"Louanges à Dieu,
Que la prière et la bénédiction soient sur le Prophète, sa famille et ses compagnons,
Cher peuple,
Je souhaite que le discours que Je t’adresse aujourd’hui soit une référence sur la voie du Maroc moderne, et qu’il constituera pour nous le phare qui illuminera notre marche vers la dignité et le bien-être. Ce discours porte en effet sur ce qu’il y a de plus cher pour un père de famille ou une mère de famille, à savoir nos enfants, nos petits-enfants et les générations futures.
Ne crois pas, cher peuple, que Mon coeur reste insensible, ou que Je ne sois profondément attriste à la vue de milliers de sans-emploi parmi nos jeunes qui, après avoir fourni des efforts, et persévéré chacun selon ses aptitudes, constatent que les issues leur sont fermées, et que cet horizon porteur d’espoir, échappe à leur perception visuelle.
Ce fléau qui ne date pas d’aujourd’hui, s’explique d’abord, comme c’est le cas dans plusieurs pays, particulièrement ceux en voie de développement, mais aussi les pays développés, par la croissance démographique que connaît le monde entier. Il découle également de l’inadéquation entre la réalité du moment et la vision prospective dans tous les pays, au sujet des programmes d’enseignement et de formation. Il y a en effet dans tout pays, au sein de chaque nation, et dans toute communauté, un déséquilibre, voire un décalage dans le temps, entre l’approche à adopter en ce qui concerne les programmes d’enseignement, et la réalité du moment, celle de la croissance démographique, celle des aspirations de toutes les catégories des populations à l’enseignement et à l’obtention des diplômes pour améliorer leur situation et accéder à une vie digne.
C’est parce que nous vivons cette situation depuis des années, que Nous avions longuement insisté dans plusieurs discours depuis la dernière décennie -tu t’en rappelles cher peuple- sur la formation professionnelle et la formation des cadres, afin de ne pas avoir une jeunesse ayant des diplômes de l’enseignement secondaire ou universitaire sans possibilités d’emploi. Nous avions, en outre, mis en place le Conseil National de la Jeunesse et de l’Avenir, auquel Nous avons attribué une mission consultative, mais aussi une mission qui consiste à se pencher sur les composantes marocaines dans ce domaine en ce qui concerne le genre et le nombre de ces jeunes, ainsi que la nature de leur formation.
Durant l’année écoulée, Nous avions attiré l’attention du gouvernement sur la nécessité de s’informer des expériences des autres pays et des actions entreprises en dehors du Maroc. Nous lui avons ordonne de se pencher sur la question des jeunes sans-emploi titulaires de diplômes de l’enseignement secondaire et supérieur. Tout dernièrement encore, lors de l’avant-dernier conseil des ministres, Nous avons approuvé un projet de loi portant sur la formation et l’intégration des jeunes diplômés.
Aujourd’hui, cher peuple, Je voudrais t’annoncer la bonne nouvelle : la porte te sera prochainement, et par la grâce de Dieu, grande ouverte. Je n’ai jamais pris un engagement envers toi, cher peuple, que je n’ai pu honorer avec l’aide de Dieu. Je m’adresse à toi aujourd’hui pour te dire que si cette loi est appliquée dans sa lettre et dans son esprit, elle nous permettra d’assurer chaque année, l’emploi à 25.000 jeunes, soit 100.000 en quatre années. De quels jeunes s’agit-il ? Il s’agit de ceux détenteurs du baccalauréat plus deux années, à ceux titulaires du doctorat. Un emploi leur sera trouvé et percevront un salaire mensuel qui, avant de constituer une simple somme d’argent, assure pour l’homme sa dignité et tranquillise sa famille sur son avenir. Le fait qu’un homme soit un fardeau pour sa famille, le fait aussi qu’une famille constate que ses enfants sont sans emploi, que ceux-ci ont perdu le passé et qu’ils perdront peut-être l’avenir, sont autant de facteurs qui génèrent un climat de désespoir, un climat qui touche à la dignité. Comment, dès lors, le peuple marocain peut-il être digne et respectable si nous n’honorons pas ses jeunes, et que nous ne leur permettons pas d’accéder à la gloire et à l’honneur, pour être a la hauteur de la responsabilité qui leur incombe depuis qu’ils ont atteint l’âge de la maturité.
