Le roi d’Espagne Juan Carlos se rend au Maroc du 17 au 19 janvier en visite d’Etat pour aposer son sceau à la normalisation des relations entre les deux pays, après la crise traversée sous le précédent gouvernement conservateur espagnol.
Symboliquement, il s’agira du premier déplacement officiel de l’année du souverain espagnol, qui ne s’était plus rendu au Maroc depuis le couronnement, en 1999, de son hôte Mohamed VI, fils du défunt roi Hassan II auquel il était personnellement très lié.
De vives tensions ont marqué les années écoulées entre ces deux voyages. Elles avaient atteint leur paroxysme en juillet 2002, lorsque l’armée espagnole avait délogé des gendarmes marocains fraîchement débarqués sur l’îlot désert Leila/Perejil, objet d’un conflit de souveraineté entre les deux pays.
L’arrivée au pouvoir à Madrid du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero en mars 2004 a considérablement détendu le climat entre ces voisins des deux rives de la Méditerrannée.
M. Zapatero a fait du Maroc une priorité, y effectuant sa première visite officielle de chef de gouvernement en avril.
Son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a réuni lundi à Madrid les ambassadeurs espagnols au Maghreb pour réaffirmer "le caractère prioritaire accordé par l’Espagne aux relations avec cette région".
Depuis le printemps, les deux capitales rivalisent de propos conciliants sur leur collaboration contre le terrorisme islamiste, contre lequel M. Zapatero prône une "alliance stratégique des civilisations".
Ce fléau a durement frappé le Maroc lors des attentats de Casablancamorts en mai 2003), annonciateurs du massacre du 11 mars dernier en Espagne (191 morts), commis par des Marocains voués à l’idéologie d’Oussama Ben Laden.
C’est cette détente qu’ira consacrer au royaume chérifien Juan Carlos, dont le caractère notoirement chaleureux fait un précieux pompier volant de la diplomatie espagnole.
Le monarque s’était déjà illustré dans ce rôle fin novembre lors de sa dernière visite officielle, au ranch texan du président américain George W. Bush, dont il avait tenté d’apaiser la rancoeur née du retrait d’Irak du contingent militaire espagnol.
Juan Carlos sera accompagné au Maroc de son épouse, la reine Sofia, et d’une délégation parlementaire. L’ancienne ministre des Affaires étrangères de M. Aznar, Ana Palacio, a décliné l’invitation de l’exécutif espagnol.
Le réchauffement Madrid-Rabat a porté ses premiers fruits. Les deux pays collaborent plus efficacement contre le trafic d’immigrants clandestins qui tentent de gagner l’Espagne par l’archipel des Canaries ou le détroit de Gibraltar. Même si Madrid réclame plus d’efforts de Rabat qui plaide pour une aide accrue au développement des pays sahéliens.
Sur le Sahara, colonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc, et dont le Front Polisario soutenu par l’Algérie réclame l’indépendance, Madrid a infléchi un discours qui hérissait les Marocains.
Traditionnelle alliée du Polisario, l’Espagne a cessé de réclamer mordicus un referendum d’autodétermination du peuple sahraoui, prévu par le plan de l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker, et auquel le Maroc s’oppose catégoriquement à l’Onu.
Le gouvernement Zapatero se veut simple "facilitateur" d’"une solution qui satisfasse les deux parties". Quitte à fâcher le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, qui a récemment dénoncé "une sorte de conspiration entre les gouvernements de Rabat de Madrid et de Paris contre le peuple sahraoui et la légalité internationale".
D’autres pommes de discorde subsistent entre les deux royaumes, comme la pêche ou la prospection pétrolière. Mais Juan Carlos ne va pas à Rabat parler des sujets qui fâchent.
Afp
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