La date du nouvel an Amazigh au Maroc est désormais connue. Elle vient d’être définie par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et ce sera le 14 janvier. Ce jour sera donc chômé et payé.
Apartheid. C’est par ce terme, pas moins, que le Congrès mondial amazigh (CMA) désigne la politique du Maroc à l’égard du fait amazigh, dans son rapport alternatif présenté récemment au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève.
L’ONG présidée par Belkacem Lounes n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer « le déni, le dénigrement et le rejet » dont est l’objet à ses yeux le fait amazigh (territoire, histoire, langue et culture) au Maroc, un pays pourtant démographiquement berbère aux deux-tiers selon le CMA. Ce dernier estime que l’exclusion de la composante autochtone amazigh a commencé avant même le protectorat. Avant de relever que, 6 ans après le discours royal de juillet 2001 (au lendemain duquel avait été créé l’Institut royal de la Culture amazighe), et « malgré quelques concessions minimes notamment dans le domaine de l’enseignement, le pays demeure soumis à une identité arabo-islamique unique, l’amazighité étant repoussée dans la sphère privée et le folklore ».
Faits et noms à l’appui, le CMA fustige par ailleurs « l’ostracisme » entourant, entre autres, les disparitions de militants amazighs durant les années de plomb. Ou encore la marginalisation et la paupérisation dont sont victimes les régions rurales, majoritairement berbères. Mais aussi l’interdiction, sauf autorisation du juge, de donner un prénoms amazigh à son enfant depuis la nouvelle loi d’Etat-civil 37/99. Le CMA ne mâche pas ses mots non plus à l’égard de l’audio-visuel public, qui consacrerait 0,5 heure par jour seulement aux programmes en amazighs (soit 2%).
Tout comme il s’insurge contre les agressions d’étudiants du Mouvement culturel amazigh (MCA) par des groupuscules radicaux islamistes et panarabistes au sein des universités marocaines, notamment lors de la célébration du printemps amazigh, le 20 avril 2007, où certains les ont assimilés à des sionistes.
« Leur droit à l’autodétermination, c’est pour les Amazighs le droit à l’existence, au respect et à l’émancipation dans le cadre d’un Etat marocain fédéral démocratique… », explique le Congrès mondial amazigh. Le CMA ne se montre pas plus tendre avec Alger, ses « crimes d’Etat et son impunité » (en Kabylie) et Tunis « la négationniste », tous les deux tirés au sort pour être observés par le groupe de travail sur l’Examen périodique universel (EPU), initié en juin 2007 par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
Maroc Hebdo - Mouna Izddine
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