Le CMA dénonce « l’apartheid anti-amazigh au Maroc » devant l’ONU

14 décembre 2007 - 00h29 - Culture - Ecrit par : L.A

Apartheid. C’est par ce terme, pas moins, que le Congrès mondial amazigh (CMA) désigne la politique du Maroc à l’égard du fait amazigh, dans son rapport alternatif présenté récemment au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève.

L’ONG présidée par Belkacem Lounes n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer « le déni, le dénigrement et le rejet » dont est l’objet à ses yeux le fait amazigh (territoire, histoire, langue et culture) au Maroc, un pays pourtant démographiquement berbère aux deux-tiers selon le CMA. Ce dernier estime que l’exclusion de la composante autochtone amazigh a commencé avant même le protectorat. Avant de relever que, 6 ans après le discours royal de juillet 2001 (au lendemain duquel avait été créé l’Institut royal de la Culture amazighe), et « malgré quelques concessions minimes notamment dans le domaine de l’enseignement, le pays demeure soumis à une identité arabo-islamique unique, l’amazighité étant repoussée dans la sphère privée et le folklore ».

Faits et noms à l’appui, le CMA fustige par ailleurs « l’ostracisme » entourant, entre autres, les disparitions de militants amazighs durant les années de plomb. Ou encore la marginalisation et la paupérisation dont sont victimes les régions rurales, majoritairement berbères. Mais aussi l’interdiction, sauf autorisation du juge, de donner un prénoms amazigh à son enfant depuis la nouvelle loi d’Etat-civil 37/99. Le CMA ne mâche pas ses mots non plus à l’égard de l’audio-visuel public, qui consacrerait 0,5 heure par jour seulement aux programmes en amazighs (soit 2%).

Tout comme il s’insurge contre les agressions d’étudiants du Mouvement culturel amazigh (MCA) par des groupuscules radicaux islamistes et panarabistes au sein des universités marocaines, notamment lors de la célébration du printemps amazigh, le 20 avril 2007, où certains les ont assimilés à des sionistes.

« Leur droit à l’autodétermination, c’est pour les Amazighs le droit à l’existence, au respect et à l’émancipation dans le cadre d’un Etat marocain fédéral démocratique… », explique le Congrès mondial amazigh. Le CMA ne se montre pas plus tendre avec Alger, ses « crimes d’Etat et son impunité » (en Kabylie) et Tunis « la négationniste », tous les deux tirés au sort pour être observés par le groupe de travail sur l’Examen périodique universel (EPU), initié en juin 2007 par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.

Maroc Hebdo - Mouna Izddine

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Amazigh - CMA - ONU - Lounez Belkacem

Ces articles devraient vous intéresser :

Nouvel an amazigh au Maroc : ce sera le 14 janvier

La date du nouvel an Amazigh au Maroc est désormais connue. Elle vient d’être définie par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et ce sera le 14 janvier. Ce jour sera donc chômé et payé.

Maroc : moins de français dans les administrations

Les Marocains souffrent de la prédominance de la langue française dans les transactions informatiques des administrations marocaines. Tel est le constat fait par le groupe parlementaire du Rassemblement national des Indépendants (RNI), qui appelle la...

Une mariée marocaine refuse la tenue amazighe, le mariage se termine en divorce

Un mariage célébré au Maroc a connu un dénouement inattendu et triste. Le marié a prononcé le divorce le soir même des noces, suite au refus de sa jeune épouse de revêtir la traditionnelle tenue amazighe.

L’enseignement de la langue amazighe généralisé dans les écoles marocaines

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports vient d’annoncer son plan de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans tous les établissements du primaire d’ici à l’année 2029-2030.

Le Groupe Barid Al-Maghrib promeut la langue amazighe

Le Groupe Barid Al-Maghrib entend intégrer la langue amazighe dans ses services. Dans ce sens, il a signé une convention de partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM).

Le plan de Staffan de Mistura sur le Sahara suscite la colère du Maroc

La proposition de partition du Sahara formulée par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité n’est pas du goût de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la...

Sahara : Staffan de Mistura propose la partition entre le Maroc et le Polisario

L’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, se heurte à un mur. Sa proposition de partition du territoire, présentée lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, n’a reçu aucun soutien de la part du Maroc ni du...

Violences policières : la France sermonnée par l’ONU

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, l’organe affilié aux Nations unies, exprimé sa « profonde préoccupation » concernant les pratiques des forces de police en France vis-à-vis des minorités. Cette inquiétude fait suite au décès...

Maroc : Vent debout contre le français à l’école

Au Maroc, un regroupement d’enseignants, d’étudiants et d’élèves s’oppose à l’enseignement des matières scientifiques en français dans les écoles publiques, dénonçant une violation de la Constitution et des textes régissant le secteur de l’éducation.

Maroc : Ahmed Assid dénonce la répression des voix d’opposition par l’astuce des mœurs

Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.