"Cher peuple,
La fête que tu célèbres aujourd’hui est la tienne, exclusivement la tienne, et si d’un même élan de fierté et d’amour tu en saisis l’occasion pour commémorer l’avènement de celui que Dieu a privilégié de l’insigne mission de te guider, c’est parce que tu tiens à unir dans le même hommage ton institution sacrée et son premier serviteur.
Le trône -tu le sais bien- est d’abord cette volonté de vivre ensemble et unis que tes aïeuls ont manifestée il y a plus de douze siècles, et qu’ils t’ont laissée en héritage. C’est le symbole de la nation, la matérialisation de son épaisseur historique, la preuve de sa capacité d’exister qui va au-delà de tout ce qu’une notion de quelque nature que ce soit peut exprimer. Plus qu’une communion, plus qu’une symbiose, les liens qui te lient à ton trône et qui t’attachent à ton Roi, et qui attachent ton Roi à ton service, font intrinsèquement partie de ta nature.
En ce moment de fête et de méditation sur le sens profond des liens intangibles entre le trône et le peuple, il nous plaît de noter que tout au long du chemin que nous avons parcouru ensemble, nous avons enregistré de grandes réussites, relevé tant de défis et évité bien des écueils. Grâce à Dieu, nos réussites et nos acquis sont, dans tous les domaines, suffisamment manifestes et solides pour donner à chacun de nous une fierté légitime, et au Maroc une notoriété remarquée dans le concert des nations.
Cher peuple,
Depuis que Dieu nous a confié la mission de te guider vers un destin qui soit à la mesure de ton glorieux passé, de tes aspirations et de tes ambitions légitimes, nous n’avons cessé d’aplanir la route devant ton avance régulière, te faisant progresser d’étape en étape, sans lenteur ni précipitation. Nous avons toujours privilégié la politique du possible qui n’est pas, loin s’en faut, le repli dans la facilité, mais le recours aux voies et moyens qui peuvent conduire au souhaitable. Grâce à cette démarche, et toujours attentif à ce que tu aimerais, nous avons chaque fois modulé tes institutions en fonction de ce qui est préférable.
Ainsi, lorsque dans la constitution révisée, que tu as approuvée à la quasi-unanimité, nous avons introduit le bicaméralisme, ce ne fut de notre part ni une décision fortuite, ni un effet de mode, mais la manifestation de notre attachement aux fondements populaires et démocratiques de ta communauté nationale, ainsi que la traduction parlementaire des valeurs de la monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale à seule fin d’ouvrir devant ta représentation nationale le champ d’action le plus étendu possible. La complexité des mutations en cours, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, induit en effet des défis multiples qui ne pourraient être affrontés avec succès que par la mise en synergie de toutes les ressources de réflexion, d’action et de production dont le pays dispose.
Aussi, est-ce à cette fin que nous avons tenu à ce que notre édifice parlementaire soit le reflet expressif de l’ensemble des forces vives qui animent la vie nationale. Et tout comme nous nous y attendions, l’expérience s’avère, Dieu merci, très prometteuse. Les deux chambres ont fait preuve d’un esprit constructif, que ce soit pour assimiler et s’atteler à roder les mécanismes du bicaméralisme ou pour organiser leurs rapports de coopération avec le gouvernement. Elles ont, pour ainsi dire, pris la mesure du rôle qui est le leur dans le nouveau système. Mais nous attendons davantage de nos élus. Nous voudrions les voir plus imaginatifs, plus créatifs et plus présents aussi, non seulement dans la sphère parlementaire, mais sur tous les fronts ou l’action se déroule. Nous voudrions surtout qu’ils soient bien conscients de la délicate dualité de leur mission qui est d’être, tout autant, la voix de leurs électeurs auprès des instances gouvernementales et les messagers de l’état auprès de leurs mandants. Ils ne sont pas sans savoir que la démocratie n’est ni un slogan de propagande, ni une construction théorique, mais un exercice qui serait bien ardu si chacun n’y apportait pas le meilleur de lui-même. C’est en contribuant sur les divers fronts à l’approfondissement du dialogue et à l’élargissement de la concertation, loin des passions claniques et des surenchères démagogiques, qu’ils participeront à l’enracinement des usages démocratiques.
