"Louange à Dieu,
Que la prière et la bénédiction soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes heureux de voir votre colloque se tenir dans notre Royaume pour débattre de l’une des premières questions de l’heure dans le monde : le dialogue social et son rapport avec le développement et la démocratie. Les compétences internationales et nationales représentées par les éminentes personnalités participant à cette réunion sont capables de conférer à ce colloque, à ses travaux et à ses résultats, un haut niveau scientifique à même d’enrichir notre marche constante vers la généralisation du dialogue social et la consolidation de ses fondements pour le règlement des questions intéressant notre société.
Il Nous est agréable, en Nous adressant à vous à l’occasion de la tenue des travaux de votre colloque, de transmettre nos salutations à l’ensemble des participants et de souhaiter la bienvenue à nos illustres hôtes qui ont répondu à l’invitation qui leur a été adressée pour prendre part et enrichir, par leur expérience internationale et leur vaste savoir, cette importante rencontre.
Notre Royaume n’a eu de cesse d’adopter le dialogue comme méthode d’examen des questions intéressant la société et comme moyen de rapprochement des différents points de vue dans l’objectif de concilier entre les différents intérêts. Comme chacun le sait, quelques mois seule ment après le recouvrement par notre Royaume de sa souveraineté, Notre auguste père, que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde, s’est empressé de créer le Conseil consultatif national au sein duquel un dialogue s’est engagé entre les différentes potentialités politiques, économiques et sociales. Il a été procédé par la suite à la création de plusieurs autres institutions, tendant toutes à adopter le dialogue comme base de règlement des différends et de résolution des problèmes économiques et sociaux.
Persévérant sur cette voie depuis que Nous avons été investi de la responsabilité de la conduite des affaires de notre peuple, Nous avons créé des institutions aux niveaux national, sectoriel et local dont l’objectif est de renforcer le dialogue et de consolider ses fondements, étant convaincu que personne ne détient à lui seul la vérité et que le consensus - et non l’antagonisme - est le meilleur moyen de préserver le tissu social sain de notre Royaume. Nos directives répétées à ce sujet à nos gouvernements successifs tendaient toutes à renforcer le dialogue et à l’adopter comme moyen de faire face à toutes les questions qui concernent notre peuple.
Soucieux de s’enquérir continuellement et de près de la situation du dialogue social dans notre pays, Nous avons jugé utile d’en assurer le suivi par le biais d’une institution à laquelle Nous en avons confié cette mission, à savoir un Conseil consultatif que Nous avons créé auprès de Nous et dont la tâche est d’émettre des avis mûrement réfléchis au sujet des questions qui lui sont soumises.
Au cours de la courte période qui s’est écoulée depuis la création de ce Conseil, les parties qui le composent ont fait preuve lors de la discussion des questions que Nous lui avons soumises - d’une conduite exemplaire, d’altruisme et de responsabilité au service de l’intérêt général et témoigne de leur haut degré de maturité dans l’examen des questions vitales à caractère économique et social, et ce, en dépit de la diversité de leurs appartenances et des différents intérêts des secteurs qu’elles représentent, ce qui a permis au Conseil de présenter à Notre Majesté, à l’unanimité de ses membres, des avis consultatifs sur les thèmes que Nous lui avons soumis.
Notre démarche s’inscrit en conformité avec les enseignements de notre sainte religion qui, depuis quatorze siècles, a consacré l’importance du travail pour assurer les moyens de subsistance aux humains, élevé le travail au rang de culte, appelé à la solidarité sociale et en a fait une obligation, tant pour l’individu, la famille que pour la communauté.
Sur la base de ces principes, le dialogue social est devenu partie intégrante de nos traditions consacrées et se pratique au niveau national, comme il l’était au niveau local au sein des quartiers et des villages, ce qui a donné lieu à des us et coutumes et favorisé l’émergence d’institutions dont certaines ont un caractère général et d’autres un caractère spécifique.
Mesdames et Messieurs,
Le changement radical ayant marqué l’évolution de certains concepts sociaux et dont les signes commencent à apparaître partout dans le monde sous l’effet de l’extension de l’économie de marché, l’orientation vers la mondialisation de l’économie et le démantèlement du dispositif de protection du produit national qui en découle ainsi que l’ouverture des frontières à la concurrence commerciale et la dépendance de l’économie nationale des mécanismes du marché international, sont autant de facteurs qui ont incité les Etats à réduire substantiellement leur rôle dans le domaine économique.
L’ensemble de ces pays - qu’ils soient industrialisés ou en développement - doivent, cependant, intensifier, plus que jamais, leurs efforts dans le domaine social, car les conflits sociaux connaîtront une exacerbation tant par leur ampleur que par leur, ce qui exige un effort d’imagination pour trouver les solutions appropriées. C’est ainsi que les Etats commencent à se pencher sur la révision de leur politique sociale et s’apprêtent à affronter les effets négatifs résultant de la nouvelle situation de l’économie mondiale, plusieurs parmi ces Etats s’étant rendu compte que ce n’est pas une catégorie sociale ou économique qui est seule concernée, mais l’ensemble des partenaires. Partant, les Etats ont adopté l’idée d’un partenariat véritable entre les parties concernées par la production, en tant que voie saine pour faire face aux répercussions précitées.
La généralisation du dialogue social et sa consolidation sont devenues donc aujourd’hui, plus que par le passé, des nécessités impérieuses pour parvenir à une conviction commune à même d’inciter les partenaires de la production à dégager une vision unifiée concernant aussi bien les questions économiques que sociales.
Aussi, votre présent colloque revêt-il une extrême importance et constitue une contribution réelle et fructueuse de nature à favoriser une plus grande prise de conscience quant à l’importance du dialogue social et la propagation de sa culture affermir la foi de l’ensemble des partenaires en la nécessité de le consacrer en tant que moyen de règlement des problèmes.
Ce colloque est une occasion propice qui permettra aux participants de connaître l’expérience toute fraîche du Conseil consultatif pour le suivi du dialogue social qui constitue une institution unique en son genre dans ce domaine. Les exposés et débats de haut niveau, animés par des professeurs, experts, responsables marocains et nos hôtes, enrichiront sans nul doute cette rencontre scientifique, d’autant plus que certaines interventions ont porté sur les expériences des organisations internationales ou régionales et que d’autres ont traité des expériences nationales de pays frères et amis dans le domaine du dialogue social.
Tout cela ne manque pas d’enrichir la culture du dialogue et de déboucher sur des conclusions à caractère pratique intégrant les expériences vécues sur les scènes internationale et nationale et contribuant positivement à la consécration du dialogue social comme méthode civilisationnelle dans les rapports entre les individus et les groupes.
Nous vous exprimons Nos vœux de succès et de réussite dans vos travaux, en formulant l’espoir que ce col loque réalisera les objectifs escomptés. Que Dieu vous assiste, couronne de succès vos actions et rétribue votre œuvre. Que la paix et la bénédiction soient sur vous."
18/04/1996
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