Chirac pour une loi interdisant les signes religieux "ostensibles"

17 décembre 2003 - 18h14 - France - Ecrit par :

Le président Jacques Chirac s’est prononcé mercredi en faveur d’une loi interdisant les signes religieux "ostensibles" dans les écoles et a refusé l’instauration de deux jours fériés juif et musulman dans le calendrier scolaire.Le chef de l’Etat, réaffirmant avec force "la neutralité et la laïcité du service public", a aussi préconisé une loi empêchant qu’un patient puisse refuser "de se faire soigner par un médecin de l’autre sexe" à l’hôpital public.

Il a également annoncé la création d’un "Observatoire de la laïcité" et a affirmé que l’autorité indépendante chargée de lutter contre toutes les formes de discrimination serait mise sur pied au début de 2004. "L’école publique restera laïque" et "pour cela une loi est nécessaire", a déclaré Jacques Chirac dans un discours solennel d’un peu plus de 30 minutes à l’Elysée devant quelque 400 personnes représentant les partis, syndicats, associations et autorités religieuses dont beaucoup s’étaient déclarés hostiles à une loi contre le voile.

Le président Chirac a indiqué qu’il souhaitait que cette loi "soit pleinement mise en oeuvre dès la rentrée prochaine" en septembre 2004. "En conscience, j’estime que le port de tenues ou de signes qui manifestent ostensiblement l’appartenance religieuse doit être proscrit dans les écoles, les collèges et les lycées publics", a-t-il dit. Faisant sienne les propositions de la commission Stasi sur la laïcité, Jacques Chirac a affirmé que "les signes discrets, par exemple une croix, une étoile de David, ou une main de Fatima, resteront naturellement possibles".

"En revanche, a-t-il dit, les signes ostensibles, c’est-à-dire ceux dont le port conduit à se faire remarquer et reconnaître immédiatement à travers son appartenance religieuse, ne seront pas admis". "Le voile islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la Kippa ou une croix de dimension manifestement excessive n’ont pas leur place dans les enceintes des écoles publiques". Il a demandé au gouvernement de poursuivre le dialogue, notamment avec les autorités religieuses, avant toute décision. En revanche, le président de la République s’est prononcé clairement contre l’introduction dans le calendrier scolaire de deux jours fériés supplémentaires pour les fêtes religieuses juive de Kippour et musulmane de l’Aïd-El-Kebir, préconisé par la commission Stasi. "Je ne crois pas qu’il faille ajouter de nouveaux jours fériés au calendrier scolaire, qui en compte déjà beaucoup", a-t-il dit. Mais il a demandé "qu’aucun élève n’ait à s’excuser d’une absence justifiée par une grande fête religieuse comme celle de Kippour ou de l’Aïd-El-Kebir, à condition que l’établissement en ait été préalablement informé". Il a affirmé que "des instructions" seront données aux recteurs pour que des épreuves importantes ou des examens ne soient pas organisés ces jours là.

AFP

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