Habitués à ne pas se prononcer sur la gestion du Roi, les deux conseillers, Abdeltif Menouni, ancien membre du Conseil constitutionnel (1994-2008) et Omar Azzimane, Président de l’Association marocaine de Droit constitutionnel (1994 à 2008), ont donné leur point de vue sur les 20 ans de la Fête du Trône.
Si, pour Abdelatif Menouni, nommé Conseiller royal, en août 2011, de grandes réalisations ont eu cours déjà, il est impérieux de les approfondir : "La priorité était d’avancer dans le domaine de la démocratie, de construire un Etat de droit, de consolider les droits humains, de tourner la page du passé, de réussir l’expérience d’une justice transitionnelle".
Pour sa part, Omar Azziman, ancien Ministre délégué chargé des Droits de l’Homme, est préoccupé par la situation précaire des jeunes, liée à l’emploi. Certain que les Marocains apprécient déjà l’effort réalisé, le Conseiller royal a invité à la cohésion sociale. Selon lui, le Maroc a fait de grands efforts, au cours de la période 2004-2006, à travers les grands chantiers économiques, les grands travaux d’infrastructures concernant les routes, les autoroutes, les ports, les aéroports, et, par l’économie, avec un accent sur l’agriculture, l’industrie et les énergies alternatives. De nos jours, il estime que la priorité se déplace vers la réduction des inégalités sociales, spatiales, territoriales. "C’est un énorme chantier qui demande un nouveau modèle de développement plus sensible à l’impératif de justice sociale et une nouvelle politique territoriale à laquelle la régionalisation avancée contribuera fortement", a-t-il indiqué.
S’attardant sur le volet politique, le Conseiller Omar Azziman estime qu’il y a une différence dans la gestion du pouvoir avec le Roi Mohammed VI. A l’en croire, la principale différence avec le règne d’Hassan II, c’est qu’on est passé à la vitesse supérieure, dans les choix stratégiques, l’action de l’État, la conduite des politiques publiques et l’exigence de l’efficacité".
Quant à son collègue, Abdeltif Menouni, la nouvelle Constitution a "offert des possibilités aux partis politiques, en leur permettant de s’imposer plus qu’auparavant mais, dans les faits, le changement attendu n’a pas eu lieu, il faut peut-être du temps". Il soutient également que le Maroc ne se "trouve pas dans une monarchie" du type espagnol ou hollandais, "où le monarque règne mais ne gouverne pas, nous sommes dans un autre type de monarchie mais les attributions du roi sont délimitées".