Qu’ont en commun ces marques, La Senza, La Vie en rose ou encore Fruit & Passion ? Outre une clientèle principalement féminine, ce sont toutes des franchises canadiennes.
Récemment implantées au Maroc, ces enseignes accélèrent le rythme. Elles ont pour la plupart des plans de développement ambitieux, avec des projets d’implantation dans d’autres villes du pays. C’est le cas pour le groupe Aksal qui détient la franchise La Senza. Spécialisée dans la vente de lingerie féminine, celle-ci compte ouvrir, cette année même, deux nouveaux points de vente à Marrakech et Agadir. Idem pour La Vie en rose de Nesk Invest qui projette, elle, de s’implanter prochainement à Rabat puis à Marrakech. Et plus tard, à Agadir et Tanger. A noter que c’est Nesk Invest qui détient les franchises Mango, Okaïdi et Promod.
Il n’empêche. Dans le florilège d’enseignes étrangères, les marques canadiennes sont encore faiblement représentées : à peine 1%. Une donne qui ne tarderait pas à changer. Les Canadiens semblent, en effet, décidés à renforcer leur présence sur le marché marocain.
Selon son ambassadeur au Maroc, Carmen Sylvain, avec un millier de systèmes de franchise et 76.000 franchisés, le Canada est un des grands pays franchiseurs. « Sur une population totale de 33 millions habitants, un million est pratiquement employé par le secteur de la franchise », indique l’ambassadeur.
Mieux encore, souligne Michel Gagnon, consultant et membre de l’Association canadienne de la franchise (CFA), « nous comptons une franchise pour 450 citoyens. Les USA n’en ont eux que 1 pour 600 habitants ». C’est dire le développement des réseaux de franchises canadiennes qui couvrent des domaines aussi variés que la comptabilité et les services fiscaux, l’informatique, la restauration, que les loisirs ou encore l’éducation.
Pour courtiser les opérateurs marocains, une série de séminaires est ainsi organisée par l’ambassade du Canada, en partenariat avec le département du Commerce et de l’Industrie et la Fédération marocaine de la franchise. Après un premier séminaire à Meknès, ce sont les opérateurs de Casablanca qui sont approchés (1). Normal : à elle seule, la métropole concentre plus des deux tiers du réseau de franchises (38%). Mais pas seulement. La capitale économique représente, avec ses 3,6 millions d’habitants, un marché local solvable. « Le niveau de revenu des Casablancais est supérieur de 15 à 17% par rapport à la moyenne nationale », souligne Hamid Ben Elafdil, directeur du CRI du Grand Casablanca. De plus, sa clientèle, essentiellement jeune et « branchée », permet aux investisseurs d’y « tester » leur marque avant de la déployer dans d’autres villes, voire d’autres pays. Argument qui demeure valable aussi, ajoute Ben Elafdil pour les enseignes orientées vers l’entreprise puisque Casablanca concentre le tissu industriel le plus important du pays.
Les autres villes regorgent aussi de potentialités et les organisateurs comptent aussi s’y intéresser. Après Casablanca, la prochaine étape sera donc Marrakech, indique-t-on.
Cette série de séminaires vise à diffuser des informations sur le système de franchise canadien ainsi que sur les potentialités du marché marocain. Les deux partenaires ne comptent pas s’arrêter là. « Nous organiserons avec l’ambassade du Canada prochainement une caravane de la franchise », indique Abderrahman Belghiti, président de la Fédération marocaine de la franchise (FMF). Celle-ci cible les hommes d’affaires, franchisés et franchiseurs potentiels, en attendant la 5e édition du Salon de la franchise prévu du 15 au 17 juin prochain et où sont attendues pas moins de 50 enseignes étrangères et locales.
A noter que pour l’heure, le secteur de la franchise au Maroc reste essentiellement dominé par les marques françaises. Avec plus de la moitié (51%), la répartition des franchises fait ressortir la prédominance de la France en tant que pays d’origine des enseignes implantées, souligne Mounia Boucetta, directeur du Commerce intérieur. Le pays de l’Oncle Sam, qui le talonne, ne représente que 10%. Les franchises de création locale représentent quant à elles 13% avec 39 enseignes.
Bien entendu, précise le président de la FMF, le marché est loin d’être saturé. Néanmoins, en dépit de la variation des activités enregistrée, certains secteurs restent sous-développés, note-t-il. C’est le cas entre autres de l’éducation, les loisirs ou encore de l’informatique et internet. Sans parler des niches à fort potentiel qui demeurent, selon Abderrahman Belghiti, encore vierges et inexploitées dans des secteurs comme l’artisanat ou l’art culinaire marocain.
Khadija El Hassani - L’Economiste
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