La cote du Royaume en hausse en France

18 décembre 2007 - 14h59 - France - Ecrit par : L.A

Il y a moins d’une décennie, il était quasiment périlleux de « vendre » le Maroc auprès de l’opinion française. Aujourd’hui, le Royaume jouit non seulement d’une sympathie auprès de l’ensemble du gotha politique hexagonal, mais surtout d’un respect affectueux de la part de l’ensemble de la population française. Reportage.

Il était écrit que la haine des Tuquoi, Perrault et Cie ne sera pas impunément assouvie sous le règne de Mohammed VI. L’auteur du « dernier Roi » a vu son venin vite neutralisé par l’histoire immédiate. En quelques années, le nouveau Roi a mis en route une cascade de réformes les unes, plus audacieuses que les autres. Aucune frilosité n’est venue tempérer l’ardeur moderniste d’un Souverain qui a fait du destin de son pays une raison d’être. Les institutions de notation rivalisent aujourd’hui en « bons points ». La communauté financière internationale donne le Royaume en exemple. L’INDH a été validée par les principaux partenaires du Maroc comme un outil performant et novateur.

Le sérieux paie. Malgré les quelques ratés essentiellement dûs au choc entre ce qu’on souhaite faire et ce qu’on ne sait pas encore faire. « Il est normal qu’un nouveau règne se heurte aux réalités nées d’une mutation profonde de la société. Ce sont les maladresses qui forgent un Etat de droit en construction. Comment apprend-on la bonne gouvernance sans passer par les erreurs de jugement et les fautes d’appréciation ? Le Maroc ne fait pas exception en la matière », nous déclare Philippe Bonnet, journaliste de la « Dépêche du Midi ». Dans la galaxie bistrotière hexagonale, le commun des Français salue l’énergie du jeune Souverain qui n’a pas hésité à affronter les conservatismes les plus tenaces, les paresses les plus rétives, les adversités les plus redoutables. La comparaison avec l’Algérie, tout à la fois goinfrée de gaz et de pétrodollars et clouée par ses handicaps structurels, revient sur toutes les lèvres. « Le Maroc s’est courageusement débarrassé de ses états d’âme. Sans complexes, il remet ses enfants au travail. L’Algérie importe la quasi-totalité de ses besoins, alimentaires en tête. Elle se complait dans une posture rentière en se couvrant de fausse fierté et de dogmes d’un autre âge », nous dit Fabrice, le serveur du « Solferino ».

Robert Pandraud, l’ancien ministre de la sécurité, triplement décoré par Feu Hassan II pour sa fidélité aux causes marocaines, ne tarit pas d’éloges pour ce nouveau Maroc qui regarde ses carences bien en face et s’arme de volontarisme pour les combler : « Ce qu’entreprend SM Mohammed VI n’est pas profitable uniquement à son propre pays. Il l’est également pour l’ensemble européen. Créer la prospérité à la frontière sud de l’Union Européenne, constitue la parade la plus efficiente contre les extrémismes qui menacent la paix et la sécurité », nous dit-il. Les dizaines de reportages programmés depuis quelques années dans les chaînes françaises ou publiés par les magazines les plus prestigieux ont contribué à la confection d’une image reluisante du Royaume. Pas seulement. Le flux d’émigration française vers notre pays a authentifié la résolution du Maroc à emprunter la voie de la modernité par le biais du marché et de la démocratie. Personne en France ne doute aujourd’hui de la volonté farouche du Maroc d’opérer un remorquage réussi, au flan prospère de la Méditerranée. Fortement dégradée durant la dernière décennie du siècle précédent, l’image du Royaume incite aujourd’hui de larges couches de la société française à remettre en question leur vision de la communauté marocaine issue de l’immigration.

Image reluisante du Maroc

Jacques Lagrange, directeur technique de la Fédération française du sport automobile, le confirme avec ses mots : « Longtemps, les Français ne voyaient le Maroc qu’à travers ses ressortissants de la première génération qui venaient exclusivement des zones rurales les plus pauvres et qui ne savaient ni lire ni écrire et qui ne pouvaient, par conséquent, s’intégrer. Aujourd’hui, mes compatriotes savent que certains lieux de loisirs à Marrakech, à Tanger, à Agadir ou à Casablanca n’ont pas leur pareil en France et que le pays a été transformé en chantier par un Roi moderne et démocrate », affirme-t-il. L’ensemble des corporations des mondes de l’économie, du savoir, des arts ou de la politique pense au Maroc pour le moindre séminaire ou le plus sérieux des congrès. Le Royaume est devenu la banlieue préférée des élites françaises. Professionnelle aguerrie de l’événementiel, Elisabeth Germain a mis Marrakech et Agadir en tête des destinations prestigieuses pour les évènements qu’elle organise à longueur d’année. « Les valeurs ajoutées luxe et dépaysement nous sont offerts par le Maroc à des prix qu’on ne peut obtenir en Île-de-France ou sur toute autre région française. De plus, les gens peuvent boucler un congrès, un séminaire ou une convention d’entreprise en un long week-end où le temps transport aérien est ramené en tout et pour tout à moins de six heures chrono, déplacements aéroports-villes compris », assure-t-elle.

Côté MRE, la fierté du pays d’origine fait loi. « Depuis l’avènement de Sa Majesté Mohammed VI, nous constatons de visu les changements vertigineux à chacun de nos déplacements au Pays. Les routes, les autoroutes, l’habitat, les libertés, les grands projets…tout vient confirmer l’orientation progressiste de notre pays, même si les mentalités peinent à s’adapter au rythme des changements », nous déclare Mohamed Oufkir, président de l’Association des Gnaouas et goundafas en France. Najib Binebine, vice-consul officiant auprès de Abderrazak Jaïdi, ambassadeur chargé du Consulat général, a constaté l’accroissement des visas délivrés aux étrangers (non Français) soumis à cette formalité : « Notre pays est devenu très attractif, non seulement pour ceux qui désirent y aller pour le tourisme, mais également pour nombre d’étrangers qui y vont pour prospecter des opportunités d’affaires », dit-il. Réalisé par l’Alliance France-Maroc, un sondage auprès de 1824 ressortissants marocains à la sortie des quatre consulats du Maroc en Île-de-France atteste de la force de l’image positive du Royaume auprès des MRE. 93% des sondés considèrent leur pays d’origine comme étant sur la bonne voie. 81% vont jusqu’à prédire un développement comparable à celui de l’Espagne dans moins d’une génération. 95% ont jugé les dernières élections législatives « honnêtes et transparentes ». 91% des sondés se félicitent de la création par le Roi Mohammed VI du Haut conseil des MRE.

À quelques jours de la visite sarkozienne en Algérie, il ne serait pas inutile de s’interroger sur la tonalité qu’adopteront les algériens et les français lors du séjour du Président français chez nos voisins de l’Est. Au Maroc, on a parlé constamment de partenariat. En Algérie, la presse monte d’ores et déjà au créneau pour « exiger » une hypothétique « repentance ».

« Le Maroc est l’allié stratégique le plus fidèle de la France. L’aider s’apparente donc à un devoir vis-à-vis de nous-mêmes », dit Mme de Brisepierre, présidente du comité d’amitié France-Maroc au Sénat français.

Gazette du Maroc - Abdessamad Mouhieddine

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Sujets associés : France - Coopération - Nicolas Sarkozy

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