Les dossiers qui mettent à mal les relations entre la France, le Maroc et l’Algérie sont nombreux : Affaire Amira Bouraoui, rappel des ambassadeurs du Maroc et de l’Algérie en France, crise des visas, Sahara. Depuis la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara en échange de la normalisation des relations diplomatiques entre le royaume et Israël, Rabat attend de Paris une position claire sur cette question vieille de plusieurs décennies qui oppose le Maroc et l’Algérie, protectrice du Polisario. Mais la France continue de jouer à un jeu d’équilibre.
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« Nous sommes dans une situation où il y a une dérive autoritaire de la part des deux pays, le Maroc et l’Algérie, qui fait qu’il y a une surenchère géostratégique. C’est-à-dire lorsque vous avez les élites d’un État autoritaire qui mettent en avant des problèmes de politique étrangère. Ça sert de cache-misère aux problèmes de gouvernance interne, il y a un peu de diversion dans ça », analyse sur RFI Aboubakr Jamai, l’ancien directeur de l’hebdomadaire francophone Le Journal.
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« Or, les deux pays aujourd’hui utilisent des méthodes non-démocratiques pour faire taire leur société et donc, il y a une espèce d’instinct de survie de l’autoritarisme qui fait qu’on a tendance à surenchérir sur le plan du nationalisme, du patriotisme, et donc il faut s’inventer des ennemis, ou magnifier les problèmes qu’on a avec les pays tiers. » Selon le spécialiste, « dans l’esprit des élites marocaines », la France effectuerait un « rééquilibrage », voire « une prise de position en faveur de l’Algérie ».
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« Et puis il y a le fait que dans l’esprit des élites marocaines, il y a un rééquilibrage, si ce n’est, une prise de position en faveur de l’Algérie de la part de la France, avec cette idée qu’étant donné la crise énergétique, l’Europe en règle générale, la France en particulier, deviennent beaucoup plus sensibles aux demandes algériennes au détriment du Maroc, et ça s’illustre par la position sur le Sahara. Nous assistons aujourd’hui, à ce que moi je considère comme étant une dérive de la diplomatie marocaine », ajoute Aboubakr Jamai.