Et bien que, conventionnellement, les graines de ces usages doivent d’abord prendre racines dans le terreau fécond des institutions politiques, la vigueur de leur bois n’en reste pas moins tributaire de l’étendue de leur dissémination à travers le large champ des rapports sociaux. C’est pourquoi nous avons toujours adopté la méthode pédagogique pour faire valoir les vertus du dialogue, de la concertation et du consensus, faisant de cette trilogie notre doctrine de gouvernement, et amenant ainsi progressivement le Maroc au niveau très enviable de démocratie où il se trouve.
Notre expérience fait désormais modèle et notre conception de l’alternance est citée en exemple. Symbole de l’unité de la nation et de la continuité de l’état, et traçant par ailleurs les grands desseins du pays, nous avons institué une alternance qui prend en charge la gestion des affaires publiques, tout en permettant à des courants politiques divers de rivaliser pour mettre en oeuvre les grands desseins que nous avons fixés.
Ce faisant, nous donnons l’occasion à une nouvelle élite, venue de diverses sensibilités politiques, de prendre la relève pour apporter à la direction des affaires publiques un nouveau potentiel d’énergie. C’est une occasion pour elle de s’initier directement aux réalités très complexes du pouvoir, de se frotter aux dossiers et d’acquérir une culture de gestion dont elle ne soupçonnait pas les multiples arcanes. Le Maroc, plus mobilisé que jamais, ne peut tirer plein bénéfice de cette rotation des élites, et maximiser ses atouts comme l’assolement maximise la fertilité des sols, que dans la mesure où l’alternance se traduit, et par l’implication de ceux qui sont investis de la responsabilité gouvernementale, et par l’engagement de ceux qui leur apportent leur concours et leurs appuis, qu’ils s’agisse de leurs assistants ou des organisations dont ils se réclament. Cette alternance est un mode de gouvernement que nous avons initié, mûri et concrétisé, et auquel nous apportons tous nos soins pour lui permettre d’atteindre les objectifs que nous lui avons assignés.
C’est par la saine compétition au sein des instances parlementaires, que majorité et opposition peuvent devenir, l’une pour l’autre, une source d’émulation. Elles ont, l’une et l’autre, mission de conférer à leurs délibérations sérieux et dignité afin que l’alternance, que nous nous sommes attachés à entourer de toutes les conditions favorables, puisse répondre aux espérances qu’elle a suscitées. Elle requiert, à cette fin, non seulement une majorité qui soit fortement engagée, mais aussi une opposition de qualité que nous avons toujours appelée de nos voeux car, sans opposition, il ne peut y avoir d’alternance, de pluralisme et de véritable démocratie.
Est-il besoin de rappeler que la mission de l’opposition consiste à porter un regard critique et vigilant sur l’action du gouvernement, et que, tout en jugeant avec vigueur cette action, se garde de ne pas la juger injustement ? De même, se doit-elle de ne pas se limiter à faire observer les carences, mais de suggérer les solutions de substitution que ces carences appellent. C’est, animés de cet esprit positif, et dans l’attachement à l’islam, la symbiose entre le trône et le peuple, l’union nationale et la consolidation des assises de la démocratie, que nous pouvons préparer le Maroc à affronter les problèmes de demain, un Maroc de foi, de tolérance, d’ouverture, de justice et de solidarité. Ce sont là des valeurs fondamentales, et qui exigent que chaque marocain soit un citoyen utile à lui-même, utile à sa famille et utile à sa patrie.
Les nations qui gagnent et l’emportent aujourd’hui sont celles qui sont entièrement au travail, chacun dans son domaine, chacun selon ses moyens et chacun selon ses compétences. C’est pourquoi nous n’avons cessé de rappeler la nécessité de réhabiliter le travail, de le valoriser, de lui porter tout le respect et la reconnaissance qui lui reviennent dans notre échelle des valeurs. C’est également pourquoi nous avons garanti dans notre constitution le droit d’entreprendre. Travailler et entreprendre, honnêtement, résolument, constamment, est le devoir de tout un chacun et constitue la seule voie de succès dans le monde qui nous entoure.
Notre morale, nos lois, nos attitudes quotidiennes doivent être entièrement vouées à encourager, récompenser et stimuler toutes les énergies de travail et d’entreprise dont dispose, grâce à Dieu, notre nation dans tous les domaines.
