300 millions d’écart entre deux propositions françaises ! L’échec aujourd’hui quasi-certain de la vente de Rafale au Maroc s’explique par des "incohérences" dans l’offre française. Selon nos informations, Dassault et la Délégation générale pour l’armement (DGA) n’ont pas fait la même offre en terme de prix, après que le roi Mohammed VI a manifesté, au printemps 2006, son intention d’acheter le nouvel avion de combat français. Une différence de 300 millions d’euros, soit 20% d’écart ! Face à une telle pagaille française, les Marocains ont eu beau jeu de s’en remettre au plus offrant... c’est-à-dire aux Américains.
Le prix de l’avion a "été très largement sous-évalué" par la DGA, de l’ordre de vingt millions d’euros pièce, estime une source proche du dossier. Le prix proposé par la DGA - qui dépend du ministre de la défense - correspondait au prix français, de l’ordre de 80 millions d’euros pièce. Il n’intégrait pas le coût des modifications techniques ou la non-prise en compte de l’inflation.
"Dassault a sans doute voulu être trop gourmand dans cette affaire" avance une autre source. Son prix approchait les 100 millions d’euros. Chez Dassault comme à la DGA, on observe aujourd’hui un silence total sur ce dossier.
Au printemps 2006, la DGA a voulu faire une offre globale au Maroc, sans tenir informé Dassault. La DGA a alors proposé, en plus des 18 Rafale, la vente d’une ou deux frégates multimissions Fremm au Royaume chérifien, qui n’avait jamais manifesté l’intention d’en acquérir, préférant acheter des frégates hollandais de la classe Karel Doorman.
Autre incohérence française : Bercy a longtemps trainé des pieds pour accorder l’assurance à l’exportation (Coface). Il faut dire que le montage financier était particulièrement complexe. A l’origine, les Rafale marocains devaient en effet être payés par l’Arabie saoudite, qui s’est finalement retirée en avril 2007. Juste après la décision des Etats-Unis de proposer des F-16 pour torpiller le Rafale.
Le coup de grâce à ce contrat a vraisemblablement été donné en mars dernier lorsque les Américains ont débarqués sur le marché marocain, proposant des F-16 à un prix nettement plus faible. Le Maroc aurait pris sa décision défavorable à la France dès le mois de juillet dernier. En compensation, Rabat laisse entendre qu’il pourrait acheter des TGV. Un dossier pour Nicolas Sarkozy, qui doit se rendre dans le pays ce mois-ci. Le président de la République devra également faire oublier qu’il avait réservé à l’Algérie sa première visite en Afrique du nord.
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