Les anciens emprunteurs remboursent, semble-t-il, mais les nouveaux clients se laissent désirer. Déjà à fin janvier, l’encours des crédits immobiliers aux particuliers avait progressé de 1,7% par rapport à décembre pour s’élever à 87,1 milliards de DH.
Le tassement est essentiellement le fait des gros intervenants. C’est ainsi que pour Attijariwafa bank, les encours se sont appréciés de 2,9% entre janvier et février, à 20,8 milliards de DH après un rythme plus élevé entre janvier et décembre (+3,4%).
Même tendance pour la BCP qui a progressé de 1,9% entre décembre et janvier et de 1,27% entre ce dernier mois et février, à 20,45 milliards de DH. Le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) a été moins performant. A fin février, ses encours ont reculé de 165 MDH comparativement au premier mois de l’année, à 13,9 milliards de DH, après une hausse soutenue de 2,97% entre le dernier mois de 2007 et janvier. « Je n’ai pas du tout eu connaissance de ces chiffres », affirme un cadre de la banque, qui a souhaité conserver l’anonymat.
Et de poursuivre : « Il y a peut-être eu un ralentissement au niveau du haut standing, mais en ce qui concerne les logements économiques et de moyen standing, le marché est toujours dynamique ».
L’encours des crédits à la promotion immobilière croît plus vite que celui des particuliers
A défaut de disposer de l’évolution de la production et des remboursements des prêts antérieurs, il nous est quasi impossible d’apprécier avec certitude la tendance réelle et l’état de forme de chaque banque. Néanmoins, les propos du cadre du CIH sont énergiquement contestés par un confrère d’une institution bancaire concurrente.
« Depuis le début de l’année, les promoteurs ont volontairement réduit le rythme de commercialisation de leurs projets, car ils manquent de visibilité quant à la réserve foncière. Cette rétention a donc réduit le nombre d’affaires conclues depuis janvier, toutes catégories confondues », explique cette dernière source.
Contrairement à ces poids lourds de l’immobilier, BMCE Bank a vu son stock grimper de près de 2% à fin février par rapport à janvier pour atteindre 11,12 milliards de DH, alors qu’il n’avait évolué que de 0,92% à la fin du mois précité par rapport à décembre. Insuffisant toutefois pour maintenir le rythme de croissance global qu’a connu le secteur durant les mois précédents.
La régularité des autres banques (Crédit du Maroc, Société générale, BMCI et Crédit Agricole du Maroc) qui sont restées sur une trajectoire ascendante à fin février n’a non plus pesé très lourd, sachant qu’elles réalisent des volumes en retrait par rapport aux trois premières sur ce segment de marché. Vu le niveau des prix affichés qui a entraîné l’attentisme des acquéreurs potentiels, une stagnation n’est pas à prévoir. Toutefois, un haut cadre d’une banque précise qu’il est encore beaucoup trop tôt pour dégager une tendance.
Un autre confrère admet que les institutions doivent demeurer très vigilantes. « Il faudra certes attendre la fin mai pour effectuer une analyse vraiment pertinente. Mais, chose certaine, avec le changement de dynamique que le marché connaît depuis la fin de 2007, les banques doivent se positionner solidement auprès des intervenants du secteur. Il faut être le premier sur les bonnes affaires ! », commente-t-il.
Ce positionnement se fait plutôt sur la promotion immobilière, c’est-à-dire en aval. Entre février et mars 2008, les encours des crédits immobiliers accordés aux particuliers ont marqué une hausse de 1,42% contre 3,41% pour l’encours des prêts aux bâtisseurs. Par rapport à fin décembre 2007, les deux postes ont progressé de 5,08 et 33,16%.
Enfin, une nette différence dans le rythme de croissance se dégage quand on se réfère aux données du troisième mois. A fin mars 2008, l’encours des crédits à la promotion immobilière s’est apprécié de 159,6% comparativement à mars 2007, alors que, dans le même temps, l’encours des particuliers n’a évolué que de 3%
Source : La vie éco - Marie-Hélène Giguère