Ils sont quinze au total. Etudiants, architectes et enseignants. Tous venus de l’université de Harvard des Etats-Unis pour proposer un réaménagement adéquat pour la place de Bab Makina. Mené en partenariat avec la Fondation Esprit de Fès, ce projet s’inscrit dans le cadre du programme Aga Khan. Cette année, le choix s’est porté sur le site accueillant les concerts du festival.
Appelé Bab Makina ou Place Moulay El Hassan, le site est situé entre l’ancienne médina et la ville nouvelle. Il nécessite donc une sorte de réaménagement qui permettrait une interconnexion entre les deux grandes parties de la ville (Fès El Bali et Fès Jdid). Cette interconnexion ne pourrait aboutir que si l’on connaît bien la ville et les spécificités de sa communauté. Un argument qui a amené l’équipe de Harvard à venir séjourner dans la capitale spirituelle la semaine dernière. L’objectif étant de se familiariser avec les différents aspects du site, sujet de réhabilitation.
Les jeunes étudiants ont mené quatre jours de réflexions sur place. Chapeautés par Hachem Sarkis, chef du programme Aga Khan, et Aziza Chaouni, architecte et notamment enseignante à l’université de Harvard, ces étudiants ont présenté, devant les responsables de la Fondation Esprit de Fès, leurs premières propositions de réaménagement. Des propositions qui entendent transformer la place Bab Makina en un endroit animé tout au long de l’année. C’est d’ailleurs l’idée même du projet qui se peaufinera au sein de l’université Harvard. « De retour aux Etats-Unis, nous discuterons toutes les suggestions dans le but de reconfigurer la place Bab Makina en un espace public pouvant accueillir, outre les festivals de musique, diverses manifestations culturelles.
Notre travail portera notamment sur l’architecture, l’éclairage, le son, les sièges, les guichets d’entrée, les toilettes, le paysage et le parking », souligne Chaouni. Pour elle, le nouveau design de Bab Makina devrait être fin prêt la première semaine du mois de juin. Date qui coïncidera avec la 13e édition du festival des musiques sacrées de Fès. C’est donc un véritable défit que relèvent Chaouni, ses étudiants et Sarkis. Pour ce dernier, l’ambition est de créer une relation durable entre tout évènement culturel ou artistique et la géographie urbaine de Fès. Ce serait aussi une opportunité pour améliorer les conditions du festival, « maximiser la place Bab Makina », la replacer dans la ville de Fès et resituer le festival par rapport à la ville (hôtels, médina, sites historiques et logistiques). En tout cas, le premier coup de pioche de ce réaménagement sera donné le 15 mars.
Les travaux dureront environ 75 jours. Au-delà de ce projet, premier du genre, l’expérience devra bénéficier à tous les espaces publics de la vieille médina et sera utilisée comme matériel pédagogique par les étudiants de Harvard.
Parcours
Native de Fès, Aziza Chaouni y revint après 11 ans passés aux Etats-Unis. Elle veut mettre en exergue ses compétences. Diplômée en ingénierie de Columbia University (New York) et en architecture de Harvard, Chaouni est avant tout une jeune Marocaine (29 ans) amoureuse de Fès. Un amour qui l’a poussée à préparer une thèse de fin d’études sur la réhabilitation d’oued Boukhrareb (une rivière très polluée, située en médina). « En abordant ce mémoire, j’ai constaté qu’on pourrait construire en médina des modèles différents au sein d’une architecture à la fois, moderne et respective d’authenticité, sans pour autant reproduire des maisons avec des espaces en zellige », indique Chaouni. Celle-ci a obtenu dernièrement le prix « Progressive Architecture 2007 » pour ses travaux sur la médina de Fès.
L’Economiste - Youness Saad Alami
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