Diner offert en l’honneur du Président malien

« Louanges à Dieu,

Prière et bénédiction sur le Prophète, ses proches et ses compagnons.

Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Les discours que la tradition recommande, dans pareilles circonstances, Monsieur le Président, sont des moments privilégiés pour souhaiter la bienvenue aux illustres hôtes, qui vous honorent par leur visite, honorent votre pays et votre peuple. Ils sont aussi, comme pour notre rencontre d’aujourd’hui, des moments encore plus privilégiés, parce qu’ils témoignent au delà d ’un protocolaire souhait de bienvenue, de l’intense émotion, de la joie profonde, que mon peuple et moi même, ressentons, en accueillant en vous, Monsieur le Président, le grand leader, d’un pays a l’immense histoire, d’un grand peuple riche, de cette richesse ancestrale qui fait les nations fières, de leurs destinées et de leur originalité.

Le royaume du Maroc vous recevant ainsi que la délégation qui vous accompagne, accueille l’un des siens, et la dimension fraternelle de nos rapports, si intimement ancrée dans les profondeurs de notre histoire commune, a travers les siècles, a su résister aux aléas des périodes incertaines.

C’est pourquoi le royaume du Maroc, se veut votre seconde patrie, Monsieur le Président, parce que ces siècles, ont surtout façonne la part africaine de nous-mêmes, cette part africaine que tout rappelle dans notre culture, et que tout, a chaque instant, célébré dans notre vie quotidienne, dans nos traditions et nos coutumes, nos chants, nos arts, et jusqu’aux mets de notre art culinaire.

Cette intimité séculaire de nos deux pays, vous l’avez scellée, Monsieur le Président, quand vous étiez présent a mes cotes, et aux cotes du peuple Marocain, lors des obsèques de mon auguste père, feu sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde, parce que ce jour-la, c’est aussi l’un des vôtres qui nous quittait, un des vôtres qui se sentait africain autant que Marocain et parce que son attachement a l’Afrique n’avait d’égal que son amour pour son pays, parce que surtout il chérissait l’idée que la part africaine du Maroc, était ce liant qui cimenterait a jamais, dans le respect, l’amitié, la fraternité et la compréhension, notre action commune face aux défis majeurs de notre temps.

Comme vous le savez, Monsieur le Président. Mesdames, Messieurs, comme l’histoire l’illustre et en témoigne, les relations du royaume du Maroc et du mali ne sont pas récentes.

Les annales les font remonter au XIIème siècle, jusqu’a la dynastie almohade.

Depuis, ces relations ont été nourries, irriguées et enrichie par un courant d’échanges ininterrompu de personnes, de biens, de valeurs et d’idées, et cette permanence constamment affirmée, représente pour nous le symbole même de la fidélité aux idéaux de paix, et de sagesse qui sont les nôtres, et ceux de l’ensemble des nations.

Cette sagesse nous est commune parce que nos deux peuples la puisent dans la même religion, l’lslam, que nous avons en partage, que nous avons reçu en héritage, dont l’enseignement est tolérant et puissante la spiritualité. Tellement puissante, Monsieur le Président, que les caravanes qui alliaient de sijilmassa au Maroc, a Tombouctou et Djenne au mali ne colportaient pas seulement des produits commerciaux, mais mettaient aussi et surtout en marche, toute la sagesse de l’Afrique toute cette éthique de vertu, de justice, qui aux frontières d’un monde qui commençait à se déshumaniser, faisaient de l’lslam africain, un Islam d’une intransigeante piété et d’une rare noblesse dans la tolérance.

Cette sagesse, nous la puisons aussi, Monsieur le Président en politique, dans les efforts conjugues de nos prédécesseurs en faveur de la libération et de l’émancipation des pays africains qui a l’époque étaient encore sous domination coloniale.

Mon grand-père, feu sa Majesté Mohammed V et le regrette Président Modibo Keita ont su faire de cette vertu une pratique lucide de la solidarité entre les états et les peuples, et leurs rôles respectifs et leur communion d’esprit au sein du groupe de Casablanca, et dans le processus d’élaboration de la charte de l’OUA ont permis une percée considérable de la voix de l’Afrique dans le concert des nations, et une avancée non moins spectaculaire de la place qui lui est due dans la communauté internationale.

Nous sommes réunis, aujourd’hui, Monsieur le Président, dans le droit fil de cet héritage, et dans la fidélité a cette communauté de destin qui hier libérait nos peuples, et qui aujourd’hui et demain œuvrera inlassablement pour leur développement, leur prospérité, leur bien-être, et leur stabilité, dans un monde que nous voyons de plus en plus instable, de plus en plus bouleverse.

C’est ainsi que nous honorerons la mémoire des générations qui nous ont précédés, mais c’est ainsi que nous ferons émerger pour les générations futures les idéaux qui sont les nôtres et devraient être les leurs : plus de paix, plus de justice, plus de vérité, plus d’écoute aux souffrances physiques et morales de l’humanité en détresse, plus d’engagement en faveur de ceux que le destin a marginalises ou que l’inconséquence des hommes a meurtris.

