Cette nouvelle procédure permet d’aborder d’une autre manière la situation des droits de l’homme dans les différents pays du monde. « La première nouveauté est la sélection par tirage au sort des pays à passer l’examen », indique Amina Bouayach, présidente de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH). Pour cette session, à côté du Maroc, figurent sur la liste de l’Onu la Tunisie, l’Algérie et le Bahreïn.
Autre innovation, la participation effective des ONG. Jusqu’à présent, ces dernières présentaient leurs conclusions, parallèlement au rapport officiel du gouvernement. Désormais, elles peuvent participer au débat et ne sont plus par conséquent cantonnées au rôle d’observateur. « Dans la nouvelle formule de l’EPU, on doit présenter nos recommandations en 5 pages et il y a aussi la possibilité d’interroger le représentant du gouvernement », souligne Bouayach.
Pour le cas du Maroc, en plus de l’OMDH, d’autres ONG nationales se sont retrouvées à Genève pour l’occasion, dans l’objectif de faire leur plaidoyer pour les libertés publiques et individuelles dans le pays. Ainsi, l’OMDH, associée à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), indique que le Maroc a fait des « avancées indéniables ». Toutefois, le rapport enregistre encore l’absence d’une stratégie globale et cohérente de promotion et de protection des droits de l’homme. Selon la présidente de l’organisation, cela est dû au retard pris dans le lancement du Plan national pour les droits de l’homme au Maroc.
En matière de recommandations, on distingue deux parties. La première concerne les droits fondamentaux et les doits civils et politiques. Dans ce chapitre, l’OMDH a invité les autorités marocaines à mettre un terme aux pratiques de torture et de mauvais traitement des détenus. Les disparitions forcées, les droits des migrants et des réfugiés figurent également au menu. Dans ce cas, l’ONG propose d’initier un débat national pour l’institutionnalisation du respect du droit de rassemblement pacifique. Dans ce sens, l’OMDH annonce la tenue, le 26 avril, d’une rencontre autour de ce thème.
« Nous allons revendiquer l’aménagement par les autorités d’une place publique dédiée uniquement aux sit-in et aux manifestations. Là, les citoyens pourraient y réclamer leurs droits en toute liberté », indique la responsable de l’OMDH. Autre revendication, la révision de l’actuel code de la presse et l’abrogation de toutes les dispositions contraires ou restrictives à la liberté d’expression ».
Les droits économiques, sociaux et culturels font l’objet de la seconde partie des recommandations de l’ONG marocaine. Sur ce paragraphe, l’Etat a été invité à déployer davantage d’efforts en matière de promotion des droits de la femme. L’OMDH réclame également de renforcer les droits des citoyens dans de nombreux secteurs sociaux, comme l’éducation, le travail, la santé et le logement. Le droit à la culture a été également évoqué.
Sur ce point, l’OMDH invite l’Etat à « reconnaître la langue amazighe en tant que langue nationale ». Toujours dans le même chapitre, on propose, pour les élections de 2009, d’affecter 2% des budgets des municipalités pour développer les structures et les espaces de créativité.
Source : L’Economiste - Nour Eddine El Aissi