Est-ce la conséquence de l’officialisation de la séparation d’avec Axa ? Le titre ONA a été très secoué hier à la Bourse de Casablanca. En fait, cette séparation était prévue de longue date, depuis la fusion BCM avec le groupe Wafa, il y a trois ans.
D’ailleurs, la séparation ONA-Axa avait été annoncée par les deux parties, Saâd Bendidi pour l’ONA, Daniel Antunes pour Axa-Maroc et Henri de Castries pour Axa-international, dans nos colonnes. Il ne restait plus qu’à la négocier puis à l’officialiser par un communiqué commun, ce qui a été fait hier lundi 18 décembre 2006. Les deux groupes ont même prévu deux personnes, Fakhita Drissi pour l’ONA et Narjisse Laraqui pour Axa-Maroc, toutes deux chargées de répondre aux questions du public. Une première en matière de transparence. Axa assurance Maroc a réalisé en 2005 un CA de 2,2 milliards de DH avec un portefeuille client de 410.000 assurés. Elle est la deuxième compagnie de marché.
La sortie du groupe marocain lui rapporte la coquette somme de 2,86 milliards de DH puisque la valorisation d’Axa s’est faite sur 5,904 milliards de DH. « Axa avait pour objectif de récupérer sa filiale marocaine à 100% », indique Christophe Dufroux, responsable de presse du groupe à Paris. Mais les relations commerciales, via le courtier Agma Lahlou-Tazi, seront maintenues, indiquent les deux ex-partenaires. En fait, les deux entreprises devaient se séparer après que le groupe ONA se soit retrouvé, il y a trois ans, à la tête de deux compagnies d’assurances, toutes deux de premier plan. C’est la fusion-absorption, par la BCM, du groupe Wafa qui est à l’origine de ce « doublon ». Les deux groupes, qui pourtant ont chacun « du caractère », ont géré avec patience cette situation nouvelle, porteuse de conflits. L’ONA n’était qu’à 49% dans Axa assurance Maroc, laissant donc au groupe français, le management de la compagnie d’assurances.
L’inéluctabilité d’une décision forte sur Axa Maroc donnait à penser à certains observateurs qu’Axa ne resterait pas au Maroc. Elle aurait cédé sa filiale à l’ONA, qui alors l’aurait fusionnée avec Wafa. Les dénégations de cette filiale comme celle de la maison mère laissaient ces observateurs dubitatifs. Mais ils ont eu tort de douter : Axa est engagée au Maroc et n’a pas l’intention de se retirer, puisqu’elle remet près de 3 milliards de DH pour prendre le contrôle complet d’Axa assurance Maroc, laquelle est, rappelons-le, issue d’un ancien rapprochement entre la Compagnie africaine d’assurance (CAA) et Al Amane.
D’un point de vue plus général, la recomposition du paysage marocain de la banque comme celui de l’assurance vient donc de franchir un très grand pas, car ce sont de grandes entités qui sont concernées : le deuxième groupe bancaire (derrière le groupe de la Banque Populaire), la deuxième et la troisième des compagnies d’assurances exerçant au Maroc. Si RMA Watanya a l’esprit de compétition, alors elle doit être satisfaite de la séparation : une autre solution l’aurait reléguée au deuxième rang.
L’Economiste - B. T.
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