Atiq Awtar, un Marocain coincé depuis 3 mois à l’aéroport de Doha

Alors qu’il a quitté le Maroc pour rallier le Kenya, Atiq Awtar est coincé depuis mars, dans une zone de transit à l’aéroport de Doha, en raison de la crise sanitaire du coronavirus.

Sans visa pour le Qatar, Atiq Awtar, jeune Marocain, est bloqué à l’aéroport de Doha, depuis l’avènement du coronavirus en mars dernier, rapporte Telquel. Le 24 février, il avait pris un vol depuis l’aéroport Mohammed V, avec un ticket daté du 16 mars en poche.

Ingénieur de profession, il se rendait au Kenya pour une mission de contrôle des travaux d’installation de machines dans une société de production de boissons gazeuses. Malheureusement pour lui, c’est à cette même date qu’entrait en vigueur l’état d’urgence sanitaire au Maroc. Face à ce cas de force majeure, il prit alors la décision de changer de destination et de joindre Istanbul le 1er avril. Manque de pot pour lui, une deuxième fois. Les autorités kenyanes avaient décidé de fermer les frontières le 24 mars, invitant toute personne désireuse de sortir du pays avant cette date, à prendre ses dispositions.

C’est ainsi que Atiq Atwtar s’est retrouvé parmi les passagers du dernier vol à quitter Nairobi, à destination de Casablanca, avec des escales à Doha et Istanbul. Mais une fois encore, les choses ne se passent pas comme prévu. Le jour de son arrivée à Istanbul coïncidait avec la fermeture des frontières aériennes turques. "Les autorités turques ont confisqué mon passeport et ceux de tous les passagers arabes… Seuls les Européens pouvaient quitter le territoire", dénonce-t-il.

Après une nuit passée à l’aéroport d’Istanbul, il sera renvoyé vers Doha, sans visa pour entrer sur le territoire qatari. Une dizaine de voyageurs se trouvaient dans la même situation que lui. Après quelques jours, ces deniers ont pu successivement quitter la zone de transit. Atiq Awtar s’y retrouve donc seul, sans espoir, jusqu’au 13 avril, où via un coup de fil, Qatar Airways lui annonce une bonne nouvelle : il pourra embarquer sur le vol réservé aux citoyens qatari bloqués au Maroc. Sa joie aura été de courte durée, puisque Qatar Airways le rappelle quelques instants après pour l’informer que le Maroc n’était pas disposé à l’accueillir, vu la situation sanitaire dans le royaume.

Toujours sans solution, Qatar Airways lui propose alors un vol pour le Cambodge où les citoyens marocains peuvent facilement obtenir un visa, ou de contacter l’ambassade du Maroc à Doha en vue de son rapatriement au Maroc via un pays européen.

Pour l’ambassade, la présence du Marocain sur le sol qatari, sans visa, serait illégale et empêcherait toute action. Atiq Awtar s’installa donc dans l’un des hôtels de la zone de transit de l’aéroport de Doha, tous frais pris en charge par son employeur, une compagnie italienne. "Mes frais d’hébergement ont dépassé les 29 000 euros. Mes supérieurs hiérarchiques ne comprennent pas la négligence de l’État marocain vis-à-vis de ses ressortissants bloqués à l’étranger…", déclare-t-il.

Cela fait déjà trois mois que Atiq Awtar est confiné dans sa chambre, avec des conditions de restauration difficiles. "Si je pouvais sortir, je me serais moi-même pris en charge… Pendant le mois de ramadan, tous les magasins de l’aéroport étaient fermés. Je me nourrissais exclusivement d’eau et de chocolat", raconte-t-il.

La compagnie italienne qui l’emploie, craint que la situation s’éternise. Elle a essayé en vain d’affréter un avion privé pour le rapatrier au Maroc.