Un agent des services secrets marocains, un capitaine de la police des frontières d’Orly, son épouse, un responsable de sécurité privée sont poursuivis pour trafics de fiches S.
L’enquête a démarré suite à une dénonciation anonyme enregistrée par l’ l’IGPN en juillet 2016. Le 30 juillet dernier, un capitaine de police du nom de Charles D., son épouse, le patron d’une entreprise de sécurité chargée du filtrage des passagers d’Orly, et Mohamed B., un agent des services secrets marocains sont renvoyés en correctionnelle pour des trafics de fiché S, fait savoir Le Parisien. Un cinquième mis en cause a été relaxé. Le juge a déclaré un non-lieu.
Le Marocain Driss A., patron de l’antenne locale de la société de sécurité gérant les "filtrages" à Orly Ouest a mis en relation Charles D. à la tête de l’unité d’information de la PAF Orly et Mohamed B. alias M118. Le capitaine de police a transmis "entre 100 et 200 fiches de renseignement confidentielles" concernant des individus transitant par Orly à destination du Maroc. Il a également remis aux deux Marocains des "badges verts" pour faire transiter des passagers dont un fiché S pour radicalisation et un Marocain à qui la France a refusé le visa par Orly sans passer par les contrôles frontaliers.
À la barre, Driss A. dit aux juges avoir agi « pour le bien commun » et avoir contribué « à sauver des vies. » Seulement, 27 notes de la PAF faisant le point sur le passage ou les rencontres à Orly de personnalités algériennes et marocaines trouvées dans son bureau l’ont confondu. Quant à Charles D., il a expliqué avoir agi dans l’intérêt de la France. Un argument qui ne convainc pas les juges qui relèvent qu’il ne "ne fait pas partie d’un service de l’État dont la mission spécifique est la lutte antiterroriste". De plus, il n’informait à ses actions. L’officier de police et son épouse ont d’ailleurs passé des vacances luxueuses au Maroc accompagnés de Driss A. et de sa compagne.
Driss A et Charles D. ont été placés sous contrôle judiciaire en mars 2018. La femme du capitaine de police, elle, est poursuivie pour vol. Cette aide-soignante volait des médicaments dans la pharmacie de l’hôpital de Draveil (Essonne) où elle travaillait. Elle remettait ces médicaments à son époux, direction Maroc via Royal Air Maroc. Les enquêteurs ont découvert que les vrais médicaments masquaient les fiches S remises, parées de ce nom de code, précise la même source. Un mandat d’arrêt a été émis contre Mohamed B., toujours en cavale.
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