"Considérant que si l’art n’est pas étroitement lié à des questions humanitaires et de justice, il n’a pas de valeur, j’annule ma participation à votre exposition", a écrit le photographe palestinien, Mohamed Badarne à la fondation d’art de Charjah, l’un des sept émirats de la Fédération. Tout comme lui, ils sont nombreux ces artistes arabes qui ont boycotté des prix et des événements culturels soutenus par les Émirats suite à l’annonce de la normalisation des relations avec Israël, le 13 août.
La romancière marocaine Zohra Ramij en lice avec son roman La salle d’attente pour plusieurs récompenses littéraires notamment le prix cheikh Zayed du nom de l’ancien président émirati a annulé sa participation "en solidarité avec le peuple palestinien". Son compatriote, le poète Mohammed Bennis, lui, a décidé de ne plus prendre une part active à l’organisation du prix. "Ce serait pécher que d’obtenir un prix" émirati, estime l’auteur palestinien Ahmed Abou Salim. Celui-ci s’est retiré de la compétition pour le Prix international de la fiction arabe (IPAF). "Je suis un intellectuel partisan de la cause palestinienne, quel qu’en soit le prix à payer", a-t-il déclaré à l’AFP.
Ce prix est soutenu par la fondation du Booker Prize à Londres et est financé par l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abou Dhabi. Dans une correspondance, des anciens lauréats et membres du jury ont appelé les responsables de l’IPAF à tourner dos aux financements émiratis.
Aux yeux d’Omar Barghouti, un des responsables palestiniens du mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions), ces boycotts sont "une réponse naturelle et patriotique des intellectuels arabes". Et de prévenir : ceux qui pensent pouvoir tirer profit de l’accord israélo-émirati "verront leurs entreprises (…) boycottées".