A cet égard, il faut bien souligner que la vieille distinction entre domaine économique et domaine social n’est plus de mise aujourd’hui. Ces deux domaines prétendument distincts constituent en fait les deux faces d’une même réalité : celle du bien-être socio-économique, auquel se mesure le véritable progrès des nations. Dans ce sens, l’économique ne doit pas être compris comme une poursuite de la croissance et de la productivité à la seule fin d’augmenter le profit, ne laissant aucune place aux aspirations naturelles de ceux qui créent la richesse. La croissance doit avoir pour finalité la promotion de l’homme à travers une répartition équitable des fruits qu’elle génère, car elle est la seule qui puisse favoriser et garantir la cohésion sociale indispensable à l’équilibre et au développement harmonieux du pays.
C’est suivant une telle conception de développement que nous devons aborder les grandes priorités de la nation. Celles-ci sont nombreuses et il est de notre obligation de montrer le chemin des réformes qu’il faut entreprendre sans délai. Ainsi, importe-t-il de dégager un noyau dur formant les plus urgentes d’entre elles sur lesquelles il convient de se concentrer et qui devront être définies dans leur objet, précisées dans leur contenu, évaluées dans leurs dimensions financière et socio-économique, et fixées dans leur calendrier et leurs modalités pratiques de mise en oeuvre.
Cher peuple,
Un des plus importants de ces chantiers est sans conteste la réforme de notre système d’enseignement dont nous avons déjà souligné l’urgence et l’acuité à plusieurs reprises. Cet appel du futur, qui est déjà une nécessité présente, exige de nous de nous investir avec détermination, dans une réforme efficiente de notre système d’enseignement. C’est pourquoi nous avons décidé de constituer une commission spéciale qui aura pour charge de proposer un projet de réforme du système d’éducation et de formation en tenant compte de la méthodologie et des objectifs définis dans la lettre que nous adresserons au conseiller de notre Majesté, Monsieur Abdelaziz Meziane Belfquih, que nous avons nommé président de cette commission.
A notre chère jeunesse, nous disons gardes tes vertus d’optimisme, de dynamisme, de créativité, d’ouverture et de fidélité aux valeurs sacrées de ta patrie. Gardes la tête haute, les yeux au ciel et les pieds sur terre, il n’y a nulle raison au pessimisme, au négativisme, au découragement ou à l’égarement. L’état et la collectivité nationale de ton pays sont résolus à t’apporter toute l’aide que tu mérites. Nous sommes décidés à investir, encore davantage que par le passé, tous les moyens nécessaires pour te préparer à la compétition ont armes égales avec tes semblables de par le monde, dans tous les domaines du savoir, du savoir-faire et du savoir être scientifique, technologique, culturel et sportif.
Avec le même souci de réforme, nous nous préoccupons d’un autre domaine : celui de la justice. En effet, la mission de la justice a toujours été entourée chez nous d’une dignité et d’une noblesse proportionnelles au respect et à la considération que nos glorieux ancêtres ont toujours portés à la justice. Grâce à Dieu, nous avons franchi des pas importants dans la construction et la consolidation de l’état de droit. Le chantier de mise à niveau complète de la justice de notre pays reste naturellement ouvert, car ce système doit encore et toujours faire mieux, notamment sur deux points : d’une part, la célérité d’instruction, d’expédition des dossiers et d’exécution des jugements au niveau de toutes les instances juridictionnelles et, d’autre part, la transparence, l’intégrité et la lisibilité des procédures et des motifs de jugement, aux yeux de tous les justiciables. Il est également nécessaire de renforcer les tribunaux administratifs, car nous tenons à ce que la primauté reste à la loi dans tous les actes administratifs. C’est la l’une des assises de l’état de droit que nous avons bâti.
Un jalon important a été par ailleurs posé dans ce sens par le statut constitutionnel conféré au rôle de la cour des comptes, et nous attendons de notre gouvernement de présenter sans délai au parlement la nouvelle loi régissant cette importante institution, et de mettre rapidement en place les cours régionales des comptes.
