Il y a 41 ans, avec l’exil de Mohammed V, la France signait sa défaite au Maroc

21 août 2003 - 11h46 - France - Ecrit par :

Décrivant la situation à l’époque, Charles André Julien notait "L’exil du sultan était une de "ces fautes capitales" dont parle le Cardinal de Retz "après quoi l’on ne peut plus rien faire qui soit sage". Pourtant, tout semblait réussir aux exécuteurs des basses oeuvres". La déposition de feu S.M. Mohammed V n’a pas donné lieu dans l’immédiat à une réaction d’éclat de la part des citoyens.

La résidence générale avait choisi aussi une conjoncture internationale qui lui semblait favorable avant d’éviter les réactions chaudes, notamment de la part des Américains. Ainsi, les forces coloniales constataient certes, la tristesse profonde des Marocains à l’annonce de la nouvelle, mais elles croyaient avoir réussi leur opération.

Néanmoins, dès l’annonce de la nouvelle de l’exil du Roi et de sa famille, les citoyens marocains s’étaient accrochés à leur radio pour écouter la voix du Mouvement national diffusé par la radio égyptienne.

C’était Allal El Fassi qui s’exprima ce soir-là pour remettre les pendules à l’heure. Le 20 août 1953 correspondait à la fête de l’Aid El Kebir et le leader nationaliste a dénoncé vigoureusement dans son discours la France, pour avoir transformé un jour de fête des Marocains en un jour de deuil.

"Le vrai Roi du Maroc est et reste Mohammed V", avait déclaré Allal El Fassi, insistant sur la revendication de l’indépendance nationale et assurant que tout sera fait pour restituer au Maroc sa liberté et chasser les usurpateurs du Trône.

C. André Julien poursuit le récit des événements comme suit : "Dès le 21 août, les représen-tants, des quinze Etats arabo-asiatiques à l’ONU, soutenus par une opinion publique qui, dans tout le monde musulman, manifestait sa réprobation, saisirent le Conseil de sécurité, en raison de la menace que l’exil du sultan faisait peser sur la paix en Afrique du Nord."

Le Conseil de sécurité sous l’influence de la France a refusé d’inscrire la question à son ordre du jour. Mais les quinze pays ont soumis l’affaire à l’Assemblée générale de l’ONU où les débats ont démontré l’avancée incontestable des revendications nationales du Maroc et de la Tunisie à l’échelle nationale.

Au niveau national, le montage aménagé par l’administration coloniale avec la collaboration de Glaoui et de Kittani avait démontré son échec dès la première semaine de l’exil de la Famille Royale. C’est toujours C.A. Julien qui constate dans l’un de ses écrits "Ben Arafa, ne gagna aucun prestige par sa désignation par les "oulemas", les citadins à proportion de 90% de l’avis même des personnes averties, demeuraient fidèles à Mohammed V". Le même auteur cite une enquête d’un responsable français au Maroc où ce dernier avait écrit : "Même ceux qui n’étaient pas nationalistes avaient été profondément blessés par la déposition du Roi."

Les anecdotes couraient le Royaume sur le ridicule et les mésaventures vraies ou supposées de Ben Arafa et même les colons français ont été pris à ce jeu à l’époque.

Autre fait, fut celui des mosquées qui se vidaient de fidèles à la prière du Vendredi ; les gens ne voulaient pas prononcer les assentiments rituels des pêches concernant le Roi et que les Français obligeaient les Imams à les destiner à Ben Arafa.

En tout cas, très rapidement la résistance s’est organisée dans tout le Royaume ; les opérations des cellules armées se sont multipliées ; un nouveau tournant de la cause marocaine avait été pris aboutissant au retour de S.M le Roi Mohamed V, et de sa Famille. Un retour digne, triomphal que les Marocains avaient fêté unanimement.

L’heure de l’indépendance avait sonné !

Libération ( Maroc )

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