Plusieurs députés marocains appellent à l’interdiction de TikTok au Maroc. Ils s’inquiètent de la qualité des contenus publiés sur ce réseau social chinois qui, selon eux, constitue un danger pour la jeunesse.
En huit mois d’existence, Hit Radio est devenue l’une des stations les plus populaires auprès de la jeunesse. Sa recette ? Sa programmation musicale, donnant une grande place à la nouvelle scène marocaine. Gros plan.
“Nous avons enfin une radio qui passe de jeunes artistes marocains sur ses ondes. Il était temps !”, s’extasie Masta Flow, membre du groupe Casa Crew. Comme le rappeur casablancais, ils sont des milliers de Marocains à accueillir avec enthousiasme l’arrivée de Hit Radio, la première station radio musicale ouvertement destinée à un public
jeune. Pour les artistes de la nouvelle scène marocaine, la radio est un peu le chaînon manquant. “Ils voient en Hit Radio un moyen de diffuser leur musique et de se faire connaître, poursuit Masta Flow. À titre d’exemple, sa création a énormément motivé les rappeurs, qui enregistrent désormais de plus en plus de titres”. Du côté des auditeurs, c’est aussi une nouveauté : une station radio exclusivement musicale, en totale connexion avec la scène locale, longtemps méprisée par les ondes. En effet, il y a à peine un an, tomber sur une chanson des H-Kayne ou de Bigg en tripotant son autoradio relevait du pur fantasme. Hit Radio est également née d’un fantasme, ou plutôt un rêve, porté par son fondateur, Younes Boumehdi, depuis une bonne dizaine d’années.
Une projet de dix ans
“Je n’ai jamais envisagé de laisser tomber, de cesser de me battre. Monter une radio pour les jeunes m’a toujours paru quelque chose de primordial”, explique Younes Boumehdi. Et pourtant, ce ne sont pas les raisons d’abandonner qui ont manqué. C’est que le projet que Boumehdi caressait, en ce début des années 90, avait quelque chose d’inhabituel : créer une radio privée ciblant les jeunes. La libéralisation des ondes n’en est même pas à l’époque au stade de concept. Première étape : s’enquérir des formalités à accomplir. Le jeune homme multiplie les correspondances aux administrations concernées. Les réponses qu’il reçoit, lorsque c’est le cas, sont aussi imprécises que la réglementation du champ audiovisuel.
Qu’à cela ne tienne ! Boumehdi ne se décourage pas et continue à harceler les fonctionnaires des ministères, mais aussi quelques élus au Parlement. Sa quête durera jusqu’à l’annonce, en grande pompe, de la libéralisation du champ audiovisuel en 2005. Les efforts du jeune entrepreneur n’ont manifestement pas été vains : c’est la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) qui le contacte, pour savoir si son projet de radio privée tient toujours. Younes Boumehdi ne se fait pas prier pour mettre la machine en branle : auditions, conception d’émissions, mobilisation de ressources financières, mise en conformité avec le cahier des charges de la HACA… L’ensemble finit par constituer un dossier plutôt solide. En mai 2006, à l’annonce de la première vague de licences de stations radio, Hit Radio est reçue haut la main. Pour son fondateur, la véritable aventure peut enfin commencer. Quelques mois plus tard, la première station musicale marocaine voit le jour. Hit Radio commence d’abord par mettre des playlists de titres en boucle, le temps de mettre en place une grille de programmes en bonne et due forme. C’est désormais chose faite depuis janvier 2007.