Cher peuple,
Dans le même esprit, la politique de décentralisation, que nous avons mûrie, est appelée à franchir de nouvelles étapes pour consolider les acquis, d’autant que l’apport des énergies locales est déterminant dans la réussite de toute politique nationale. La rénovation et l’actualisation des mécanismes de la décentralisation dans le cadre d’un code des collectivités locales régissant une démocratie locale basée sur la proximité et la transparence doivent être accompagnées par une vraie politique de déconcentration, comme nous l’avons prôné lors de l’ouverture du dernier colloque sur les collectivités locales. La déconcentration, comme corollaire indispensable de la décentralisation, doit avoir comme cadre privilégié la région. Celle-ci est appelée à jouer un rôle primordial dans la planification du développement local intègre, tant il est vrai que la clé de tout développement économique et social, industriel ou agricole, est tributaire du degré d’efficacité qui sera assuré à la décentralisation et à la déconcentration à l’effet de promouvoir l’investissement et l’emploi dans de bonnes conditions. C’est là l’esprit des structures institutionnelles de la nouvelle constitution. D’une manière générale, la réforme et la modernisation de notre administration doivent se poursuivre pour l’ajuster aux exigences nouvelles de l’environnement national et international et aux mutations du rôle de l’état. Dans cette optique, il n’y a plus de place pour une bureaucratie lourde, excessivement interventionniste et procédurière.
Mais, en plus de la nécessité pour notre administration d’être marquée au sceau des vertus de la simplification de la procédure et de la rationalisation des modes de recrutement et d’évaluation continue des fonctionnaires dans le cadre d’une réforme du statut général de la fonction publique, il faut assurer la transparence et la rigueur dans toutes les actions et transactions administratives, ce qui implique une lutte incessante et implacable contre toutes les déviations.
Cher peuple,
Tu n’ignores pas à quel point nous sommes préoccupés par la question de l’emploi, notamment l’emploi des jeunes, tant nous l’avons évoquée à maintes occasions antérieures et, tout dernièrement, à l’occasion des premières assises nationales de l’emploi dont nous avons personnellement présidé les travaux. Réitérons seulement que nous pouvons être rassérénés par le fait que notre pays ait pu assurer un rythme annuel de créations d’emplois tout à fait honorable, dans un contexte international difficile pour tous les pays. Mais, naturellement, nous ne pouvons souffrir qu’une partie active de nos fidèles sujets soit privée de l’opportunité d’apporter, par son labeur, une contribution personnelle à l’édification nationale.
Forts de ce constat et de cette conviction, nous devons encore insister sur la nécessité de distinguer entre l’emploi productif et l’emploi stérile. La promotion de l’emploi profitable aux individus et à la collectivité nait de la croissance. Celle-ci est elle-même engendrée par l’amélioration de la productivité et par l’investissement. Aussi, la création de meilleures conditions à la croissance et à l’investissement et la levée des obstacles qui leur sont nuisibles doivent-elles demeurer les fondements essentiels de notre stratégie, visant à développer des solutions durables et à grande échelle au problème de l’emploi.
De plus, et dans toute la mesure ou l’emploi dépend du dynamisme, de la compétitivité et de l’expansion des entreprises, et pour autant que les relations de travail soient un élément décisif à ces fins, il urge de doter notre pays d’un code du travail moderne, incitant et qui garantit équitablement les droits et obligations de tous les partenaires sociaux. C’est là un jalon essentiel à la réussite d’un chantier d’avenir auquel nous oeuvrons : la promotion des investissements. Un effort vigoureux doit être déployé pour encourager et drainer encore davantage les investissements, tant nationaux qu’étrangers, afin d’assurer la croissance forte et durable que nous appelons de nos voeux.
Il ne faut pas, non plus, perdre de vue la nécessité de sauvegarder les grands équilibres de nos finances publiques et de promouvoir et encourager l’épargne. Par ailleurs, il faut veiller à ce que l’investissement public soit maintenu à un niveau acceptable lui permettant ainsi de jouer un rôle moteur dans la croissance économique. Et comme les petites et moyennes entreprises constituent une composante principale du tissu économique du pays, il est essentiel de leur apporter toute l’attention et le soutien nécessaires. Dans cette perspective, la concertation, la collaboration et le partenariat entre l’état, les collectivités locales et les opérateurs économiques privés sont des nécessités impérieuses. Cette philosophie de concertation et de partenariat nécessite que le secteur privé de notre pays devienne encore plus performant, mieux structuré et organisé afin de pouvoir jouer un rôle majeur dans la dynamisation de la croissance économique, la création des richesses et la promotion de l’emploi.
