"Louanges à Dieu,
Que la prière et la bénédiction soient sur le Prophète, Ses proches et Ses compagnons.
Cher peuple,
La Fête de la Jeunesse que nous célébrons de main, nous offre chaque année l’occasion de Nous adresser à toi, de t’entretenir et de t’associer à notre réflexion et notre planification pour assurer, avec la bénédiction de Dieu et grâce à ta volonté, à ta détermination et à ton espoir en l’avenir, ton bien-être présent et futur.
Je m’adresse particulièrement à la Jeunesse en me demandant de quel sujet vais-je pouvoir l’entretenir et qui n’a jamais été évoqué auparavant ?
Si du nouveau il y a, il réside en fait dans l’espoir que nous nourrissons, toi et moi, pour qu’un changement radical intervienne, durant cette année et au cours des années à venir, dans le traitement de tes problèmes sur les plans de la formation, de l’éducation et dans le domaine social.
J’exhorte à cette occasion ceux qui ont été élus au sein des conseils communaux, ainsi que ceux qui seront élus au prochain Parlement, à engager, dès à présent, une réflexion, à élaborer, dès aujourd’hui, des programmes sociaux, éducatifs et de formation, à les avoir présents à l’esprit, à évaluer leur coût financier, et à définir des plans (d’exécution), afin que nous puissions, ensemble, à Rabat, dans les régions, dans les villes et les campagnes, mettre en place, non seulement une mais plusieurs stratégies qui nous permettront de mieux cerner le problème des jeunes sous ses différents aspects.
Je leur lance cet appel puisque toute planification doit tenir compte de nos moyens financiers. Il est également exclu que l’on puisse augmenter nos dépenses sociales.
Est-ce à dire que nous allons rester les bras croisés ? Je pense que nous devons réfléchir, faire preuve d’imagination et nous inspirer de ce que font les autres, qu’il s’agisse de notre voisinage immédiat ou encore d’autres contrées plus éloignées. Nous devons revoir nos conceptions sur l’exploitation de nos potentialités et de nos moyens qui sont, du reste, très importants, particulièrement en ce qui concerne le budget de l’Etat.
J’ai lu dans les programmes électoraux de tous les partis politiques, ou dans leurs doléances à l’occasion des élections communales, qu’ils souhaitent un élargissement des attributions des communes rurales et urbaines. Je réponds : "Oui". Je suis avec et pour la décentralisation, Je suis pour l’action collective, Je suis pour la participation de tous à l’œuvre commune - on ne peut applaudir d’une seule main - mais à condition que l’on se penche, dès à présent, sur l’élaboration de stratégies. Les domaines à explorer et les chantiers à ouvrir sont à cet égard nombreux et diversifiés. Il nous appartient tout simplement d’être rationnels dans l’utilisation de nos moyens. C’est une question de méthode d’action. Si nous prenons par exemple le problème des jeunes depuis l’enfance, notre devoir dans une première phase est de scolariser l’ensemble des enfants. Il s’agit donc de lutter contre l’analphabétisme, entreprise qui ne doit pas être le fait de la seule école publique. Nous devons en effet, multiplier le nombre des écoles coraniques (M’sid). C’est là une œuvre qui doit être menée, selon une stratégie bien définie. par les communes rurales et urbaines dans le cadre de la province ou de la région.
Nous devons par la suite passer à l’étape suivante de l’échelle sociale, en l’occurrence les mai sons de bienfaisance qui ont disparu de nos jours et que j’ai connues quand j’étais enfant. Ces mai sons ne se limitaient pas, dans leurs actions, à l’octroi d’un gîte et d’effets vestimentaires aux orphelins ou à ceux qui n’ont pas de famille, elles dis pensaient également en leur faveur l’éducation et la formation nécessaires. J’ai personnellement fréquenté plusieurs lauréats de ces maisons et qui avaient dans leurs domaines d’activité un niveau qui leur faisait honneur en tant que Marocains et en tant qu’hommes.
