Inauguration de la place Mohammed V

26 février 2007 - 00h11 - 2002 - Ecrit par : L.A

"Louanges à Dieu,

Que la prière et la paix soient sur le Prophète, sa famille et ses compagnons.

Monsieur le Président de la république,
Madame la Présidente,
Monsieur le Maire de paris,
Excellences, honorables élus,
Mesdames et Messieurs,

Le Royaume du Maroc et la république française ont souvent signe du sceau de l’exception leur histoire contemporaine. Vous venez, Monsieur le Président, d’en faire la démonstration éloquente et la chronologie la plus convaincante.

Je dirai avec vous que cette exception qui fait notre fierté, s’est vérifiée chaque fois que les libertés des hommes ont été mises en péril ou en équation sur les champs de bataille de la première guerre mondiale, dans la résistance face au nazisme et au fascisme partis a l’assaut du monde ou, plus près de nous quand, en Afrique, en Bosnie et ailleurs, il a fallu protéger les populations contre l’oppression et la discrimination.

Monsieur le Président de la république,

A vos cotes, ce matin, pour inaugurer la place Mohammed V a paris, aux pieds de Notre-Dame, de l’institut du monde arabe et a quelques centaines de mètres de la mosquée de paris, je voudrais m’appuyer sur ces valeurs universelles, fondatrices des droits de l’homme et me référer a ces combats pour la justice et la dignité pour y associer, avant toute autre chose, la mémoire de mon illustre grand père, feu sa Majesté le Roi Mohammed V, que Dieu le garde en sa sainte miséricorde.

Vous me permettrez aussi, en cet instant solennel, d’évoquer ce moment d’intense émotion que beaucoup de français et de Marocains gardent vivace dans leur mémoire. Je pense a ce 14 juillet mémorable de 1999, quand mon auguste père, feu sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en sa sainte garde, a voulu que les troupes Marocaines et françaises défilent devant vous aux sons mêlés de l’hymne national Marocain et de la marseillaise.

Nul parmi nous n’aura oublie la force et la singularité de ce symbole conçu et voulu a deux. Ces moments intenses et privilégiés que nous avons partages font l’histoire et forgent la mémoire et la destinée des grandes nations. C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs, vous conviendrez avec moi que s’agissant du Maroc et de la France, je peux sans détour revendiquer, haut et fort, le sceau de l’exception, pour nos deux pays.

Un sceau qui incarne une proximité intellectuelle et humaine dont la permanence et la profondeur illustrent l’art du possible et l’art du meilleur, quand tout autour de nous, ressurgissent et foisonnent de vieilles peurs venues d’un autre âge et d’un monde étranger a l’espace culturel et spirituel dans lequel Marocains et français ont choisi de bâtir ensemble leurs destinées.

Monsieur le Président de la république,

Le général de gaulle ne s’y était pas trompe quand en 1945, il a fait de mon vénéré grand-père sa Majesté le Roi Mohammed V, aux cotes de Churchill et d’Eisenhower, l’une des rares personnalités étrangères à être membre a part entière de l’ordre prestigieux des compagnons de la libération.
Justes parmi les justes, les deux hommes avaient déjà donne rendez-vous à l’histoire, sans s’être jamais rencontres.

En effet, des le 3 mai 1939, alors que les nazis venaient d’annexer la Tchécoslovaquie, feu sa Majesté le Roi Mohammed V, recevant le résident général de l’époque, lui déclarait que : "tout le Maroc est de cœur avec la France qui redouble d’efforts pour garantir la paix, sans négliger les moyens d’assurer sa défense dans le cas ou un conflit viendrait troubler sa quiétude. Les français peuvent avoir l’assurance qu’en toutes circonstances, ils trouveront à leurs cotes le Peuple Marocain".

Quelques semaines plus tard, le 4 septembre 1939, dans toutes les mosquées du Royaume, le prêche traditionnel du vendredi s’est transforme en un appel a la mobilisation générale pour la liberté et contre la barbarie. Le message royal lu pour la circonstance disait : "a partir de ce jour et jusqu’a ce que l’étendard de la France et de ses allies soit couronne de gloire, nous devons lui apporter un concours sans réserve, ne lui marchander aucune de nos ressources et ne reculer devant aucun sacrifice".

Sans calcul ou arrières pensées, des dizaines de milliers de Marocains ont spontanément répondu à cet appel.

C’était, Monsieur le Président de la république, il y a plus d’un demi-siècle, au nom des valeurs humanistes et des principes de droit que nous avons toujours partages avec le monde libre. Des valeurs a partir desquelles le Maroc n’a jamais cessé d’enrichir et de renforcer son projet de société démocratique et l’authenticité de sa modernité.

C’est au nom de ces mêmes valeurs que feu sa Majesté le Roi Mohammed V avait fait prévaloir son éthique au reste de la communauté internationale, en refusant que soient appliquées aux Marocains de confession juive les lois discriminatoires et antisémites du gouvernement de vichy.

Par la noblesse de ce geste, le Maroc s’est alors impose comme l’une des rares terres d’accueil dans le monde, ouverte a tous ceux qui étaient alors pourchasses par la barbarie nazie.

Mesdames et Messieurs, nous rendons hommage ce matin à celui qui a été pour la France, pour le monde libre, pour le Maroc de la tolérance et de la modernité, l’humaniste et le grand homme d’état. Celui aussi qui, exile par la France en 1953, a su nous montrer le chemin de la raison et de la sagesse, en préservant l’exception et la singularité de notre relation quelles qu’aient été les conjectures ou les vicissitudes de notre histoire commune.

Monsieur le Président de la république,

En inaugurant la place Mohammed V à paris, nous ne nous acquittons pas seulement d’un devoir de mémoriel. Le libérateur de la nation Marocaine, le pionnier des mouvements d’indépendance africains et le bâtisseur du Maroc uni, libre et démocratique, a initie un combat qui, chacun d’entre nous le sait, n’est pas encore termine et n’est pas encore complètement gagne.

Les tentations de l’exclusion, de l’ostracisme religieux et culturel et les dérives de l’intolérance et des extrémismes occupent trop d’espace dans les agendas internationaux avec leurs drames sanglants et leurs cortèges d’ignorance et d’idées reçues.

Les Marocains le savent bien, eux qui refusent la fatalité du repli identitaire et de la confrontation, eux qui unanimement privilégient la rencontre avec l’autre. Ainsi, Mesdames et Messieurs, on peut être comme le Maroc, une nation fière de l’unicité de son identité aux affluents pluriels, bien ancrée dans sa foi musulmane et rester ce pays qui vous est familier et qui n’entend rien céder de son enracinement millénaire dans la culture du dialogue, de l’ouverture et du partage avec l’autre.
C’est ce témoignage qui donne sa vraie dimension, son actualité et sa véritable lumière à la place Mohammed V à paris.

Je ne terminerai pas Monsieur le Président, sans remercier la ville de paris, son Maire et ses honorables élus pour avoir permis au Maroc et a la France d’enrichir leur patrimoine commun, avec cette place qui sera pour les générations montantes de nos deux pays, la référence et le symbole de nos relations que nous voulons toujours plus fortes et exemplaires dans leur permanence.
Je vous remercie de votre attention.

Que la paix, la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient sur vous".

20/12/2002

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