Cher peuple,
Depuis quelques années, nous avons engagé le transfert au secteur privé de certaines entreprises publiques et cette expérience doit être étendue et enrichie des enseignements qui peuvent en être tirés. Cependant, la privatisation n’a jamais signifié pour nous une simple question de transfert de propriété ou une affaire à objectif purement budgétaire. Bien au contraire, elle constitue un axe fondamental de modernisation et de restructuration de notre économie, dans le double sens de la réhabilitation des missions véritables des pouvoirs publics et de la responsabilisation de l’ensemble des opérateurs à vocation socio-économique dans le développement du pays. La nouvelle législation relative à la privatisation doit tenir compte des enseignements de l’expérience qui s’achève. Elle doit également tenir compte de la philosophie qui préside à la politique de la privatisation dont l’objectif est l’enrichissement de ceux qui travaillent dans les entreprises privatisées, et prendre en considération les impératifs de l’environnement économique de l’heure qui doit préserver la compétitivité.
Là encore, il importe de bâtir sur les acquis et les avancées réalisées dans le sens de rendre à l’état la noblesse de ses missions et de le dégager de la gestion économique directe partout ou cela est possible et partout où cela sert l’intérêt général sans dogmatisme ni à priori. Le développement durable nécessite une vision globale et une action conséquente et coordonnée de tous les acteurs publics et privés, au fil du temps.
A cette fin, nous avons introduit dans notre constitution la notion de plan pluriannuel de développement économique et social. Naturellement, il n’a jamais été et ne sera jamais question dans notre esprit de sacrifier à une planification centralisée et bureaucratique. Avec la même vigueur, nous continuons d’ailleurs de rejeter l’ultra-libéralisme qui sacrifie la dimension sociale au règne exclusif et aveugle de la loi du profit. Nous voulons pour notre pays une planification souple, qui montre le chemin, anticipe les changements et guide les décideurs sans les emprisonner, ni les soustraire, du même coup, à l’obligation d’initiative, de vigilance constante et à la responsabilité d’évaluation et d’ajustement continus. Car seul ce type de planification est compatible avec la régionalisation, la décentralisation et la déconcentration que nous avons instaurées et qui doivent progresser notablement. Notre plan doit émerger de la concertation entre les instances centrales, les collectivités territoriales à tous les niveaux et, bien entendu, le secteur privé.
Cher peuple,
Comme toute société, et heureusement dans une moindre mesure que nombre de sociétés à développement comparable, notre pays affronte des difficultés dans certains domaines et notamment celui relatif à la faiblesse du pouvoir d’achat des plus démunis d’entre nos fidèles sujets. Si, grâce à Dieu, la solidité de notre tissu social et de sa cellule de base, la famille solidaire, atténuent le fléau du besoin, il n’en reste pas moins qu’une mobilisation et une sensibilisation civiques s’imposent pour l’enrayer.
Il est heureux de constater que les opérations de solidarité sociales, dont faisaient partie celles que nous avons confiées à la conduite de notre Prince Héritier, notre fils dévoué le Prince Sidi Mohammed, ont donné à l’esprit civique et solidaire des marocains de nouvelles occasions de s’exprimer avec éclat et enthousiasme. Elan ainsi déclenché ne saurait être confondu avec des actions de circonstance. Au contraire, il s’agit d’un combat en profondeur, engagé sur un nouveau front, pour le bien-être de tous nos fidèles sujets.
Cher peuple,
Tu sais bien quelle sollicitude nous vouons à nos chers sujets agriculteurs et au développement du monde rural, sollicitude qui constitue une des constantes de notre politique. Et si depuis notre accession au trône de nos glorieux ancêtres, nous avons pu accomplir de nombreuses réalisations, notamment dans les domaines de la mobilisation des eaux par l’édification des barrages de toutes dimensions, l’extension des réseaux d’irrigation, les facilités de crédit, l’équipement du monde rural en infrastructures utiles, il n’en reste pas moins nécessaire de poursuivre le même effort dans tous ces domaines. Nous devons conserver présent à l’esprit qu’il est de nécessité vitale de fixer l’agriculteur sur sa terre afin qu’il puisse la travailler dans un environnement rural, étant entendu que cet environnement doit être doté des moyens permettant une vie décente et digne. C’est là la meilleure façon de réduire l’exode rural et d’attacher l’agriculteur à sa terre féconde et généreuse.
