De premier abord, on dirait que Hassan El Fad est un homme peu disert, à la limite réservé. On croirait que l’homme qu’on a vu sur scène dans son premier One man show “Ninja”, vivace et craquant d’humour s’est éclipsé pour laisser place à un autre homme.
Cette impression n’est pas illusoire. Et d’ailleurs El Fad le reconnaît : “Dans ma vie de tous les jours, je n’ai pas d’humour, je suis même un grand râleur dénué d’humour”.
L’essentiel c’est que Hassan s’acquitte très bien de son métier d’humoriste. Même chose dans son one man show et actuellement sur la TVM dans l’émission humoristique “Kanat Ci Bi BI” . Réalisée par Omar Chraïbi, Kanat CI BI BI, parodie de la célèbre chaîne BBC, ne force pas le rire. Sa rubrique Ouajhi F’Ouajhek (traduisez Face à face) est une satire des émissions télévisuelles people où les invités viennent de tout bord. Le propre de l’émission satirique, où Hassan El Fad joue avec brio le rôle de l’animateur blasé, constamment ahuri par les répliques plus que ridicules et défiant toute logique de ses invités, est de tourner en dérision les émissions télévisées, où les invités débattent de thèmes différents. Le téléspectateur attend toujours un plus des invités. Mais des fois, il faut pas trop espérer. Hassan El Fad n’est quand même pas un moralisateur.
Collaborer avec la TVM est un projet qui remonte à 1999, date pendant laquelle Hassan El Fad a été approché par la première chaîne marocaine pour faire des sketchs à l’occasion du mois de Ramadan. Coaché par Le cinéaste Omar Chraïbi et collaborant avec une équipe nombreuse, Oujhi F’aujhek, l’une des rubrique de “Kanat Ci Bi Bi” se compose de 12 épisodes répartis sur la période du mois de Ramadan avec d’autres rubriques différentes.
“J‘évite de tomber dans le piège du discours moralisateur, scientiste, mon but c’est juste d’offrir un moment de plaisir aux téléspectateurs”, déclare Hassan El Fad.
Faire rire les gens pour Hassan El Fad est jeu. Mais un jeu assez difficile, car transformer des tranches de la vie en sketchs demeure un exercice assez complexe. Au risque de la dénaturer, le pari de caricaturer la vie n’est pas une entreprise facile. Si le rire et l’humour est le propre de l’homme comme l’a dit si bien Bergson, le mettre en scène est le propre d’artistes talentueux et confirmés. C’est un talent qu’on a ou qu’on n’a pas. Hassan El Fad ne déroge pas à cette règle.
Tout conscient de la délicatesse d’une pareille entreprise-celle de faire rire les autres- El Fad est saisi en constance par le trac de monter son deuxième one man show (en cours de préparation). “Quand deux spectacles se suivent , le second se met toujours à l’infinitif”, souligne -t-il très sérieux. Hassan El Fad se démarquant des autres humoristes qui se produisent sur les deux chaînes publiques a opté pour la comédie des situations, alors que toute une génération d’humoristes, qu’on voit actuellement sur 2 M et la TVM, défigurent la langue et déforment les mots dans l’espoir de faire marrer du monde. A propos de ces humoristes, Hassan El fad se contentera de dire que c’est “un style différent de faire de la comédie”.
Pour la réalisation de “Oujhi F’Oujhek”, Hassan El Fad s’est plié à l’exigence de regrouper les gags. Jouer à la fois le rôle de l’animateur et des invités est un joli défi que El Fad a réussi dans l’émission “Oujhi F’Oujhek”. Les gags s’apparentent à des situations que les citoyens vivent. Problèmes de tourisme, de l’enseignement public et privé, du football... Les invités du plateau de l’animateur de “Oujhi F’Oujhek”sont un tableau caricatural des émissions diffusée sur nos deux chaînes nationales où les invités veulent épater les téléspectateurs par leurs connaissances au prix de se ridiculise.
Comme tout humoriste, Hassan El Fad est ainsi passé par l’expérience de collaborer avec la télévision. Mais il ne cache pas son insatisfaction quand il se voit brisé dans son élan par une méthodologie bureaucratique , qui est toujours le propre de l’administration d’une institution publique comme la TVM.
Formé en architecture d’intérieur et en arts plastiques, Hassan El Fad s’est intéressée aussi à la musique en jouant du saxophone. L’arrivée sur scène n’était quand pas même fortuite. Aidé par son talent d’humoriste, Hassan El Fad comme tout artiste, est sensible à ce qui se passe autour de lui.
Sans verser dans le scientisme, El Fad est un fin observateur. Évoluant dans une ville comme Casablanca, véritable melting pot qui regroupe ruraux et urbains venus des quatre coins du Maroc, il y a forcément matière à tirer en parcourant les artères de cette métropole. “dans mes sketchs et dans mes travaux sur scène, j’essaie de traduire ma vision décadente des choses, surtout quand on vit dans une ville comme Casablanca où les gens rivalisent à qui mieux enfreindra les lois”. Casablanca , une ville hors la loi ? C’est un peu ça pour Hassan El Fad. “En plus, vous appellez ça une ville , une mégalopole, où l’on compte 58 000 équidés”, lance -t-il pince sans rire en retrouvant son humour qu’on lui connaît sur scène et sur la petite lucarne.
Maroc Hebdo
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