Cher peuple,
Je me suis engagé à faire de l’emploi des jeunes marocains la première question - après notre cause nationale- à laquelle Je m’attelle matin et soir. C’est là une promesse que Je te fais, cher peuple et chère jeunesse : afin que ces propos ne soient pas sans effets, Nous avons décidé de demander aux deux chambres du parlement de se pencher, après l’adoption de la loi des finances et avant la fin de leur session actuelle et leurs vacances d’été, sur l’examen de la loi sur l’emploi et l’intégration des jeunes diplômés. Outre le colloque sur les collectivités locales, la décentralisation et la déconcentration prévu à la rentrée parlementaire, soit fin septembre début octobre, Nous appelons aujourd’hui à la tenue d’un autre colloque durant la même période qui aura pour mission d’examiner le suivi de l’application de cette loi dans ses multiples aspects. Il réunira autour d’une même table, le gouvernement, l’appareil législatif, les collectivités locales, les services publics et semi-publics, les commerçants, les industriels, le secteur des services, et toutes les parties en rapport avec l’emploi et la formation continue. Ce colloque aura pour objectif de créer une cellule active et performante qui aura pour mission d’assurer le suivi de l’opération d’emploi et de la formation continue pour l’intégration de nos jeunes dans la société afin qu’il n’y ait aucune faille dans le tissu social.
Cette initiative, cher peuple, n’est pas une fin en soi, nous devons nous pencher sur ce problème tous les deux ou quatre années, parce que le nombre de jeunes augmente, la concurrence, les regroupements régionaux et la mondialisation se renforcent, les moyens de formation et les secteurs d’activités se renouvèlent, Je ne dis pas se multiplient mais se renouvèlent. Nous devons donc être bien outillés pour s’adapter à n’importe quelle méthode de formation, puiser dans toute source de savoir et adopter toute solution bénéfique à notre jeunesse. Je suis convaincu, cher peuple, que nous parviendrons cette année à créer des emplois au profit de 25.000 jeunes. Il ne s’agit pas seulement d’assurer l’emploi, mais aussi de prodiguer une formation continue à ces jeunes détenteurs de diplômes allant du baccalauréat plus deux jusqu’au doctorat, afin de les intégrer dans le tissu social.
Au mois de septembre, nous entamerons cette très importante action qui, en fait, a été déjà engagée et se poursuit et qui fera de ce discours, comme je te l’ai dit, une référence dans l’histoire du Maroc nouveau.
Avant la jeunesse, il y a le stade de l’enfance. Le problème de l’enfance se pose également chez nous et concerne aussi bien les enfants pauvres que les enfants abandonnés ou handicapés. C’est la qu’intervient le bienfait dont le Très-Haut nous a gratifié, à savoir l’application de la Zakat dans l’un des secteurs sociaux vitaux pour notre avenir. A la rentrée, en septembre-octobre, Nous allons, avec l’aide de dieu, Nous réunir, comme Nous l’avions dit, avec les membres du gouvernement et les Ouléma pour examiner la question de la Zakat, dont le produit bénéficiera avant tout aux enfants abandonnés, pauvres ou handicapés. Ce sont en effet ces enfants qui formeront la jeunesse dont seront issus les hommes de demain. Le citoyen marocain doit bénéficier d’une formation ininterrompue, depuis l’enfance jusqu’à la fin de sa carrière. Il s’agit de lui assurer l’enseignement fondamental et de lui prodiguer une formation saine, une éducation qui exclut toute privation, toute jalousie, animosité ou exclusion. Il s’agit donc de former l’enfant qui sera le jeune de demain, un jeune imbu de l’esprit patriotique, prêt à consentir tous les sacrifices au service de ses concitoyens et de sa patrie. Puisse le Très-Haut nous accorder aide et assistance.
Je m’adresse ici, cher peuple, en particulier aux partenaires que Nous allons rencontrer fin septembre ou en octobre, pas uniquement ceux du gouvernement ou de l’administration, mais également les partenaires du secteur prive à tous les niveaux. Cher peuple, c’est un rendez-vous que nous nous donnons d’abord pour identifier les problèmes des jeunes et ensuite, leur trouver les solutions adéquates afin de préparer le climat propice à ceux de nos enfants qui ne disposent pas des moyens leur permettant de devenir des jeunes capables de relever les défis.
Félicitons-nous, cher peuple, de nos acquis, de notre quiétude et de notre foi quant à la solidarité constante entre les Marocains. Grâce en soit rendue à Dieu, le peuple marocain est solidaire. Cela découle des normes et valeurs morales dans lesquelles nous avons été élevés, des préceptes de notre religion et du patrimoine éducationnel que nous a légué notre histoire.
Soyons toujours à la hauteur des attentes de notre pays. Notre pays attend en effet beaucoup de nous, et il est en droit de le faire, car le Maroc qui a accompagné l’histoire, fait face à des évènements tantôt réjouissants, tantôt affligeants, s’en est toujours sorti la tête haute, les fondements renforcés, serein et toujours en quête de la voie la meilleure pour accéder à un rang chaque fois plus élevé. La meilleure des conclusions sera la récitation de ce verset du saint Coran, qui doit toujours nous guider dans nos actions et nos intentions :
« Dis : oeuvrez, Dieu, le Prophète et les croyants verront votre oeuvre ». Les croyants, ici, sont le peuple marocain dans toutes ses composantes. Ils sont parmi ceux qui verront nos actions, comme il est dit dans le verset : « Dis : oeuvrez, Dieu, le Prophète et les croyants verront votre oeuvre »."
09/07/1998
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