Selon cet économiste, le Maroc est aujourd’hui épargné parce que son régime n’est pas aussi répressif que l’était celui de la Tunisie et parce qu’à l’inverse de son voisin algérien, le Royaume dispose d’une vraie économie.
Le point commun de ces trois pays, c’est sa jeunesse qualifiée mais désœuvrée à qui l’on ne propose pas suffisamment de canaux d’expression libre et de poids politique. Au Maroc 400.000 jeunes arrivent annuellement sur le marché du travail alors que seuls 190.000 emplois sont créés par an.
La caisse de compensation, abordée dans cet entretien comme l’une des raisons qui font que le Maroc est resté épargné jusqu’à ce jour d’un soulèvement populaire, ne représente, selon Driss Benali, que 10% de la caisse algérienne, et n’est donc pas une ressource éternelle.
L’économiste pointe également la crise économique mondiale, qui, même si officiellement démenti, concerne également le Maroc où "les secteurs industriels souffrent" et où "l’immobilier ne tiendra pas longtemps", sans oublier le sur-endettement de la classe moyenne marocaine.
Pour éviter de reproduire le scénario tunisien, le Maroc dispose de plusieurs "solutions" : éliminer la corruption, premier fléau des pays émergents et, comme le propose le World Economic Forum dans son dernier rapport, "retirer les aides aux produits de première nécessité pour laisser le marché dicter leurs vrais prix. Mais les effets sociaux négatifs imposent qu’une telle stratégie soit mise en place progressivement", solution qui semble toutefois bien loin de la réalité marocaine.