Cher peuple,
Au carrefour des deux mers, ton pays ne peut vivre replié sur lui-même, ni à l’écart des mutations internationales, il croit aux avantages de la coopération et oeuvre pour l’élargir et la renforcer avec le plus grand nombre de partenaires possibles, son développement économique, autant que son rayonnement à l’extérieur, en dépendent. Il convient également de rappeler que sur le calendrier du royaume figurent des échéances déterminantes pour son avenir : des négociations ardues l’attendent, aussi bien dans le cadre de l’accord d’association qui le lie à l’Union Européenne que dans le contexte multilatéral de l’organisation mondiale du commerce. Il doit s’y préparer sérieusement car, face à un partenaire pluriel, et de surcroît sollicité par d’autres ensembles à dimension régionale, le Maroc sera seul, et ne pourra compter que sur sa persévérance, son audace et sa vigilance de tous les instants pour ne jamais être pris au dépourvu.
Ton pays dispose d’un important potentiel de relations internationales, il est alors de l’obligation de tous les acteurs économiques et de l’administration de veiller à en tirer le meilleur bénéfice en multipliant les actions d’approche et les missions de prospection. Dans ce contexte, convaincu que nous sommes, de la communauté de destin qui unit notre pays à nos frères arabes, nous nous sommes attaché l’année dernière à consolider les bases de notre coopération institutionnalisée avec l’Egypte, la Tunisie, la Libye et la Jordanie. Nous avons personnellement présidé au Caire, conjointement avec notre frère, Son Excellence le Président Housni Moubarak, les travaux de la grande commission maroco-égyptienne, tandis que, dans le même esprit, s’étaient tenues, au niveau des Premiers ministres, les commissions mixtes que nous avons mises sur pied avec nos frères jordaniens, libyens et tunisiens.
Nous avons également renforcé nos relations de coopération et de concertation avec les pays frères du Golfe. Notre démarche procède de notre attachement à l’idéal maghrébin et de notre désir ardent d’élargir nos liens de coopération institutionnelle avec tous nos frères arabes, étant entendu que le but ultime reste pour nous la transformation des relations bilatérales en un système de coopération régionale, permettant par-là à notre nation arabe de prendre sa place parmi les grands ensembles régionaux. C’est l’unique chance qu’elle a aujourd’hui de ne pas perdre un jour son identité dans un monde ou économique est en passe d’imposer ses frontières au politique. L’édification d’un tel groupement régional serait assurément davantage facilitée si la stabilité et la sécurité étaient consolidées dans la sous-région du Prôche-Orient.
C’est pourquoi notre esprit reste très préoccupé par le blocage du processus de paix après les espoirs apparus l’année dernière. Ce n’est certes pas le fait de la partie palestinienne, et à sa tête notre frère le Président Yasser Arafat, qui a fait preuve d’une souplesse à laquelle toute la communauté internationale rend hommage. Il est à souhaiter cependant que l’idéal de la paix sortira vainqueur des prochaines élections israéliennes pour relancer le processus menant à un règlement juste, global et durable au bénéfice de tous les peuples de la région.
En ces moments importants pour cette région, nous déplorons avec une profonde tristesse le deuil du monde arabe, suite à la perte de l’un de ses leaders, notre regretté frère le Roi Hussein, que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde. Nous avons pu reconnaître en lui, dans toutes les circonstances, un leader arabe avise et un grand Roi soucieux des intérêts de son pays et de sa nation dans un contexte mondial et régional difficiles. Nous formulons d’ardentes prières pour le repos de son âme, et assurons de notre affection et de notre soutien son fils et successeur, Sa Majesté le Roi Abdellah II, auquel nous souhaitons plein succès dans sa noble mission.
Cher peuple,
Au fort de ces préoccupations nationales et internationales, notre esprit reste domine par la question de nos provinces récupérées du sud. Comme nous l’avons à maintes reprises affirmé, nous demeurons très fermement attachés au plan de règlement des Nations-Unies. Nous estimons que seule une application juste, équitable et non discriminatoire de ce plan peut faire valoir le droit et mettre fin aux tergiversations et atermoiements de ceux qui s’opposent à une réelle consultation référendaire confirmative de la marocanité de notre Sahara. Aucun de nos enfants sahraouis ne doit être privé du droit de s’exprimer des lors qu’il répond à l’un des cinq critères d’identification déterminés par les Nations-Unies.