Commençons donc par lutter contre l’analphabétisme, puis faisons en sorte que, dans les grandes campagnes - puisque dans les petites il n y a pas d’enfants qui errent dans les rues - ainsi que dans les villes de moyenne et grande concentrations, les enfants qui s’adonnent à la mendicité ou qu’on utilise à cette fin - c’est devenu un commerce - soient placés, de force s’il le faut, dans des maisons de bienfaisance qui leur assurent hébergement, nourriture, habillement ainsi que la formation professionnelle et technique nécessaire.
Passons ensuite à un niveau supérieur et allons vers les zones agricoles et industrielles, ou les communes et les régions doivent ouvrir un dialogue avec les grands agriculteurs et les propriétaires d’usines, pour que la priorité soit accordée aux fils de ceux qui travaillent dans la ferme ou l’usine, pour recevoir une formation et pouvoir prendre la relève de leurs parents à la fin de leur carrière. Cette formation sera assurée dans des écoles qui seront alors ouvertes.
Pourquoi, par exemple, les usines de conserves de poisson installées dans les villes côtières à Dakhla, Laâyoune, Agadir, Safi et Larache, ne disposeraient-elles pas d’écoles de formation ? Il en va de même pour d’autres usines et unités industrielles.
Une telle action ne peut être menée à bien, cher peuple et chère jeunesse, que par la mobilisation de tous, particulièrement des élus locaux. Je les ai entendu dire, qu’ils souhaitaient l’élargissement des attributions des communes. Soit, Je suis pour cet élargissement mais dans quel domaine ? Pour dépenser quoi ? Quel montant ? Et pour quel objectif ? Je suis persuadé que les habitants des villes et des campagnes accepteront volontiers de nouvelles et légères taxes communales, s’ils sont convaincus que leurs enfants, ceux de leurs voisins et de leurs familles, que l’exode a conduits vers le Nord ou le Sud, seront bien encadrés et recevront une formation. C’est là un domaine qui mérite tous les sacrifices.
Je suis convaincu que si un conseil municipal, un groupe de conseils municipaux et ruraux ou une région décide d’améliorer ses recettes en majorant certaines taxes municipales, non pour renflouer les caisses, mais pour promouvoir les secteurs social, de formation et d’éducation, cette décision sera accueillie, cher peuple et chère jeunesse, avec un enthousiasme au niveau de la région, voire au plan national, qui incitera les gens à réactiver les associations de bienfaisance, à ouvrir des écoles coraniques et des écoles de petite dimension ne nécessitant la mobilisation d’un grand nombre de cadres, ni des dépenses importantes. Ces écoles permettront aux enfants d’apprendre au moins l’alphabet et les préparerons à accéder à l’enseignement primaire.
Lorsqu’on saura qu’en plus de l’action de ces associations de bienfaisance, les grands agriculteurs apporteront leur aide pour la formation des mécaniciens, de conducteurs, et pourquoi pas, des cadres moyens et supérieurs au profit de la région ou de la commune, et lorsque les patrons d’usines se proposeront de participer à cette œuvre, chacun dans sa catégorie professionnelle, aux cotés des communes et des régions à condition qu’ils puissent contrôler les dépenses en coordination avec le conseil communal ou régional, selon une méthode convenue, J’ai la conviction qu’aussi bien la capitale, Rabat, les collectivités locales, les régions, les détenteurs de capitaux ainsi que l’ensemble des opérateurs économiques prendront, avec nous ce problème à bras le corps, pour combattre le désespoir des jeunes et leur ouvrir de nouveaux horizons pour un avenir meilleur.
J’attends - et Je demande à l’ensemble des Marocains de faire de même- le résultat de la réflexion des bureaux et des conseils municipaux et ruraux, que J’invite à se pencher sur ces idées, à les rassembler et à en tirer toutes les significations.
