16ème congrès médical national

31 décembre 2008 - 16h20 - 1997 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Que la Bénédiction et la Paix soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Mesdames et Messieurs,

En choisissant pour son XVIème Congrès national le thème de l’environnement et de la santé, la Société marocaine des sciences médicales vient opportunément nous rappeler quelques vérités, dont l’évidence a souvent occulté l’importance et la priorité.

Il est en effet communément admis que la santé est le bien le plus précieux d’une Nation et que la dé gradation de l’environnement est directement ou indirectement à l’origine de près d’un tiers des maladies graves, enregistrées chez nous comme ailleurs. Ce constat, validé par les plus hautes instances scientifiques et politiques dans le monde et porté au premier rang dans la hiérarchie des urgences internationales, depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992, n’a pas été suffisant, cependant, pour ébranler des attitudes souvent installées dans un laxisme irresponsable, ou changer des réflexes figés dans le confort de l’habitude et parfois confortés par le seul profit de l’instant.

Là aussi, comme nous l’avons dit à l’occasion de la Journée mondiale contre la pauvreté il y a quelques semaines, nous devons rompre avec cette chaîne de l’accoutumance ou de l’indifférence.

Chaque année, il faut le savoir et en prendre la juste mesure, nos dysfonctionnements dans la gestion de notre propre environnement, nous coûtent près de 10% de notre produit intérieur brut. Au-delà de son prix économique, la situation actuelle si elle devait perdurer compromettrait durablement le bien-être et l’intégrité biologique des générations futures.

Qu’il s’agisse de la pollution atmosphérique, de la rareté et de la qualité de l’eau, de la désertification, de la préservation de notre littoral et de nos richesses halieutiques, il nous faut prendre conscience du fait que, ce qui est détruit ou compromis, aujourd’hui, n’a pas de prix et sera difficilement compensé ou remplacé. Le défi auquel nous sommes confrontés se situe donc, sachons-le, en dehors des compromis de la compensation financière ou des certitudes de la seule équation scientifique, ce défi vital est d’abord celui de la lucidité et de la responsabilité

Votre congrès, Mesdames et Messieurs, nous rappelle en effet un postulat de base du corps médical, qui, à juste titre, privilégie dans sa démarche, la causalité des endémies, ceci est particulièrement vrai pour toutes les pathologies liées à un environnement en dégradation et nous connaissons désormais avec précision, comme le reste de la communauté inter nationale, la nature et les causes de ces agressions, dont nous retrouvons la trace et la marque dans la plupart des maladies.

La Société marocaine des sciences médicales, en prenant l’initiative de lier santé et environnement, exprime à cet égard, une prise de conscience et un engagement nouveau que nous saluons. Nous sommes convaincus que cette approche volontariste conduira désormais nos médecins à intégrer dans leur processus de décision clinique, les acteurs de risques liés à l’environnement. Votre XVIème Congrès marquera cet égard une étape nouvel dans la pratique médicale au Maroc. Il sera également exemplaire en invitant les autres acteurs du destin de notre pays, à explorer les vertus d’une démarche solidaire et pluridisciplinaire, comme vous avez su le faire en associant vos efforts à ceux des équipes du ministère de l’Equipement et de l’Environnement, qui s’apprêtent à lancer un programme ambitieux pour un Maroc que nous voulons différent, un "Maroc aux villes propres".

La coïncidence des deux démarches traduit la détermination de l’Etat, dans toutes ses composantes, à passer à l’action sur le terrain. Nous disposons maintenant de suffisamment d’études et d’analyse pour connaître avec précision l’état de santé hygiénique de nos villes et c’est à partir de ce diagnostic que va se déployer ce plan qui sera l’un de nos grands chantiers des années à venir.

Doté des moyens que lui apportera le « Fonds national de l’environnement », en cours de mise en place, ce pro gramme aura pour objectif de redonner à nos cités, un cadre de vie qui aura à réconcilier développement durable et santé, urbanisation et écologie, patrimoine et modernité.

Rabat - Salé et plus largement la vallée du Bouregreg seront les premiers concernés par la mise en œuvre de ce programme. D’autres villes suivront, Mohammédia, Essaouira, Marrakech, Settat, Tanger, Tétouan et à terme, ce sont toutes nos cités de plus de 50.000 habitants qui seront dotées d’un plan environnemental concerté.

Mesdames et Messieurs,

Santé et environnement sont indissociables. Nous venons de le voir. De la même façon, il ne peut y avoir de développement durable et équilibré, sans respect de notre patrimoine écologique et historique.

Les programmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, ne relèvent à cet égard ni de la fatalité, ni de l’incapacité à les traiter. L’alternative que nous mettons en place et que vous allez enrichir par vos débats, pro cède d’un réalisme lucide et de l’instinct de conservation que notre pays a toujours su manifester avec vigueur, quand il s’est agi de sauve garder son intégrité nationale, politique ou biologique comme aujourd’hui. Nous avons là une obligation de résultats qui se double aussi d’un impératif moral, car nous le savons bien, les méfaits d’un environnement dégradé dans nos villes et dans nos campagnes, n’ont pas les mêmes conséquences sur tous. Les plus démunis d’entre nous sont évidemment les plus vulnérables. Ce sont les plus défavorisés qui sont les plus fragiles et nous avons à apporter une réponse sociale à cette réalité urbaine et rurale qui s’impose à nous tous.

L’enjeu, on le voit, est de taille et le défi est réel. Il ne laisse plus de place au doute, à l’hésitation ou à l’improvisation. Le temps des accommodements ou des compromis faciles est passé pour faire place à l’incontournable et exigeante bataille, pour la protection et la sauvegarde de tous nos patrimoines.

C’est à cette éthique du futur que le Royaume du Maroc veut désormais s’identifier."

10/12/1997

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