Tanger, la ville du Détroit a détourné vers elle, depuis plusieurs semaines, les lumières des caméras du monde entier pour couvrir le grand événement de la candidature de cette ville à l’Expo 2012 avant le vote final, le 26 novembre 2007 à Paris, en concurrence avec les candidatures des villes Yeosu, en Corée du Sud, et Wroclaw, en Pologne.
Le Maroc, première candidature africaine et arabe à l’organisation de cette exposition internationale, donne un supplément de sens à ce rendez-vous qui serait ainsi vraiment universel. Il est temps que l’Afrique et le monde en développement puissent, enfin, avoir l’occasion d’abriter un événement d’envergure internationale et de signifier ainsi leur implication dans le rapprochement entre les cultures et les civilisations.
Le thème de cette candidature, “Routes du monde, rencontres de cultures pour un monde plus uni”, c’est avant tout un moyen d’aide au développement et au renforcement du dialogue et de solidarité entre le sud et le nord, l’est et l’ouest. Le site géographique de la ville du Détroit, traduit bien cette thématique.
Tanger, ville antique à la confluence des cultures et des civilisations méditerranéennes. Tanger est un symbole de la rencontre. La rencontre de la Méditerranée et de l’Atlantique de l’Afrique et de l’Europe. La croisée des civilisations.
Civilisations antiques : autochtones berbères, phéniciens, carthaginois, romains, arabes et wisigoth, ont façonné l’ histoire de cette cité ouverte sur le monde. Une histoire riche et multiple. En atteste son important héritage culturel et architectural conférant à cette ville un cachet particulier. Un cachet qui a inspiré écrivains, peintres et musiciens : Matisse, Delacroix, Servantes, Paul Bowles, Choukri et j’en passe. « C’est une ville qui vous prend et vous n’en saurez pas toujours la raison précise », disait d’elle Le prix Goncourt, Tahar Benjelloun. En 711, Tarik Ibn Zyad un berbère Tangérois et ses hommes sont partis de cette cité à la conquête de la péninsule ibérique pour fonder l’Andalousie médiévale, foyer d’une des plus grandes civilisations du monde antique et moderne ou cohabitaient dans une tolérance, Arabes, Berbères, Chrétiens, et Juifs. Tanger, berceau de cette extraordinaire conquête qui reste dans l’histoire humanitaire, une formidable épopée qui a façonné l’Espagne, l’occident, et l’orient. Ibnou Batouta, pour répondre aux besoins de cette déferlante, les autorités de la ville ont entrepris de mettre à niveau les infrastructures : la ville est dotée d’un réseau de transport en commun efficace et moderne.
Reliée au reste du Maroc par un performant réseau autoroutier, ferroviaire et aérien, selon un site officiel dédié à l’évènement, la ville attire de nombreux investisseurs qui installent autour de la ville des industries de pointe, dont la production est principalement destinée à l’exportation. On peut également lire que les grands opérateurs touristiques mondiaux y construisent d’imposants et luxueux complexes touristiques qui transforment la ville en une des principales destinations du tourisme balnéaire haut de gamme en méditerranée. Des voies périphériques et des parkings sont édifiés pour désengorger le centre-ville.
Le patrimoine historique et architectural de la ville est rénové et mis en valeur le BlE « Bureau International des Expositions » aurait été mieux inspiré et plus novateur à opter, une fois n’est pas coutume, pour l’Afrique. C’eût été non seulement rendre justice au continent africain, mais rénover en termes d’intégration mondiale.
La ville de Yeosu traduit, qu’on le veuille ou non, une manière de complaisance parce que l’Asie a déjà eu, par plus de dix fois, le privilège d’abriter l’Exposition internationale. Comme si une volonté sourde et aveugle s’efforçait à maintenir l’Afrique dans un splendide isolement, à lui dresser les obstacles factices pour accéder d’une part à la reconnaissance mondiale et, d’autre part, à retrouver le chemin de la renaissance. Comme si, non contents encore et encore de faire la part belle au continent asiatique, les mêmes tireurs de cartes limitaient l’horizon du monde à ce seul continent et qu’ils eurent décidé d’un trait de main de cadenasser l’Afrique dans son statut de « continent maudit » et de la reléguer au rang de paria ! Car, c’est bel et bien de cela qu’il s’agit.
La vision ne semble pas changer : l’Afrique resterait à leurs yeux et à ceux de beaucoup d’ethnocentristes le continent des maux aggravés, l’espace où la fatalité frappe de tout son poids, bref tout ce qui s’apparente à l’irrationalité, face à l’Asie émergente jaugée et jugée à l’aune du PIB, des mythes d’empires et de faux « dragons ». Pour la énième fois, l’Asie obtient d’organiser l’Exposition internationale de 2012.
Et de nouveau, comme on l’a dit, l’Afrique est exclue d’emblée. Car le Maroc, terre d’Afrique et de cohabitation, où le génie humain ne le cède ni en innovation, ni en créativité et en richesse patrimoniale, a présenté le meilleur dossier, se prévaut à juste titre d’une proximité historique et géographique avec le centre du monde, incarne le modèle d’humanisme et de modernité.
El Hamdouni A. - Président UOEMCI
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