L’appréhension s’était installée d’entrée avec un Mounir Elaarej qui a eu tout le mal du monde face au numéro 1 irlandais. Il aura tenu tout au plus un seul set, pas plus, avant de subir la loi de celui d’en face. Tous les espoirs étaient alors fondus sur l’inusable El Aynaoui qui n’a pas déçu, même si son adversaire du jour a tout tenté dans l’espoir de défier une logique qui ne fera que se confirmer sur le terrain. Younès sera à l’aise, nous rappelant le bon vieux temps. La première journée se serait passée sans gros dégâts. Une victoire pour chaque équipe, c’était bien entendu jouable. Sauf que le risque était là avec ce double qui a toujours été récalcitrant, qui a toujours constitué le plus grand handicap de l’équipe du Maroc. Cette fois à Dublin, il en était tout autrement.
L’entrée en matière ne devait pas être de tout repos. Mounir Elaarej avait à affronter, le numéro 1 irlandais, Louk Svenson, un gaillard de 24 ans, de sept ans son cadet, un 262ème ATP, mais qui vaut beaucoup mieux sur surface rapide. Celui-ci a imprégné à la rencontre un rythme non soutenu, avec des passing et surtout des renvois impressionnants. C’est d’ailleurs en toute logique qu’il a scellé la première manche en sa faveur, en 6/3. L’illusion allait survenir au second set quand Mounir a eu à prouver qu’il disposait d’un potentiel tennistique forçant le respect. La qualité de son jeu a d’ailleurs obligé Sorenson à subir ce set en 2/6, mais pour gagner un match, il faut être en mesure d’aller jusqu’au bout. Pendant que l’Irlandais frisait le sans-faute, le Marocain multipliait les fautes directes permettant à son vis-à-vis de s’envoler allégrement vers la victoire en gagnant les deux derniers sets en 6/4 et 6/2.
Tous les espoirs étaient alors fondés sur Younès El Aynaoui pour qu’il rétablisse l’équilibre surtout qu’il avait à jouer leur numéro 2, Conor Niland (28 ans, 314ème ATP). Du haut d’un service qui se faisait par moments foudroyant et d’un coup droit aussi puissant que précis, mais surtout avec cette expérience qui lui permettait de hausser le rythme ou de le baisser quand cela s’imposait, le (toujours) numéro 1 national, n’aura pas laissé souffler Niland. Il finira le match en trois sets nets : 6/4, 6/4 et 6/2.
Une première journée qui n’aura donc avantagé aucune des deux équipes. A l’issue de la deuxième, cependant, et contrairement à toute attente, c’est la doublette marocaine qui sortira vainqueur. Tous les doutes étaient permis, puisque le duo irlandais James Cluskey et Colin O’brien étaient mieux cotés, surtout que l’on n’était pas assez rassurés quant à la forme de celui qui était le mieux indiqué pour ce duel, Réda Amrani. Quelques jours auparavant, il avait le pied dans le plâtre. Il a fallu un travail monstre du professeur Ouaarab et du kiné Dezzaz pour qu’il soit opérationnel. Assez paradoxalement, c’est Rabie Chaki qui a eu tout le mal du monde à entrer dans le match. Le début a été catastrophique, avec une défaite marocaine au premier set en 1/6. La hargne de Réda finira par s’étendre à Rabie et c’est en 7/5 qu’ils parviendront à remporter le second set, avant de subir de nouveau la loi des Irlandais 2/6. Et c’est au troisième set qu’ils ont dû puiser dans leurs réserves pour l’emporter au tie-break, avant de finir sur un 6/4 face à des Irlandais abattus.
La troisième journée devait normalement se passer sous de bons auspices, mais il n’en sera rien. Contre toute attente, Younès El Aynaoui succombe devant Sorenson en 3/1 après avoir remporté la première manche. L’Irlandais répétait à qui voulait l’entendre qu’il n’en revenait toujours pas et qu’il avait du mal à croire qu’il venait de battre son idole. El Aynaoui, lui, reconnaissait la force de l’autre et le problème posé par cette surface indoor qu’il n’avait pas pratiquée pendant toute l’année.
C’était désormais sur Mounir qu’il fallait compter. Il résistera, tentera le tout, mais pas au point de gagner et de donner par là même la victoire au Maroc. Il subira en cinq sets (7/6, 1/6, 6/7, 6/3 et 6/0). Déçu plus que quiconque, la gorge nouée, il demandera pardon à son capitaine Moundir comme au reste de l’équipe.
Toute l’équipe y croyait. Moundir motivait au mieux ses joueurs ou les raisonnait quand des tensions se faisaient jour. Le staff médical s’attelait à la tâche, La délégation présidée par Mohamed Houssaini représentant la FRMT et renforcée par Adil Boulouaize, président du Stade Marocain et de Mohamed Ramli, vice-président du Royal Tennis de Marrakech avaient fait le voyage exprès, y croyait. Tout comme une bonne trentaine de Marocains résidant en Irlande. La présence de Mme Amina Tounsi, ambassadrice du Maroc, qui a tenu à assister à tous les matchs ainsi que de tout un staff représentant l’ambassade et qui a fait preuve d’une grande disponibilité a été très appréciée. Même si la victoire n’a pas été au rendez-vous, l’ambiance y était.
Source : Libération - Mohamed Benarbia