Monsieur le Président,

Une nouvelle dynamique a été imprimée à notre coopération au Caire, en avril dernier en marge des travaux du sommet Afrique-Europe, avec la tenue ce mois-ci a rabat de la 3eme session de la commission mixte. Cette dynamique nous réconforte et nous réjouit, parce qu’elle est porteuse d’espérance riche de promesses, et fait de la qualité de notre coopération, la garantie essentielle qui concrétisera ses promesses et le ressort nécessaire et indispensable à leur inestimable pérennité.

Si les avancées accomplies sur notre continent dans la voie de la démocratie et la mise en place d’institutions a même de la consolider pour l’épanouissement de nos peuples et leur progrès vers plus de prospérité sont perceptibles, et suscitent parfois notre admiration, il est à noter que ces avancées risquent de demeurer fragiles, hésitantes, malaisées, tant l’ampleur des difficultés de toutes sortes que connait notre continent peut a tout moment les compromettre et même les condamner.

C’est que la résurgence de l’instabilité politique, la multiplication des foyers de tension, et l’escalade de la violence, sont telles, dans plusieurs parties de notre continent, en particulier dans la corne de l’Afrique, l’Afrique de l’ouest et la région des grands lacs, qu’elles hypothèquent et hypothéqueront pour longtemps encore le développement économique, social et culturel de l’ensemble africain.

Cette situation qui nous préoccupe, nous interpelle surtout et interpelle tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté qui, savent que la paix et la concorde, sont les seuls et uniques moyens qui permettent a une personne, a une nation de recouvrer sa dignité et de s’engager dans la voie qui la mènera vers plus de bien-être et de bonheur.

Ces hommes et ces femmes de bonne volonté, dans votre pays sont autour de vous et soutiennent vos efforts, Monsieur le Président, et soutiennent avec foi l’action constructive qui est la votre, non seulement dans la sous-région regroupée dans la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest, mais également au niveau de tout le continent.

Ce rôle modérateur vient d’être récemment reconnu et consacre par la communauté internationale qui a élu votre pays au conseil de sécurité, convaincu que le mali assumera cette responsabilité, avec sagesse et courage, dans l’intérêt de l’Afrique, et le respect de la dignité de ce continent et de l’humanité toute entière.

Monsieur le Président,

La marche d’un pays vers plus de progrès, de prospérité, est conditionnée par la satisfaction des besoins fondamentaux de l’être humain : sante, emploi, éducation, logement, loisirs, accès a la culture. Mais ces besoins ne peuvent être satisfaits, que si les infrastructures de base sont, dans tous les domaines, maitrisées. La dette extérieure qui continue à grever les budgets et leur capacité de financer ces infrastructures et ces besoins, handicape et continuera à handicaper grandement cet impératif de bien être qui est le droit de l’homme.

Le souci de trouver une solution adéquate a l’actuelle crise économique et sociale qui mine toute velléité de développement durable a été au centre des préoccupations de mon regrette père, sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde, et l’est aujourd’hui au cœur de mes profondes espérances pour l’Afrique.

Dans cette perspective, mon regrette père, avait des 1994, propose la mise en œuvre au bénéfice du continent africain d’un ambitieux projet de développement, a l’instar du plan Marshall, et inspire de ce programme qui a contribue a la reconstruction de l’Europe après la seconde guerre mondiale.

J’ai moi-même annonce lors du sommet Afrique/Europe du Caire, l’annulation de l’ensemble des dettes vis-à-vis du Maroc, des pays africains les moins avances et la levée de toutes les barrières douanières qui étaient imposées aux produits importes de ces pays.

C’est que, pour mon pays et pour moi-même, l’axe de coopération sud-sud est la pierre angulaire qui assurera plus d’harmonie dans la satisfaction des besoins fondamentaux de nos peuples, mais aussi dans la consolidation du processus démocratique vers plus de stabilité et d’équité.
Monsieur le Président,

Les perspectives de notre coopération qui sont prometteuses grâce a leur enracinement historique, et de part les idéaux et principes qui Président a leur dimension actuelle, m’autorisent a espérer que les vertus de dialogue, de concertation et de compréhension qui animent cette coopération exemplaire, animeront aussi d’autres nations, d’autres peuples de notre continent, afin que paix et justice soient les fondements sur lesquels s’érigera le bien-être auquel aspirent nos peuples et nos nations.

Excellences,
Mesdames, Messieurs,

Je prie l’assistance, d’exprimer, en se levant, le respect, la considération que tous nous portons a notre frère le Président alpha Oumar Konaré, et de formuler nos vœux les plus sincères de prospérité et progrès pour le mali et peuple malien, et pour la pérennité des relations Maroc-maliennes dans l’amitié et la fraternité. »

15/06/2000