« La formation des imams, des aumôniers et des islamologues : état des lieux, enjeux et perspectives ». Tel est le thème du colloque initié par l’École nationale de formation des cadres religieux et aumôniers et l’Académie française des pensées d’Islam (AFPI), en partenariat avec l’Institut de Science et de Théologie des Religions (ICP Paris) et la Faculté Protestante de l’Université de Strasbourg, rapporte le site Mizane.info.
Dans son discours de lutte contre les séparatismes musulmans, prononcé 2 octobre 2020, Emmanuel Macron avait exprimé son intention de relancer un plan de formation des imams de France. Dans la foulée de l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty, le président français a expressément demandé aux fédérations du CFCM de créer sans délai le Conseil national des imams (CNI) qui aura pour mission de « labelliser » les imams de France. Il a aussi exigé la signature, par ces derniers, d’une charte des valeurs républicaines.
Ces décisions ont suscité des débats houleux. Sur la forme, Tareq Oubrou ne les approuve pas, pour la simple raison que les imams doivent être désignés par leurs pairs et non par des fédérations musulmanes liées à des pays étrangers. « L’islam, comme projet de formation ou projet d’institutionnalisation d’une formation des clercs de l’islam, est d’abord un objet politique découplé en d’autant de décisions publiques, de discours « historiques » et de « choix fondateurs ». « Il est alors question d’une forme d’arc narratif où se déploient le contexte (les attentats terroristes de 2015), les structures théologico-politique (CFCM), les structures d’encadrement (les aumôneries musulmanes) et les mobilisations d’expertises universitaires (mission de réflexion sur la formation des imams et des cadres religieux musulmans, mars 2017). », explique-t-il.
Faisant l’état des lieux de la situation, il observe que très peu de débats s’organisent entre les universitaires, les confessionnels et les nombreux chercheurs en islamologie. C’est pourquoi ce colloque vise à réfléchir à la « complexité de la question des formations et celle des acteurs sur les plans juridique, idéologique, politique, économique et humain », à « étudier les enjeux autour de la division du travail opérée entre l’enseignement de la théologie musulmane par les instituts islamiques et l’enseignement des sciences humaines dispensé par les Universités » et à « dégager des perspectives et des espérances nouvelles pour la mise en œuvre de projets de formation et de recherche ambitieux, créatifs et fédérateurs ».