Espagne : Les Narcolanchas, cette menace qui vient du Maroc

Le phénomène des Narcolanchas, ces bateaux ultrarapides utilisés par les réseaux de trafic de cannabis pour le transport de la drogue du Maroc vers l’Espagne, a pris une ampleur inquiétante dans le détroit de Gibraltar ces dernières années.

En Espagne, les douaniers et les policiers craignent les Narcolanchas qui peuvent aller à une vitesse de 100 km/h et transporter jusqu’à trois tonnes de drogue du Maroc vers l’Espagne via le détroit de Gibraltar. « Ils chargent le cannabis au Maroc et attendent en mer le bon moment pour le livrer en Espagne. Il leur suffit de 10 minutes pour aller d’une côte à l’autre. Ils connaissent les moindres de nos mouvements et savent que l’on est en train de patouiller. C’est très compliqué de les trouver et de les arrêter à cette vitesse », confie Riccardo, le chef d’embarcation des douanes d’Algésiras, au micro de TFI Info.

Les trafiquants de drogue sont conscients de leur position dominante sur les forces de sécurité espagnoles dans le détroit. Ils se permettent même de publier des vidéos de leurs exploits sur les réseaux sociaux pour montrer l’incapacité des douaniers espagnols à leur mettre la main dessus. Les narcotrafiquants ont mis en place un système bien huilé. Une fois introduite en Espagne, la drogue provenant du Maroc est distribuée dans toute l’Europe en seulement quelques heures.

Le trafic de cannabis génère des ressources importantes à ces réseaux. « Les trafiquants peuvent gagner jusqu’à deux millions d’euros par traversée » avec une Narcolancha qui coûte environ 120 000 euros, détaille Lisardo Capote, responsable des douanes d’Algésiras, précisant que la production de ces bateaux est pourtant interdite en Espagne depuis 2018. Les narcotrafiquants ont simplement contourné cette interdiction en s’approvisionnant depuis le Portugal.

Ce business très lucratif a permis aux narcotrafiquants de construire des villas de luxe dans la ville de La Línea de la Concepción, où le taux de chômage est le plus élevé en Espagne, soit 30 %. Environ 3 000 personnes de cette ville subviennent à leurs besoins et à ceux de leurs familles grâce à ce trafic de drogue. Par ailleurs, les narcotrafiquants sont devenus de plus en plus violents u cours de ces dernières années. En janvier dernier, un bateau ultrarapide transportant de la drogue a heurté un bateau de la Guardia Civil, tuant deux agents.