Né en 1968 à Marrakech. Plasticien photographe, il est professeur d’arts plastiques à Marrakech où il réside. En 1998, l’Institut français de Marrakech lui a consacré sa première exposition personnelle avec "4455 petites images sur un mur". Depuis, il a participé à de nombreuses expositions collectives dont enoctobre 2001, à la biennale de photographie de Bamako (Mali) et en novembre 2001, au Carrousel du Louvre (Paris, France).
Son travail photographique "La salle de classe" a également été présenté à la Galerie VU (2001, Paris). Ses oeuvres ont fait l’objet de plusieurs publications : BKO-RAK (Collection Soleil, Editions Revue Noires, France), Suites marocaines (Collection Soleil, Revue Noires, France), Revue Noire 33-34 (1999, France), L’art contemporain du Maroc (Editions de l’institut Català de la Mediterrània, octobre 2000), le Maroc en Mouvement (Editions Maisonneuve et Larose, France), La salle de classe (Editions de l’Oeil, Montreuil, 2001) et dans le numéro de juin 2001 de la revue de la NRF (Editions Gallimard, France)
Je viens d’une culture que personne n’a le droit de renier. On a pas le droit de se poser des questions. L’Islam apporte depuis le 15 ième siècle déjà toutes les réponses. Il apporte la vérité absolue. Tous les musulmans savent exactement qui ils sont, d’où ils viennent et où ils partiront. Toutes les réponses qu’apporte le Coran sont évidentes. Le moindre doute, le moindre questionnement sont considérés comme des péchés. Il faut croire, croire en Dieu, le servir, telle est notre raison d’exister. Quand j’ai découvert l’Occident, il y a 5 ans, je me suis aussitôt posé des questions par rapport à ma religion. J’ai senti qu’il y avait d’autres sensibilités, d’autres convictions, d’autres vérités. J’étais fasciné par la liberté d’exprimer ses propres opinions politiques, sociales, religieuses, éthiques, esthétiques, etc.
Dans ma culture, on exprime pas, on ne s’exprime pas. Contrairement à l’Occident, la notion de l’individu n’existe pas. Les musulmans se ressemblent tous, on a les mêmes goûts, les mêmes préoccupations, les mêmes désirs, les mêmes frustrations, la même religion. Depuis 5 ans, tout ce qui est interdit par l’Islam m’interroge. Je me permets maintenant de poser des questions, je me permets de douter, je me permets de refuser. C’est en ce sens que ce projet à Bruxelles m’intéresse. Ce séjour à Bruxelles me permettra d’exprimer témérairement mes angoisses les plus enfouies. C’est un projet que je ne pourrai jamais réaliser en terre d’Islam : aucun musulman n’osera se montrer nu publiquement, aucun musulman n’osera porter une croix, etc.
Dans l’espace de quelques jours et avec l’aide précieuse de quelques photographes bruxellois ou établis à Bruxelles et dont j’apprécie la démarche, je donnerai à voir des images qui passeront peut-être inaperçues en Occident mais qui seront interprétées par les orientaux comme les pires des perversions. Comme aucune galerie au Maroc ni dans le monde arabe n’osera exposer ce travail, j’envisage de le monter en envoyant cette publication par la poste à plusieurs artistes musulmans ainsi qu’à plusieurs institutions culturelles marocaines et arabes. Dans ces photos, je me mettrai moi-même dans des situations interdites par l’Islam. C’est moi qui propose les mises en scène et c’est aux photographes bruxellois de proposer le cadrage, la couleur, le format, chacun selon sa propre sensibilité. Chacun de ces photographes doit avoir sa spécialité : mise en scène, nature morte, nu, paysage, architecture, mode, etc. J’arriverai à Bruxelles avec des croquis et un planning de rencontres avec tous ces photographes.
Benohoud
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