« L’urbanisme est une question complexe », selon les termes de Julien Martel, de la communauté urbaine du Grand Lyon. « Les mêmes problématiques qui se posent à la ville de Casablanca se posent également à la ville de Lyon, mais dans des contextes législatif et d’environnement différents », a-t-il ajouté.
C’est le cas de la question de la mixité sociale qui se pose avec acuité afin d’éviter les ghettos et, partant, l’antagonisme social. Pour régler ce problème, l’expérience lyonnaise a usé de l’arme juridique : la loi impose 20% du logement social dans les quartiers favorisés. Si les collectivités locales refusent d’obtempérer, l’Etat intervient pour les y forcer.
Casablanca, dans les temps qui courrent, cherche à étendre davantage son périmètre urbain. Et les professionnel dont l’acte d’invertir est lié à l’urbanisme (promoteurs immobiliers, architectes...) ne cessent de réclamer l’ouverture d’autres zones à l’urbanisation. L’Agence urbaine est claire : il ne faut pas répéter les erreurs du passé, celles commises sous l’empire de l’ancien SDAU. En fait, des quartiers entiers d’habitation sont dépourvus d’équipements de base, en l’occurrence l’assainissement, les voieries, les écoles, les hôpitaux, les espaces verts et les lieux de loisirs. Certes, c’est une solution que d’urbaniser davantage, mais à condition de mettre parallèlement en place les infrastructures nécessaires.
Processus de reconquête
Cette solution que préconisent les professionnels nationaux l’a déjà été à Lyon dans le passé. Actuellement, cette ville est en train d’appeler à un mouvement inverse : éviter l’étalement urbain au détriment des terrains agricoles et des espaces naturels. Est-ce un regret d’avoir étaler ? En tout cas, « c’est un processus de reconquête des terrains de la ville qui s’est enclenché », selon Julien Martel.
Autres secteurs étroitement liés à la question urbanistique : le tourisme et la culture. Selon Amine Alami du CFG Groupe, « l’urbanisme, le tourisme et la culture constituent le triptyque du développement ». En misant sur la politique des grands travaux, la politique d’urbanisme dopera le potentiel touristique de la ville. Et Alami de donner l’exemple de la Turquie et de l’Espagne « qui ont réussi leur décollage économique grâce, uniquement, au tourisme, car ce dernier secteur a des effets transversaux puissants », dit-il.
S’inspirer donc de ces modèles revient à doter Casablanca de projets d’aménagement intégrés : « les 12 travaux d’Hercule » selon l’expression de Alami. Réhabiliter le parc de la Ligue arabe et de l’ancienne médina, intégrer le port à la ville, percer l’Avenu royale... un programme qui coûtera 20 milliards de DH dont le tiers est assumé par le public et les deux tiers par le privé. Les autorités de la ville prévoient de signer un Plan de développement régional du tourisme (PDRT), fin mai. La question du financement reste déterminante et l’Etat doit apporter son soutien à une ville de dimension nationale.
Ali Jafry - L’Economiste
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