Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté

31 décembre 2008 - 16h32 - 1997 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Que la bénédiction et la paix soient sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.

Mesdames et Messieurs,

Il n’est pas de Chef d’Etat ou de gouvernement qui accepte avec sérénité de s’identifier, même occasionnellement, au concept de la pauvreté et la nécessaire solidarité contre l’exclusion et la souffrance. Il est en effet plus aisé et plus valorisant pour les responsables de se manifester autour de thèmes plus positifs et moins dramatiques.

Notre réflexion se veut différente et s’inscrit dans un parti pris contraire. Celui de la lucidité et du réalisme. Celui également de l’incontournable pédagogie pour une responsabilité mieux partagée, qu’il s’agisse des fruits de la richesse, chaque année plus substantielle, créée par notre pays ou du sort de ceux encore trop nombreux, qui n ont pas encore la possibilité de rejoindre le train de la croissance et que celle-ci a laissés au bord de la route.

Lucidité et réalisme d’abord. Nous connaissons les potentialités de notre pays et nous en mesurons les limites. Si nous voulons que les indicateurs sociaux que nous situons dans la même hiérarchie de valeur et de priorité que les indicateurs de performance macro-économique, s’améliorent et progressent, nous devons inscrire notre action dans la réalité socio-économique et socioculturelle du Maroc.

Mesdames et Messieurs,

Nous faisons mieux aujourd’hui en termes d’éducation, de santé, de logement, de contrôle de naissances et de longévité. Mais ces courbes et ces statistiques, certes historiquement tirées vers le haut, ne sont pas suffisantes cependant pour occulter ce qui reste à faire. Qu’il s’agisse de l’emploi, d’une optimisation des très importantes ressources que nous consacrons à l’éducation, à la santé et aux autres formes de lutte contre les disparités sociales, les déséquilibres auxquels nous restons confrontés ne trouveront une réponse conséquente que dans la perspective du développe ment durable que le Maroc met en œuvre.

Il y a quelques semaines, un rapport de la Banque mondiale faisait état de ces 100 millions de personnes dans le monde, qui tous les jours sont confrontés aux atroces souffrances de la faim. Ce même document citait le chiffre de 150 millions d’enfants qui savent qu’ils n’iront jamais à l’école. La pauvreté c’est d’abord la sècheresse implacable et insoutenable de ces statistiques.

Parler de lutte contre la pauvreté au Maroc, c’est d’évidence parler d’autre chose, sans pour autant vouloir ignorer ou masquer l’effort qui reste à faire ou les difficultés, parfois dramatiques auxquelles une partie de notre population continue d’être confrontée.

Mesdames et messieurs,

Parler de lutte contre la pauvreté chez nous, c’est faire appel à ce que notre culture, notre mémoire, notre civilisation, nous a légué de plus précieux et de plus cher : la capacité d’être naturellement solidaire de l’autre et la capacité aussi de transformer cette culture de la solidarité en un comportement social effectif au niveau de sa famille, de sa rue, de sa ville, de son pays.

Nous avons à plusieurs reprise évoqué la spécificité marocaine quant il s’est agi de la cellule familiale ou de la capillarité sociale qui nous retrouver, toutes catégories confondues, quant il s’agit de fêter la naissance d’un enfant ou d’accompagner un voisin jusqu’à sa dernière demeure.

C’est cette partie de nous mêmes qu’il nous faut aussi raviver et ranimer pour conforter et accompagner l’effort national qui est fait par ailleurs. Cette solidarité qui demeure vivante, mais qui a tendance à s’émousser ou à se fondre dans la dynamique du développement et du mouvement, doit aujourd’hui s’exprimer, se rationaliser et se faire plurielle pour trouver à s’appliquer aux aspects les plus divers et les plus fragiles de notre temps. L’exclusion, le chômage, l’environnement, l’intolérance, l’ignorance.

Mesdames et Messieurs,

Nous n’avons pas le droit, nous aussi, de devenir spectateurs de notre propre destin.

Nous nous sommes trop aisément accommodés d’un peu plus de disparités sociales, d’un peu plus de violences sociales, d’une atmosphère un peu plus polluée, d’un environnement un peu plus en danger. Cette indifférence ou cette accoutumance, si elles devaient perdurer et donc s’aggraver, conduiraient à un suicide collectif.

Là est le vrai danger, là est le véritable enjeu.

Si nous restons silencieux et donc complices, alors la pauvreté qui est celle des hommes et des enfants, celle de nos villes cernées par la pollution ou déformées par une urbanisation sans repères et sans mémoire, celle de notre eau plus rare et de moins en moins respectée, celle enfin de l’exclusion vécue dans l’indifférence, alors la pauvreté devient, Je le répète, un suicide collectif.

C’est à cette logique que nous devons nous soustraire. C’est à cette tentation irresponsable que nous devons résister et c’est à une nouvelle et ambitieuse pédagogie de la responsabilité solidaire et partagée que nous invite cette semaine de lutte contre la pauvreté et cette journée nationale de mobilisation contre l’exclusion."

20/10/1997

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