
Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.
Calendes grecques. L’accord de libre-échange conclu entre le Maroc et les Etats-Unis (qui devait, après moultes pérégrinations, entrer en vigueur le 1er juillet 2005) prend encore du retard. Il est reporté au 1er janvier 2006, si tout va bien. Comprenez, si l’harmonisation législative au Maroc se fait dans les temps.
C’est-à-dire à la prochaine rentrée parlementaire parce que pour celle-là, le timing est trop short (trop court). Et le retard incombe au Maroc. Le plus gros obstacle à l’aboutissement de cet ALE est que le Royaume n’a pas encore adopté toutes les lois qui lui permettraient de se mettre en conformité avec les engagements pris lors de la conclusion de l’accord en mars 2004. Surtout au niveau de la propriété intellectuelle et de la santé.
Si le passage de l’accord en Conseil des ministres a pris beaucoup de temps , espérons que la suite du processus de ratification (les deux chambres) n’en consomme pas autant. De son côté, le gouvernement marocain assure que si retard il y a, il n’est pas dû à un blocage. Selon un responsable proche du dossier, « c’est la complexité de l’accord qui est « chronovore ». En fait, au fur et à mesure, la partie marocaine a découvert les méandres de l’ALE. Un préalable à son entrée en vigueur, la formation des administrations concernées, notamment la Douane.
Les règles d’origine, ou encore le système du premier venu, premier servi (il n’y a pas de répartition des contingents comme dans l’accord d’association avec l’Union européenne) ne sont pas encore totalement maîtrisés. Il faut que les troupes marocaines soient rompues aux systèmes américains, et qu’une communication musclée destinée aux industriels soit mise en place. C’est la voix officielle.
De leur côté, les industriels ne peuvent s’empêcher de penser que le gouvernement marocain a été trop confiant, pensant que les Etats-Unis se contenteraient uniquement d’engagements formels. Eh bien, non. Les Américains ne l’entendent pas de cette oreille, ils veulent du concret. Pour que l’accord soit entériné, le président des Etats-Unis doit attester au Congrès que le Maroc est en parfaite conformité vis-à-vis de ses obligations. Totalement, tel que prévu par l’accord.
Impatience au niveau des industriels américains. Surtout que l’accord de libre-échange conclu avec l’Australie leur a filé sous le nez. Ils comptaient mordicus se rabattre sur celui passé avec le Royaume. Patience, patience. Sachant que les accords ne pourront être opérationnels qu’à partir du 1er jour du 3e mois après ratification par le Parlement, industriels marocains et américains ne peuvent rien d’autre que compter les jours qui passent. Sauf que les Marocains, qui tablaient sur les avantages et opportunités offerts par cet accord, ratent une occasion de diversifier leurs débouchés dans un marché mondial en proie à la tourmente asiatique.
Radia Lahlou - L’Economiste
Ces articles devraient vous intéresser :