Le budget du ministère marocain de la Défense nationale devrait atteindre 124,7 milliards de dirhams l’année prochaine, selon le Projet de loi de finances (PLF) 2024. Un budget en hausse d’environ 5 milliards de dirhams par rapport à 2023.
Les bulldozers réussiront-ils là où l’Instance Equité et Réconciliation (IER), chargée de faire la lumière sur les disparus des années noires du règne de Hassan II, a partiellement échoué ? Lors de travaux de construction, deux fosses communes et des restes d’ossements humains ont été découverts, en moins de deux mois, dans trois villes marocaines, théâtres dans les années 60, 80 et 90 d’émeutes réprimées dans le sang.
La série macabre a débuté en mars dans un jardin public en cours de réhabilitation, à Fès : des ossements humains datant d’une époque antérieure aux années 90 ont été mis à jour. Un mois plus tard, à Nador, dans le nord du pays, 16 corps, dont celui d’un enfant de 15 ans retrouvé avec son sac de billes, ont été déterrés à l’occasion de travaux d’extension d’une caserne de pompiers, ancienne annexe des forces auxiliaires de l’armée dans les années 80. Les cartes d’identité et les vêtements retrouvés sur 6 cadavres ont permis de faire remonter les événements aux émeutes étudiantes de juin 1984, parmi les plus violentes qu’ait connues le Maroc. Enfin, début mai, à El Jadida, ville de la côte atlantique, 8 crânes ont été exhumés par les pelleteuses chargées de la construction d’une résidence touristique. Prises de court, les autorités marocaines se sont réfugiées dans le silence en attendant les résultats des enquêtes ADN pour déterminer l’origine des corps exhumés à Fès et El Jadida.
Mais, déjà, ces découvertes relancent la polémique sur le travail de vérité lancé depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI, à l’été 2000. En 2005, à l’issue d’un an d’enquête, l’IER, qui a eu à traiter plus de 16.000 dossiers d’atteintes aux droits de l’homme entre 1960 et 1990, avait déclaré ne pas avoir pu faire la lumière sur le sort de 66 disparus (sur un total de 592 morts et disparus durant cette période), évoquant, sans les nommer, le manque de coopération de certains services de sécurité.
« En Amérique latine, en Afrique du Sud, la question des victimes et de la vérité s’est posée dans le cadre d’une transition politique. Le Maroc a essayé de résoudre cette question en gardant le même cadre constitutionnel et en maintenant à leurs places les responsables des exactions. Ceci a ses limites », explique Mohamed Sebbar, président du forum Vérité et Justice. Cette ONG indépendante avait vivement contesté, avec d’autres associations de défense des droits de l’homme, les conclusions de l’IER sur le nombre de victimes liées aux différents soulèvements (325 selon l’IER), tout comme l’incapacité de la commission à localiser les dépouilles des disparus.
« Les découvertes d’aujourd’hui liées au hasard nous confortent dans l’idée que d’autres fosses communes existent comme nous l’avons toujours affirmé », explique le président du forum Vérité et Justice, qui organise aujourd’hui une « caravane » de trois jours à Nador pour exiger que « toute la lumière soit faite sur les disparus et que cette page sombre de l’histoire puisse être ainsi définitivement tournée. »
Source : Libération.fr - Nadia Hachimi Alaoui
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