de mes anciens professeurs, de l’assistante sociale qui m’a beaucoup aidée et aussi de ma belle-famille. Toutes ces menaces n’entraveront pas la sortie de mon livre, au contraire ! Je compte commencer a en écrire un deuxième bientôt", promet-elle. La sortie du livre est prévue pour le 10 mars.
Source : La Libre Belgique - Marie-France Bock
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