« Dans mon pays, je vois du noir. Tout est noir », raconte à InfoMigrants Ayoub, jeune Marocain arrivé en France avec le rêve d’étudier et d’y vivre. De Briançon à Paris, il a rencontré de merveilleuses personnes qui lui ont tendu la main mais aussi des difficultés. « Pendant environ un mois, j’ai vécu dans un refuge, avant d’être hébergé dans la maison Chez Marcel (maison à l’abandon, rénovée pour un collectif pour notamment accueillir les migrants ayant traversé les Alpes) », se souvient-il. À Briançon, il était un cuisinier et réparateur de vélos. « Je travaillais parfois, mais pas pour l’argent ».
À lire : Hassan Bouadar : le parcours exceptionnel d’un jeune Marocain
Avec l’aide d’un jeune bénévole de la région, il obtient un billet de bus pour Paris. À son arrivée, il est hébergé temporairement par un ami parisien rencontré à Briançon. Il s’inscrit à l’université et trouve une première chambre en location. « C’est difficile à décrire avec des mots. J’ai quitté l’université au Maroc. J’étais un migrant qui est parti, et maintenant je suis à l’université en France. C’est un sentiment tellement incroyable », se réjouit Ayoub. Sans emploi, un ami et ses parents l’aident à payer ses premiers mois de loyers. Par la suite, il trouve du travail sur un marché. Sa tâche consistait à décharger et à vendre des marchandises à raison de deux jours par semaine. Il recevait 50 euros pour une journée entière de douze heures.
À lire : Le parcours d’Ayoub, prêt à tout pour atteindre l’Espagne
Chercher régulièrement de nouveaux logements à Paris est l’une de ses difficultés. L’un de ses professeurs d’université l’accompagne dans ce sens. Il lui trouve une chambre gratuite pendant deux mois. Il recevait gratuitement de la nourriture dans le service de restauration de la faculté, et des vêtements, des chaussures de la part des associations. En janvier, une forte douleur au ventre l’empêche de poursuivre normalement ses études. « J’avais régulièrement des douleurs depuis environ un an, mais je n’y faisais pas attention. La douleur finissait par disparaître. Mais ce jour-là, alors que j’avais un cours de français, j’ai eu tellement mal que je n’arrivais plus à me lever. » Admis à l’hôpital, il a été opéré d’une appendicite aiguë.
À lire : Vidéo. Le parcours émouvant de la Marocaine Zahira Badi
Ne pouvant plus vivre dans son appartement situé au sixième étage et sans ascenseur, Ayoub réussit à se faire héberger par un couple. « Je suis arrivé chez Giovanna et Sergio. Ils ont été très gentils. Ils ont fait beaucoup de choses pour moi. Ils m’ont offert un hébergement, ils m’ont donné à manger, ils m’ont donné de l’amour, ils m’ont tout donné. » Le couple l’a aussi aidé pour ses démarches administratives. Début juin, Ayoub se fait agresser par deux personnes pour une simple cigarette alors qu’il attend un bus. Il a dû subir une opération. Les hauts et les bas ne sapent pas pour autant le moral du jeune étudiant marocain. Il compte terminer ses études à Paris, suivre une formation dans l’hôtellerie et concrétiser son rêve, celui de travailler comme chef cuisinier et d’ouvrir peut-être un jour son propre restaurant de spécialités marocaines. Et il peut compter sur le soutien de Giovanna et de Sergio. Ces derniers l’aident à franchir quelques obstacles administratifs pour rejoindre une école à la rentrée et avoir un statut légal.