Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a récemment confié avoir demandé à plusieurs reprises au roi Mohammed VI de le démettre de ses fonctions de Chef du gouvernement.
L’affaire ne mérite peut être pas qu’on s’y arrête, mais un professionnel, quel que soit le secteur dans lequel il exerce, est toujours choqué par les manquements aux règles et principes fondamentaux de sa profession quand il y est confronté. C’est ce qui arrive aujourd’hui à certains d’entre nous, professionnels de la presse marocaine.
Lorsque, dans le village planétaire qui est désormais le notre, tombe une information concernant notre pays, ou (a fortiori) les premiers responsables de notre pays, il va sans dire qu’on s’y arrête. Et, si le sujet est important, on fait plus que s’y arrêter : on creuse, on recoupe, on remue ciel et terre pour en avoir le fin mot.
Ainsi, lorsque, la semaine dernière, tombait « l’information » selon laquelle SAR le Prince Moulay Rachid aurait décidé de s’exiler aux Etats-Unis, on imagine aisément qu’un tel sujet monopolise sur le champ notre attention. Surtout lorsque « l’information », semble avoir plus d’une source. En l’occurrence, elle paraissait en Espagne et en Algérie.
Or, que dévoile une « traçabilité » élémentaire de cette « info » ? Elle révèle que le premier article sur le sujet avait été écrit par le journaliste marocain interdit de journalisme au Maroc, Ali L’Mrabet, dans le journal espagnol « El Mundo » où il officie depuis sa condamnation et son exil volontaire (vrai exil, celui-là). Et qu’en Algérie, c’était juste cet article qui avait été repris et... « Amélioré » !
Le Prince Moulay Rachid qui décidait de s’exiler aux USA sous la plume de Ali L’Mrabet, demandait carrément l’asile politique aux Etats Unis dans la presse algérienne. Dans cette presse, il est même question de « rébellion des princes » et pas d’un prince ; du Roi qui « fait face à une grogne au sein de son entourage immédiat » ; et d’une « crise économique aiguë que vit le Maroc »...
Dans le journal algérien « Liberté », le plumitif qui a écrit cela (un certain K. Abdelmalek, qui s’illustre souvent par sa défense ‘ardente’ du Polisario et sa hargne contre le Maroc) ne s’est pas embarrassé de scrupules. Il n’a même pas craint pour sa réputation de professionnel. Il a tout simplement repris à son compte quelque chose qui lui paraissait bon pour « casser du Maroc ».
Et « El Mundo », ce journal de droite, proche du « parti popular » d’Aznar dont l’inimitié pour le Maroc est connue, a été mû par la même logique.
Qu’advient-il du professionnalisme dans tout cela ? De la déontologie ? De l’éthique et de la conscience professionnelle... ?
Que la monarchie marocaine fasse l’objet de tous les fantasmes, nul n’en doute plus. Le Roi et plusieurs membres de la famille royale en font régulièrement les frais. Le Prince Moulay Rachid a été (relativement) épargné jusque-là. Le voilà pris pour cible à son tour et... brutalement mis en avant dans un embrouillamini mêlant son nom avec le nom du Prince Moulay Hicham qu’il serait sur le point de rejoindre aux USA, le nom du Prince Héritier dont il réaliserait juste maintenant qu’il l’aurait déclassé au 2ème rang sur la liste des prétendants au Trône, le nom de Driss Basri avec lequel il aurait de secrètes affinités et, enfin les noms des ministres délégués Fouad Ali Al himma et Taïeb Fassi Fihri qui auraient dissuadé le Roi de lui confier des responsabilités. Comme si cela était possible ! Ou même concevable...
Que Ali L’Mrabet ait des comptes à régler avec son pays, cela non plus n’étonnera personne. Son histoire, autant que son style sont connus... Mais que des journaux comme « El Mundo », de notoriété mondiale, ou « Liberté » qui a arraché de haute lutte son droit à l’existence qui sont assez importants pour être - à notre avis - intransigeants sur leur crédibilité, endossent ces manquements, c’est... inqualifiable ! Où donc s’arrêtera la chute de notre profession ?
Le Reporter - Bahia Amrani
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