Le coronavirus, c’est le KO final : sans aide, sans soutien, notre métier va disparaître", se désole Youssef Rghalmi, un potier de 49 ans. Même son de cloche chez Mohamed Touel, maître artisan de guebs - plâtre sculpté utilisé pour la décoration, rapporte l’AFP. "On avait déjà du mal à survivre parce que les modes de vie ont changé, les métiers traditionnels se perdent parce que les jeunes ne veulent pas prendre la relève et là c’est le coup de grâce", renchérit-il.
Avec le confinement obligatoire, plus de touristes étrangers chez les artisans. La clientèle locale, quant à elle, "a d’autres priorités que d’acheter des tapis", déplore Ahmed Driouch dans son grand magasin encombré de lampes en cuivre, céramiques, poignards, bijoux, coffres en marqueterie et tapis. "Touché à 200% par l’impact du virus", ce commerçant confie qu’il lui faudra "au moins deux ou trois ans pour retrouver une activité normale".
La trentaine de femmes qui tissent des tapis pour la petite coopérative de "La femme créatrice" de Salé se retrouvent dans la même galère. Elles travaillent huit heures par jour pour moins de cent euros par mois "quand les tapis se vendent" et elles "n’ont plus rien, car il n’y a pas eu une seule vente en trois mois", explique Rachida Nabati.
"Il faudrait vendre sur internet, mais on ne sait pas faire", regrette cette mère de famille qui a appris seule à lire et à écrire. "Une plateforme numérique a été lancée pour les artisans il y a quelques années, mais ça ne marche pas", fait savoir le maître plâtrier Mohamed Touel.