Nous appuyons les efforts fournis dans ce sens par le Secrétaire Général des Nations-Unies, certain que nous sommes, que lorsque nos enfants séquestrés à Tindouf pourront rejoindre leurs foyers et leurs familles, ils confirmeront par leur vote l’allégeance qui les lie à nous et nous lie à eux par un lien indéfectible et un pacte imprescriptible. Par ailleurs, les actions que nous venons de mener, que ce soit avec le secrétariat général de l’Onu, ou avec la Minurso ou encore avec le HCR, confirment de façon qui ne laisse aucune place au doute que le Maroc est fermement déterminé à suivre la voie du référendum, sans aucune autre alternative.
Cher peuple,
Nous voila donc en prise avec toute une série de chantiers déterminants que nous avons choisis de mener après analyse et évaluation, tenant compte des contraintes du contexte de la mondialisation et du démantèlement des frontières. Le succès de ces entreprises et bien d’autres exige, encore une fois, de nous appuyer sur nos acquis et de nous ressourcer dans nos valeurs morales, éthiques, religieuses et civilisationnelles. Notre pays a besoin de tous ses enfants, il fait appel à leur force de conviction, à leur sens du devoir, à leur énergie au travail et à leurs facultés créatives. Fondamentalement, il fait appel à leur patriotisme, car la mondialisation et les exigences d’ouverture et d’adaptation que nous avons évoquées, ne rendent nullement désuet l’amour de la patrie. Bien au contraire, être de son temps, c’est aussi faire appel à ce qu’on possède de plus profondément patriotique. Et c’est ainsi qu’armés de notre foi en Dieu et de l’amour de notre patrie, nous assumerons avec courage la responsabilité de notre futur et préserverons avec fierté la noblesse de nos traditions, nous remémorant avec déférence et respect, ceux qui ont milite pour ta liberté, ton indépendance, ta grandeur et ta souveraineté.
A l’occasion de ces festivités et des sentiments de fidélité qu’elles impliquent, élevons nos prières au très haut pour le repos de l’âme du martyr de l’arabité et l’islam, le père de la nation et héros de sa libération Feu Sa Majesté Mohammed V, que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde. Remémorons-nous en cette circonstance, ses louables actions au service de son peuple tendant à assurer son bien-être, son progrès et sa réussite, le combat épique qu’il a mené pour sa liberté et sa souveraineté ainsi que les épreuves qu’il a endurées et les sacrifices qu’il a consentis et qui n’auront de rétribution qu’auprès de Dieu. Puisse-t-il l’entourer de sa divine bénédiction et l’accueillir parmi les prophètes, les apôtres, les martyrs et les saints, quels autres meilleurs compagnons.
Nous nous recueillons également sur la mémoire des combattants de la liberté et des valeureux martyrs qui ont fait don de leur vie pour la gloire de la patrie et la sauvegarde de ses valeurs sacrées lors des batailles pour la libération et la défense de l’intégrité territoriale du Royaume et de son Sahara récupéré. Nous exprimons, par la même occasion, notre entière sollicitude et notre vibrant hommage à nos forces armées royales, aux forces de la gendarmerie et de la sûreté ainsi qu’aux forces auxiliaires stationnées aux confins du royaume, veillant sur la sécurité et la quiétude des citoyens. Elles garantissent la défense des valeurs sacrées, fortes de leur attachement indéfectible au serment de fidélité et de loyalisme à Dieu, à la patrie et au Roi.
O, Dieu, toi qui m’as confié la conduite de mon peuple, qui a guidé mes pas pour veiller sur sa souveraineté et ses intérêts et pour réaliser mes objectifs quant à son unité, son développement et sa prospérité, prête-moi aide et assistance dans la mission que tu m’as confiée, combles moi de ta grâce et de tes bienfaits apparents et non apparents, pour lui réaliser davantage de bonheur et de développement et concrétiser ses aspirations à la prospérité. Fais que ma vie soit consacrée à son progrès et à son bien-être. Tu es le soutien des sincères et loyaux, des bienfaiteurs et des croyants. "Seigneur, permets-moi de te rendre grâce pour les bienfaits dont tu m’as comblé, ainsi que mes parents, et d’accomplir le bien que tu agrées. Fais moi entrer par ta miséricorde, parmi tes saints serviteurs’’ (Coran)."
03/03/1999
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