Le projet est quasiment mature depuis 5 mois. Presque tous les paramètres de faisabilité ont été ficelés : grille des programmes, locaux, formation...
Le principal obstacle, celui du financement, a aussi été dépassé. Une enveloppe de 150 millions de DH sera versée à la chaîne. Il est possible que « son montant soit augmenté », précise Mohammed Sallou, chercheur à l’Ircam et membre de la commission mixte.
Le volet financement a pourtant piétiné. La première option, appuyée par le ministère des Finances, a recommandé le recours au fonds audiovisuel. Mais ses recettes sont aléatoires. Pourtant, le financement d’une chaîne exige un budget « stable et durable ». Finalement, les 150 millions de DH émaneront du budget général du gouvernement. Une sorte d’« accréditation » politique à un projet audiovisuel électoralement porteur. Il ne faut pas seulement des fonds pour créer une chaîne. La définition d’une ligne éditoriale est incontournable. Elle s’est inspirée entre autres du « discours royal d’Ajdir, du dahir portant création de l’Ircam... », précise Mohammed Sallou. L’allocution royale du 17 octobre 2001 prononcée à Khenifra a mis l’accent sur une « reconnaissance intégrale de notre histoire ». Elle a évacué par la même occasion toute récupération politique de la berbérité du Maroc.
La langue a souvent été un cheval de bataille. Lorsque le Mouvement populaire revendique l’amazighité, le Parti de l’Istiqlal défend lui l’arabité. Tous les combats sont légitimes à condition que les intentions soient nobles. Du côté de l’IRCAM on insiste sur la notion de représentativité culturelle et l’apolitisme de la future chaîne. La Haca a d’ailleurs planché en septembre dernier, sur son avenant. Il sera intégré au cahier de charges de la SNRT. Car la TV Amazigh va intégrer son bouquet composé d’Al Oula et de 2M notamment.
« 70% de la programmation sera exclusivement en berbère », affirme Sallou, membre de la commission mixte. Un sous-titrage en arabe classique est prévu. Et les téléspectateurs francophones, hispanophones...? Aucune visibilité pour l’instant.
Au démarrage, une « diffusion quotidienne de 6 heures est programmée. Elle sera progressivement étendue », assure Karim Taj. C’est qu’il faudra d’abord constituer un stock d’émissions. « Un délai d’un an devrait être accordé aux maisons de production », affirme Fawsi Al Houssine. Sa société, Fawzi Vision, a produit le premier film amazighe « Imourane ». Son réalisateur Abdellah Dari a d’ailleurs été primé au festival du Caire.
La disponibilité et la qualité du contenu sont la prochaine étape... à dépasser. Sinon, attention au flop.
L’Economiste - Faiçal Faquihi