Certes, le gouvernement a un rôle dans l’emploi des jeunes et leur formation, mais le gouvernement doit avant tout avoir à l’esprit une chose essentiel le, à savoir, que le recrutement pléthorique de fonctionnaires n’est pas la solution adéquate pour lutter contre le chômage. Il constitue, au contraire, une catastrophe et ne peut conduire qu’à l’échec certain aux niveaux social et étatiques.
Ecartons donc de notre réflexion et de nos programmes l’idée de vouloir résoudre le problème de l’emploi par l’embauche de fonctionnaires. D’abord, le recrutement de fonctionnaires de manière anar chique ne fera qu’aggraver les choses et, ensuite, tout Marocain n’a vocation de devenir fonctionnaire. En effet, dans la fonction publique, il n’y a de place ni à l’aventure, ni à l’imagination, comme il n’y a point de liberté.
La fonction publique n’ouvre pas non plus de perspectives aux jeunes en quête d’aventure et qui souhaitent mettre à l’épreuve leurs capacités et réaliser leurs ambitions. Elle ne fait plutôt que grever davantage le budget de l’Etat.
Chère jeunesse, Je me demandais au début de mon allocution, de quel sujet J’allais t’entretenir. Devais-je te demander de t’armer d’espoir, comme nous l’avons toujours fait ? cela aurait été insuffisant. Devais-je t’exposer un plan, un programme chiffré ? Je n’aurais pas été en mesure de le faire, même si Je disposais du plus grand ordinateur du monde.
Mon devoir demeure de réfléchir à de nouvelles idées, à de nouvelles méthodologies, pour inciter les gens, par de nouvelles orientations, à engager la réflexion sur de nouvelles méthodes, de nouveaux objectifs. Tels sont, Je pense, mon devoir, ma mission et ma raison d’être dans la fonction que J’occupe auprès de toi. Telle est la justification de la place que J’occupe dans ton esprit et dans ton cœur, cher peuple et chère jeunesse.
Pour ne pas conclure cette brève allocution sur cette note - Je ne dirais pas triste puisqu’elle ouvre de nouvelles perspectives -, Je voudrais te dire que tu as donné, à maintes fois, la preuve que quand tu veux, tu réussis et tu réalises tes aspirations. La meilleure preuve en est que pour le Maroc l’année sportive a été, par la grâce de Dieu, porteuse et bénéfique, et ses résultats sont plus importants que tu ne le penses. cher peuple.
Peux-tu imaginer, et nous le disons en toute modestie, que lorsque pour la première fois lors des Jeux Olympiques, le drapeau marocain a été hissé grâce à Aouita et Nawal (Moutawakil), beaucoup de spectateurs se sont demandés qui est ce « Morocco » ? ils ne le connaissaient pas. Ceux qui se sont posés cette question, ont par la suite connu ce « Morocco », davantage par Aouita et Nawal que par son Roi, ton humble serviteur.
C’est là une réalité que nous ignorions. La moisson et les succès que nous avons réalisés, par la grâce de Dieu, sont in imaginables. C’est le meilleur investissement que la jeunesse marocaine pouvait faire à l’étranger. Il nous reste à savoir comment fructifier l’investissement que Nos jeunes athlètes ont réalisé à l’étranger.
Encore une fois, cher peuple et chère jeunesse, Je vous souhaite une heureuse Fête. Puisse Dieu en faire une Fête porteuse de bienfaits et de bonheur et vous ouvrir, ainsi qu’aux générations à venir, les portes de l’espoir, de la victoire et du progrès.
J’implore le Très Haut de faire en sorte que tu puisses ainsi que ceux auxquels Je me suis adressé aujourd’hui, en l’occurrence les intervenants dans les domaines social, économique et éducatif, agir conformément à ce verset du Saint-Coran : « Oeuvrez, Dieu verra votre œuvre ainsi que Son Prophète et les croyants ».
Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur vous."
08/07/1997
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