Sur la porte d’entrée d’un cybercafé du centre ville de Casa, on peut lire : Loterie USA, tarif : 20 DH pour les célibataires et 25 pour les couples. L’américain dreamcommence ici, par un clic et un coup de chance. Avec 5017 candidatures retenues pour 2008, les Marocains sont parmi les champions du monde de la loterie pour obtenir le visa de résident permanent au Etats-Unis. Connue sous le nom de la loterie pour l’Amérique, le programme annuel de Diversity Visa « permet la délivrance de visas de résident permanent aux personnes satisfaisant à certaines conditions d’admissibilité simples mais strictes », précise le site du Consulat américain à Casablanca.
Comment ça marche ?
Pour la loterie de 2009, 9.1 millions de candidats ont tenté leur chance, 99,000 candidatures ont été présélectionnées et 50.000 personnes ont décroché le précieux sésame. Les visas sont répartis entre six régions géographiques (Afrique, Asie, Europe, Amérique du nord, Océanie et Amérique centrale, du sud et les Caraïbes). « Aucun pays ne peut recevoir plus de 7% (3.500) des visas diversité disponibles annuellement » avertit le site des services consulaires. Cette mesure explique, en partie, la réduction du nombre des candidats retenus côté marocain.
Ils n’étaient que 3280 à décrocher le jackpot pour 2009. Mais le Ghana, l’Ethiopie, le Nigeria et le Bangladesh ont gardé le même nombre de candidats retenus que les années passées. « Un nombre plus élevé de visas est destiné aux régions à faible taux d’immigration » précise le règlement de la loterie.
Pour participer à la loterie, les demandeurs doivent remplir un formulaire électronique de demande de « visa diversité » sur le site DV Lottery, la participation est gratuite. La période d’enregistrement pour 2010 a commencé le 4 octobre 2008 et se termine le 3 décembre prochain. Les candidats initialement sélectionnés par tirage au sort au moyen d’une loterie électronique sont informés directement par Kentucky Consular Center (KCC) qui est l’autorité en charge de ce programme.
Obtenir le statut de résident permanent n’est pas seulement une question de chance. « Le fait d’être choisi ne garantit pas automatiquement l’obtention du visa. Chaque candidat sélectionné doit avoir réussi au Baccalauréat ou avoir deux ans d’expérience professionnelle obtenue au cours des cinq dernières années », exige le règlement. Le Consulat américain à Casablanca constate que « ces dernières années, un nombre de [candidats] Marocains manque de qualifications ». En phase de présélection, il faut passer à la caisse. Chaque postulant doit régler 755 dollars… non remboursables ! « Les demandeurs non qualifés dépensent une grande somme d’argent mais leurs demandes seront rejetées. Nous demandons vivement aux Marocains désirant participer à la loterie de bien lire les instructions », conseillent les Américains.
Business et arnaques
Le rêve commence la plupart du temps dans un cybercafé, « les aspirants préfèrent venir chez nous pour qu’on leur remplisse le formulaire. Ils ont la garantie d’un formulaire bien rempli avec la photo dans les normes requises », affirme Youssef, propriétaire du cybercafé Euro Connect, qui a mis le paquet en termes d’affiches et banderoles. La loterie pour l’Amérique crée un business lucratif pour les cybercafés et les centres copies.
« On reçoit 5 à 6 personnes par semaine, les jeunes préfèrent remplir le formulaire directement sur le site. Mais vers la fin du mois, on devrait avoir plus de clients », explique Youssef.
Profitant de l’intérêt grandissant du public, plusieurs sites web font payer aux candidats des droits d’inscription fictifs. L’autre méthode pour arnaquer les candidats, passe par des bureaux d’immigration, qui demandent 500 DH à leurs clients pour accélérer leur inscription. Année après année, le phénomène s’amplifie, ce qui a poussé les autorités américaines à mettre en garde contre les manips’ de ce genre.
Pour le sociologue Jamal Khalil, l’engouement des Marocains pour la loterie s’explique par l’intérêt individuel de chacun : « Les gens sont logiques avec eux-mêmes, pour la loterie, c’est dans cette même vision des choses. Ils savent qu’aux Etats-Unis, ils auront plus de chance pour travailler et évoluer dans leur carrière. La personne peut même être anti-américaine et participer à la loterie. Dans tous les cas, au sein même des Etats-Unis il y a des anti-américains. S’il y en a plus, ça ne changera pas grand-chose ».
Source : L’Observateur - Salaheddine Lemaizi
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