De la musique avant tout
Pour certains, Hit Radio c’est un peu le Skyrock ou le NRJ marocain. Comme les deux références hexagonales, la station met un point d’honneur à dénicher et diffuser les dernières nouveautés des charts européens et américains. Mais d’un autre côté, la radio ne néglige pas les artistes marocains, puisque 40% de sa programmation leur sont consacrés. Un véritable coup de pouce pour la scène locale, comme le confirme Momo Merhari, co-fondateur du fameux L’Boulevard : “La scène avait cruellement besoin d’une radio qui diffuse ses productions. Avec Hit Radio c’est chose faite, et je pense qu’on commence à se diriger maintenant vers une industrie musicale qui pourra fonctionner correctement”. En plus de la musique, épine dorsale de la programmation, celle-ci comprend des flashs infos (particulièrement laconiques) et quelques émissions qui privilégient l’interactivité avec les auditeurs, mais toujours meublées de musique, dont la fameuse D-Dikass (voir encadré). Le reste de la grille est composé d’émissions typiquement musicales. C’est le cas du Hit, présenté par Youssef & Youssef, les deux animateurs de 100 % Chabab, émission télé hebdomadaire sur RTM, ou encore du Hit des Clubs, le rendez-vous du samedi soir dédié aux fans de House et Techno. Bref, une programmation taillée sur mesure pour une audience plutôt jeune, en particulier les 12-24 ans, qui constituent le cœur de cible de la radio.
“Dès le départ, nous avons voulu nous positionner comme la radio leader auprès de cette catégorie d’âge. Et nous avons réussi”, explique Younes Boumehdi, en mentionnant les résultats des derniers sondages d’audience effectués par le cabinet Créargie. D’après ces chiffres, Hit Radio atteint une excellent taux de popularité auprès des jeunes. Pour identifier davantage la typologie de son audience, la station vient d’ailleurs de lancer sa propre étude, qui touche un échantillon de 5000 étudiants. Et à en croire son patron, les premiers résultats seraient très positifs. “Ce succès n’est pas le fruit du hasard. Si Hit Radio a réussi à fidéliser des auditeurs, c’est aussi parce qu’elle répond à leurs attentes”, explique Younes Boumehdi, qui poursuit : “Nous préférons ne pas mettre beaucoup de publicité à l’antenne. C’est quelque chose qui ennuie l’auditeur, qui finit par zapper”. La radio a même pensé aux régions où elle n’émet pas (pour le moment ?), en remplaçant les fréquences radio par la fée Internet. Depuis une quinzaine de jours, il est désormais possible d’écouter en Live les programmes sur le site hitradio.ma. Une bonne nouvelle pour les jeunes d’Agadir, Tanger, Fès, Meknès ou encore Oujda, mais aussi pour les Marocains résidant à l’étranger, qui trouvent là un rare canal pour découvrir la nouvelle scène marocaine. Car, faut-il le répéter, entre cette dernière et Hit Radio, c’est une belle histoire d’amour qui commence...
D-Dikass : Fun, Musique et Interactivité
L’émission-phare de Hit Radio, c’est sans doute D-Dikass, animée par Momo. Le concept ? Chaque soir, du lundi au vendredi et de 20h à minuit, Momo reçoit appels et sms d’auditeurs désirant dédicacer des chansons. En somme, rien de bien original. Et pourtant. Les auditeurs se bousculent au standard : chaque soirée se solde par quelque 300 sms et 400 appels reçus. Le pic a été naturellement atteint lors de l’émission de la Saint Valentin 2007, durant laquelle la station a reçu pas moins de 3000 déclarations d’amour envoyées par sms ! “C’était une soirée exceptionnelle. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs depuis que j’anime l’émission”, affirme l’animateur. Les auditeurs peuvent également se parler en direct à l’antenne, ce qui donne parfois lieu à des dialogues assez cocasses. Il y a quelques semaines, un auditeur a appelé pour demander comment il devait faire pour séduire l’élue de son coeur. Un autre voulait savoir comment convaincre sa famille d’accepter son choix d’épouser… une Italienne. Et les réponses sont encore plus nombreuses que les questions, faisant exploser le standard. Certains auditeurs sont même devenus des habitués. C’est le cas d’une dénommée “Bamboucha” de Marrakech, qui ne peut s’empêcher d’appeler Momo chaque soir ! C’est ce qui s’appelle fidéliser ses auditeurs.
TelQuel - Meryem Saâdi
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