Abdelkader Rachdi est né un jour de 1929 dans le quartier Legza de la médina de Rabat.. Dès sa tendre enfance, il a pu évoluer dans un environnement musical. D’abord dans sa famille, pour qui chaque fête religieuse devenait l’occasion et le prétexte d’inviter des groupes de Issaouas et Jilalas ou des ensembles de Madih. Puis plus tard dans le Café Laâlou qui ouvrait ses portes, chaque jeudi, aux meilleures troupes de musique andalouse.
Il se mettra ensuite à l’école des grands maîtres : tels Abdeslam Benyoussef, le cheikh Sbiya et le professeur Chottin à l’Institut Moulay Rachid de musique andalouse, dirigé par Moulay Omar El Ouali à Rabat. Il fut aussi l’un des élèves de Morsy Barakat, cet égyptien chargé par feu Mohammed V après l’indépendance d’encadrer des musiciens marocains et de leur apprendre les principes du modalisme et de la rythmique arabe.
Il devint membre de l’orchestre C’est dans un contexte de lutte anti-coloniale que le doyen des compositeurs marocains produira ses premières oeuvres : des chants patriotiques et des morceaux de musique instrumentale, qui ont depuis gagné une large notoriété nationale tels "Le printemps" et surtout "Danse de l’Atlas.
C’est à la demande expresse du dirigeant nationaliste Othmane Jorio, Abdelkader Rachdi composa justement "Danse de l’Atlas" en 1948, pour les enfants de la colonie de vacances de Ain Kharzouza,et l’interpréta au luth, accompagné de leurs voix, devant des leaders nationalistes tels Mehdi Ben Barka ou Abderrahim Bouabid.
Après avoir dirigé l’Orchestre régional de Tanger, Abdelkader Rachdi succéda à la tête l’Orchestre national de la RTM, au prince de nos chanteurs feu Ahmed El Bidaoui. Il y resta jusqu’à sa retraite. Le compositeur de "Ya Lailou Toul aou La Tatoul" a rationalisé et modernisé les méthodes de travail de cet orchestre national. Il confia ainsi à des musiciens spécialisés la transcription de ses partitions. Tout au long de sa carrière, il resta d’une intransigeance sans faille sur la qualité ; des interprétations et sur le choix des chansons à diffuser. Ce qui le conduisit à la tête du Comité de composition de la RTM.
S’étant imprégné, dès sa tendre enfance,des rythmiques du chant soufi, la chanson religieuse fut tout naturellement le terrain de prédilection de Abdelkader Rachdi. On peut donc dire sans risque de se tromper qu’il fut le maître incontesté de ce genre musical C’est lui le compositeur de ces chansons qu’on écoute à chaque fête ou occasion religieuse. Telles "Ya Mohamed Ya Chfiîna Lhadi", "Al Mathal Al Aâli" ou "Lmadad Lmadad Ya Rassoul Allah" chantées par Ismail Ahmed ; "Ya Akrama Al Khalk" de Maâti Benkacem"Men Diy Bhak" de feu Mohamed Al Hayani ; "Ya Katiîne Lejbal" de Abdelhadi Belkhayat et bien d’autres encore. Le succés de ces chansons tient aussi bien à leur musique qu’à leurs paroles écrites par des poétes aussi talentueux que Ahmed Taieb Elalj, feu Mohamed Belhoucine, Ali Haddani ou Tahar Sebata. La composition de la musique de ces chansons fut pour moi un émerveillement des sens, une joie mystique et un bonheur incomparable", confie l’auteur de "Men Diy Bhak".
Abdelkader Rachdi est aussi le compositeur de nombreuses chansons romantiques pour Naima Samih, Samira Bensaid, Aziza Jalal La nouvelle génération de compositeurs marocains, tels Abdelwahab Doukkali Abdelâti Amanna, Abdellah Issami... ont tiré avantage de l’acquis de la démarche musicale, typiquement marocaine et en même temps foncièrement moderne de Abdelkader Rachdi Le doyen des compositeurs marocains insiste sur la nécessité vitale de sauvegarder et d’étudier notre patrimoine musical dans nos conservatoires. Et d’encourager la recherche dans ce domaine.
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